Bilan carbone, et le vôtre ?

Les gaz à effet de serre sont à l’origine du réchauffement climatique : mieux comprendre les enjeux

By Pascale

Bilan carbone

Avec la pandémie de Covid-19, l’une des rares bonnes nouvelles de l’économie mondiale mise à l’arrêt a été la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au fait, qu’est-ce qu’exactement un bilan carbone. Et comment faire le vôtre ?

Bilan carbone : définition

Le bilan carbone est la mesure quantitative des émissions de gaz à effet de serre d’un ensemble d’activités.

Bilan carbone : une marque de l’Ademe

Si le terme est passé dans le langage courant, il est, en réalité, une marque déposée : développé par l’Ademe (l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), l’outil qu’est le bilan carbone est désormais géré par l’Association Bilan Carbone.

Pourquoi faire un bilan carbone ?

Les gaz à effet de serre (la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone (CO2), le méthane, le protoxyde d’azote) sont indispensables à notre vie sur Terre : ils piègent la chaleur sans laquelle la température ambiante y serait de -18°C. En même temps, leur excès contribue au réchauffement climatique, qui la met en danger.

Ainsi entre les 20 000 dernières années et le siècle dernier, le réchauffement climatique de 5°C seulement a, par exemple, fait fondre des glaciersde la taille du Groenland au nord de l’Allemagne et ceux qui descendaient des Alpes jusqu’à Lyon.

Aujourd’hui, nous savons qu’un réchauffement climatique de plus de 2°C mettrait en péril l’équilibre planétaire (protocole de Kyoto). Or, les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique sont le principal facteur de ce réchauffement.

Bilan carbone, le pire des gaz à effet de serre

Bilan carbone et vapeur d’eau

En soi, la vapeur d’eau (nuages, etc) est, de loin, le premier gaz à effet de serre : 60% de l’ensemble des gaz à effet de serre. La vapeur d’eau absorbe facilement les radiations infrarouges de la Terre : un phénomène naturel, qui nous protège des – 18°C.

Sauf que la vapeur d’eau ne reste que quelques jours dans l’atmosphère.

Bilan carbone, CO2 et méthane

En revanche, les gaz à effet de serre liés aux activités humaines que sont le dioxyde de carbone (C02) et le méthane (CH4), respectivement le premier et la deuxième gaz à effet de serre d’origine anthropique, restent longtemps dans l’atmosphère : une centaine d’années pour le CO2, une douzaine d’années pour le méthane.

Si le méthane a un potentiel de réchauffement global (PRG) 25 fois supérieur au CO2, ce dernier, en quantité est le premier responsable du réchauffement climatique : sa concentration dans l’atmosphère est désormais de 112ppm. La dernière fois que la Terre avait connu une telle concentration date du Pliocène, époque où les arbres poussaient en Antarctique et où le niveau des mers était de vingt mètres plus haut.

Bilan carbone et équivalent CO2

Comment se calcule l’impact d’un gaz sur le réchauffement climatique ? La référence est la tonne d’équivalent CO2. Pour connaître l’impact d’un gaz à effet de serre, on multiplie sa quantité en tonnes par son PRG.

Ainsi le satellite canadien Iris de surveillance des émissions de gaz à effet de serre des entreprises, opérationnel depuis septembre 2020, a-t-il confirmé que la présence de méthane dans l’atmosphère avait cru de 150% depuis les débuts de la Révolution industrielle.

Ramené à un litre d’essence pour sa voiture, 1 litre d’essence pèse 750 grammes. L’essence étant composée à 87% de carbone, elle contient donc 652 g de CO2 par litre, qui ont besoin de 1740 g d’oxygène pour leur combustion. Résultat, 1 litre d’essence brûlé représente 652 + 1740, soit 2392 g de CO2 par litre.

Bilan carbone et Révolution industrielle

La logique est le résumé qu’en a fait Martin Siegert, professeur de géoscience à l’Imperial College de Londres : au Pliocène, les arbres, plantes et animaux ont enterré le C02. Depuis la Révolution industrielle, l’Homme s’est employé à le déterrer.

L'empreinte écologique
Prix mis à jour le 2-12-2023 à 2:46 AM.

Bilan carbone et activités humaines

Dans le monde

A l’échelle mondiale, les principales émissions de gaz à effet de serre sont liées à la production :

  • de chaleur et d’électricité (25%),
  • à l’agriculture, la foresterie et l’utilisation des sols (24%),
  • à l’industrie (21%),
  • aux transports (14%),
  • à la production d’autres énergies (10%),
  • au bâtiment (6%).

France et bilan carbone

En France, les émissions de C02 se répartissent entre le secteur de :

  • l’énergie (70 %),
  • l’agriculture (17 %),
  • les procédés industriels (9 %)
  • et les déchets (4 %).

En compensation, le secteur « UTCATF » (changement d’affectation des terres et foresterie) est un puits de carbone de −32 millions de tonnes équivalent CO2.

Chaque français, pour sa vie quotidienne, émet en moyenne 11,2 tonnes équivalent CO2, ce montant incluant les importations de CO2 (alimentation, vêtements, ordinateurs, etc), mais ne prenant pas en compte le transport aérien international.

Bilan carbone et réduction

Bilan carbone et les engagements de la France

Dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015 (celui dont les USA ont claqué la porte), la France s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à l’année 1990. Dans son dernier plan climat la France s’est fixé un objectif de neutralité carbone en 2050.

Bilan carbone et Covid-19

La pandémie du Covid-19 a mis l’économie mondiale à l’arrêt résultat, les émissions mondiales de CO2 ont diminué de 7,74 % au 1er semestre 2020 par rapport au 1er semestre 2019 (source, Carbon Monitor).

Mais cela n’est pas la solution, d’autant moins que le numérique n’est pas du tout exempt d’émissions de gaz à effet de serre : à commencer la le visionnage de vidéos en streaming, hautement émetteur de gaz à effet de serre.

Comment réaliser un bilan carbone ?

Revenons à notre bilan carbone, l’outil de gestion mis à disposition des entreprises, collectivités et des particuliers.

Bilan carbone : entreprises et collectivités, scope 1 2 3

Depuis la loi Grenelle II (juillet 2020), les entreprises de plus de 500 salariés, les établissements publics de plus de 250 salariés, les collectivités de plus de 50 000 habitants et l’État sont soumis à un Bilan GES Réglementaire tous les trois ans et incluant deux des trois niveaux prévus :

  • Le Scope 1 (total des émissions directes générées par les ressources de la structure utilisant les énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon, tourbe…)
  • le Scope 2 (total des émissions indirectes liées à l’achat ou à la production d’énergie électrique)
  • le Scope 3 n’étant pas obligatoire, mais recommandé (l’ensemble des autres émissions indirectes, en amont et en aval, de la logistique, du transport des marchandises et des personnes.)

Bilan carbone personnel : votre voiture

Vous avez une voiture ? Depuis le 1er janvier 2021, le malus écologique s’applique à tous les véhicules émettant plus de 131 grammes de CO2 au kilomètre, au lieu de 138. Un seuil qui sera abaissé à 123 grammes en 2022. Quant au plafond du malus écologique, il passe de 20 000 à 40 000 euros.

Une nouvelle taxe proportionnelle au poids des voitures sera envisagée dans le projet de loi qui mettra en œuvre les propositions de la Convention Citoyenne sur le Climat.

Au total, si vous achetez une voiture polluante qui n’a pas été immatriculée en France, vous vous acquittez d’une écotaxe avec la carte grise. Puis tous les véhicules sont assujettis au bonus/malus, selon leur degré de pollution.

Le bonus écologique, lui, est une prime à l’achat d’un véhicule neuf avec un taux d’émission de CO2 de 50 g/km au maximum (véhicule électrique ou hybride rechargeable).

Bilan carbone : agriculture et alimentation

La viande de bœuf et la culture du riz sont fortement émetteurs de méthane. Mais hormis les fameuses fraises et tomates en hiver, comment connaître le taux de CO2 qui a été nécessaire à la production et l’acheminement du produit que vous consommez ? Le CO2-score est l’une des 149 propositions la Convention citoyenne pour le climat remises au président de la République au mois de juin 2020.

Lorsque le CO2-score sera adopté, chaque aliment arborera une nouvelle étiquette, indiquant sa quantité de CO2 par gramme, qui aura été nécessaire à sa production, transport, emballage et type de conservation (surgelé ou non) compris.

Le tout sachant que la production d’un produit alimentaire représente en moyenne 70 % de ses émissions de CO2, son transport… entre 5 et 20 % seulement. Vaut-il mieux manger des tomates bretonnes poussées sous serre en hiver, au détriment des bananes guadeloupéennes ?

Les petits gestes du quotidien
Les petits gestes du quotidien

Bilan carbone : les bons petits gestes

Manger local, de saison, conduire de façon souple ou privilégier la marche à pieds et les modes de mobilité doux, se faire plaisir autrement qu’en achetant toutes les cinq minutes des vêtements à pas cher, nous savons tout cela.

Comment connaître son empreinte carbone ? Faire le calcul

Mais pour aller plus loin il est très intéressant de faire le diagnostic de ses propres émissions de CO2, en consultant les calculateurs d’émission de gaz à effet de serre clefs en mains, sur le site de l’Association Bilan Carbone et de plusieurs ONG (Goodplanet, par exemple).

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