Ecomobilité, un enjeu climatique et de santé publique
Se déplacer de manière douce et durable
Parfois encore perçue comme un truc de bobos, l’écomobilité est, de loin, le premier levier en ville, de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, nuisibles au climat et à la santé humaine.

Contenu
Définition de l’écomobilité
L’écomobilité ou mobilité durable est la politique de gestion et d’aménagement du territoire, ayant pour but de favoriser une mobilité plus respectueuse de l’environnement et du cadre de vie.
L’écomobiltié englobe les mesures de réduction de l’usage de la voiture individuelle en ville, la politique des transports en commun, l’incitation au recours à la mobilité douce par le développement des infrastructures correspondantes et la sensibilisation des populations.
Ecomobilité et réchauffement climatique
Les émissions de gaz à effet de serre sont les premières responsables du réchauffement climatique. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les transports sont le deuxième contributeur d’émissions de gaz à effet de serre au monde (14 gigatonnes de CO2 par an), derrière la production d’énergie et d’électricité.
Sur la route
La voiture individuelle, le camion et le bus représentent les deux tiers (74%) des émissions de gaz à effet de serre émis par les transports, loin devant l’avion (12%) et le bateau (11%). Au total, la route émet 5,85 gigatonnes de CO2 par an, avec une augmentation de 77% entre 1990 et 2015.
En France, le chauffage et la production d’électricité reposent principalement sur l’énergie nucléaire. La combustion d’énergie fossile concerne donc principalement les transports : 38%, en augmentation malgré les efforts des constructeurs automobiles et les normes sur les carburants, au regard du nombre de véhicules en circulation (+ 40% entre 1990 et 2017).
En France, les transports routiers sont la première cause d’émission de gaz à effet de serre. La preuve en 2020, par le confinement lié à la pandémie : 43% d’émissions de gaz à effet de serre en moins.
Ecomobilité et trajets en ville
Le trajet moyen
Dans les grandes villes, la distance quotidienne parcourue est inférieure à dix kilomètres :
- 10,8 kms à Paris
- 8,8 kms à Marseille
- moins de 7 kms à Bordeaux, Toulouse et Nice
- environ 5 kms à Lyon et Strasbourg
Les trajets domicile-travail
Selon Insee (statistiques de 2021) “la voiture reste majoritaire pour les déplacements domicile-travail, même pour de courtes distances “, en 2017 :
- 74% des actifs prenaient leur voiture pour aller travailler,
- 16% les transports en commun
- et 8% un mode de transport doux (6% la marche et 2% le vélo).
Néanmoins, entre 2015 et 2020, le recours au vélo a progressé de 2 points en moyenne (6%) en centre-ville : à Strasbourg et Grenoble, 17% des trajets en centre-ville s’effectuent à vélo.
Les transports en commun
Les transports en commun sont spécifiques aux grand villes : en région parisienne, plus de 40% des actifs prennent un transport en commun pour aller travailler (métro, bus, tramway, RER, train).
En moyenne, le recours aux transports en commun est de 15% dans les villes de plus de 700 000 habitants, contre 3% dans celles de moins de 50 000 habitants : l’écomobilité en ville ou à la campagne ne recouvre pas la même réalité…

Ecomobilité et impact des trajets individuels
Dans son étude parue en avril 2021, la revue scientifique Transports Research a estimé les économies de CO2 susceptibles d’être réalisées selon le mode de transport choisi : une étude qui a impliqué 4 000 habitants de Londres, Anvers, Barcelone, Vienne, Örebro, Rome et Zurich.
Pendant deux ans, ces 4000 habitants ont tenu le journal de leurs trajets pour aller travailler, emmener les enfants à l’école, faire ses courses, etc. Au total, en ville, chaque habitant effectue plus de 10 000 trajets en deux ans.
Le levier sur émissions gaz à effet de serre
Le résultat est éloquent : les habitants se déplaçant à vélo réduisent de 84% leur empreinte carbone par rapport à ceux qui utilisent la voiture, ceux qui prennent les transports la réduisent de 71%.
Cette étude a non seulement tenu compte du trajet, mais du bilan carbone de la fabrication du mode de transport, de son entretien et alimentation (essence, électricité) : les émissions en gaz à effet de serre d’un vélo sont 30 fois inférieures à celles d’une voiture à carburant fossile, 10 fois inférieures à celles d’une voiture électrique.
Chaque jour où un habitant a choisi de circuler à vélo, il a réalisé une économie de CO2 de 3,2 kilos de dioxyde de carbone. Sur une année, le choix du vélo fait économiser une demi-tonne de CO2. L’écomobilité n’est donc pas un truc de bobos, le choix individuel de son mode de transport a un réel impact sur les émissions de gaz à effet de serre.

Ecomobilité et enjeu de santé publique
Dans les années 2000, période des pics de pollution récurrents dès le printemps, le corps médical a tiré la sonnette d’alarme sur les effets délétères de la pollution en ville sur la santé humaine : chez le jeune enfant, développement d’allergies, défaut de croissance pulmonaire, multiplication des cas d’asthme, développement de maladies auto-immunes (maladies inflammatoires du tube digestif, diabète) .
Chez l’adulte, la pollution atmosphérique engendre des pathologies cardio-vasculaires, des infections respiratoires, une multiplication des maladies auto-immunes (sarcoïdose, polyarthrite rhumatoïde, diabète), des cancers en particulier du poumon, des maladies neurodégénératives. On estime le nombre annuel de décès liés à la pollution à 60 000 par an.
L’écomobilité ne se résume donc pas à la trottinette qui a indûment roulé sur un trottoir, mais à toute une politique de la ville, dans laquelle les choix de chacun sont décisifs.
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