Résilience : une longue route vers la reconstruction
De la capacité à surmonter les traumatismes
Le concept de résilience s’étend aujourd’hui à divers domaines de notre société, comme l’écologie ou l’agriculture. D’où provient ce terme ? Que signifie-t-il concrètement ? Apportons quelques éléments de réponse.

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Qu’est-ce que la résilience ?
Souvent évoqué en psychanalyse, le terme « résilience » est directement issu de l’anglais resilience, lui-même tiré du verbe latin resilio, signifiant littéralement « sauter en arrière ». La résilience se décrit donc communément comme la capacité à se relever, à rebondir après un traumatisme ou un choc.
Résilience en physique
Initialement, l’idée de résilience est directement empruntée aux lois de la physique. Elle définit plus précisément le degré d’aptitude d’un matériau à absorber l’énergie d’un choc en se déformant.
Résilience en psychologie – Boris Cyrulnik
Démocratisé par le neurologue et psychanalyste Boris Cyrulnik à la fin des années 1990, la résilience témoigne de « la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité ».
Mi-innée, mi-acquise, la capacité de résilience de l’humain reste particulièrement variable. Elle résulte en effet de processus psychologiques variés, eux-mêmes dépendants de la personnalité et du vécu de l’individu : événements traversés pendant l’enfance, vie affective stable, capacité de réflexion, libération de la parole…
Entamant une première phase de résistance, la personne résiliente enclenche progressivement des mécanismes d’adaptation. Elle parvient ainsi à se défaire de son schéma de pensée négatif pour se reconstruire de manière acceptable. Dans certains cas, cette confrontation à l’adversité peut même aller jusqu’à modifier positivement son fonctionnement psychologique et devenir une force : on parle alors de croissance post-traumatique.
Un simple oubli du passé, la résilience ? Malheureusement, non. Contrairement à un matériau plastique temporairement déformé suite à un impact, le résilient ne retrouvera jamais sa vie initiale. Il parviendra tout de même à poursuivre sa route… différemment.
Résilience alimentaire
Garantir la sécurité alimentaire de la population face à l’imprévisibilité des crises sociales, sanitaires ou environnementales : tel est l’objectif de la résilience alimentaire.
À l’heure où notre modèle agricole s’oppose globalement aux enjeux du développement durable (appauvrissement des sols, altération de la biodiversité, mécanisation intensive…) et dépend trop massivement de l’import-export, l’association Greniers d’Abondance présente 11 grands moyens d’action pour restaurer une agriculture pérenne et plus autonome dans notre territoire :
- augmenter la population agricole et encourager les fermes diversifiées ;
- maintenir les terres agricoles face à une urbanisation croissante ;
- développer une autonomie technique et énergétique des fermes en concevant et réparant les outils localement ;
- diversifier les variétés cultivées et encourager la sélection et le partage local des semences ;
- assurer une gestion adéquate des ressources en eau ;
- évoluer vers une agriculture nourricière contribuant à satisfaire les besoins nutritionnels des populations locales ;
- généraliser l’agroécologie pour concilier agriculture et biodiversité ;
- mettre en place des dispositifs locaux dédiés à la transformation et au stockage ;
- réduire les transports liés à l’alimentation (logistique, achat alimentaire…) ;
- privilégier une alimentation végétale ;
- réutiliser les nutriments exportés du champ comme substituts aux engrais chimiques.
Résilience écologique
De la même manière que les humains sont affectés par les aléas de la vie, les milieux naturels subissent eux aussi des perturbations diverses.
Certaines, comme les catastrophes naturelles, sont dites abiotiques : elles ne sont pas directement liées à une intervention du vivant. Rentrent dans cette catégorie les tempêtes, les inondations, les tremblements de terre ou encore les éruptions volcaniques. À l’inverse, d’autres dépendent entièrement de l’activité humaine, animale ou microbienne : il s’agit des facteurs biotiques. Les invasions parasitaires, la pêche, la chasse, l’agriculture ou la déforestation en font partie.
Quand la planète fait preuve de résilience
Face à ces changements, les organismes vivants touchés se réorganisent pour faire face : c’est le phénomène de résilience écologique. Parfois, une sélection naturelle s’opère, favorisant les espèces les plus résistantes. Certaines s’éteignent un temps en se plaçant en état de dormance, attendant des conditions plus favorables pour refaire surface : c’est notamment le cas de certains insectes ou végétaux. Instinctivement, les animaux peuvent être amenés à diminuer leur activité reproductive tant qu’un état d’équilibre ne sera pas restauré.
Il semblerait que les zones offrant une plus grande biodiversité soient plus à même de répondre à un stress traumatique. C’est en tout cas le résultat d’une étude menée par le chercheur américain David Thilman suite au sévère épisode de sécheresse de 1988 dans le Minnesota : seules les prairies abritant une large variété d’espèces ont été épargnées. Sans surprise, on constate aujourd’hui que les écosystèmes complexes, comme la forêt tropicale, sont ceux qui s’adaptent le mieux au réchauffement climatique.
Un point de non-retour
Si à l’heure actuelle, on tente de recréer des écosystèmes naturels dans des lieux en friche ou des zones industrielles – en replantant par exemple des espèces végétales endémiques – l’humain ne peut reconstruire innocemment tout ce qu’il a détruit. Bien que résiliente, la nature, comme chacun d’entre nous, possède très probablement son point de non-retour. Un seuil au-delà duquel toute régénération relève de l’impossible. D’où l’importance de ne pas lui porter le coup de grâce.
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