Ce formidable antioxydant vous fait vous retourner sur le passage d’une belle carrosserie. Et lorgner une paire de chaussures. Sauf que son usage industriel le dénature, et que son rejet dans l’environnement est gravement nuisible à la santé. Zoom sur le chrome !
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Le chrome, définition
Il fait briller les parechocs des belles cylindrées et sa présence dans les peintures leur donne un effet de miroir. De chroma, la couleur en grec, le chrome a été isolé en 1797 par le chimiste français Louis-Nicolas de Vauquelin, dans un minerai de plomb rouge de Sibérie.
Mais en Chine, des flèches et épées non corrodées du Mausolée de l’empereur Qin attestent qu’au IIIe siècle déjà, ce métal était connu pour ses propriétés anticorrosives.
Le chrome est un élément chimique de symbole Cr et de numéro atomique Z-24, il fait donc partie des métaux de transition (qui ont une forte densité, une température de fusion et vaporisation élevées).
Ce métal est présent dans la croûte terrestre essentiellement à l’état de traces et sous forme d’alliage avec un autre minéral. Presque les deux tiers des minerais à base de chromate se concentrent en Afrique du Sud (70%). Les autres grands pays producteurs étant le Kazakhstan, la Russie (20% pour ces deux pays).
Dans la nature, il se présente très majoritairement sous la forme de chrome trivalent (chrome III).
Le chrome, quelle utilisation pour ce métal ?
Il est à 90% utilisé par l’industrie sidérurgique : production d’aciers inoxydables, d’aciers spéciaux, d’alliages dont il renforce la dureté et la résistance à la corrosion.
Il est également employé dans l’industrie chimique comme catalyseur, dans le secteur du traitement de surfaces métalliques, dans l’industrie du bois, dans le tannage du cuir : aujourd’hui, 85% des peaux tannées pour les chaussures et la maroquinerie au monde, le sont avec des sels de chrome.
Côté agriculture, il est présent dans les engrais minéraux : les engrais phosphatés représentent 40% des rejets de ce métal dans les terres agricoles. Et ce métal entrant dans la composition des vitamines K1 et K3 données en complémentation alimentaire au bétail, leurs déjections représentent presque la moitié du chrome qui se retrouve dans ces sols.
Le chrome et l’organisme humain
Ce métal est présent en quantité infinitésimale dans l’organisme : il est indispensable à la régulation par l’insuline, du métabolisme du sucre. Une déficience en chrome III est susceptible d’engendre du diabète et/ou des problèmes cardio-vasculaires.
Le chrome présent dans l’organisme est du trivalent. Nous en ingérons par l’alimentation : bien des légumes, mais aussi les fruits, graines et levures en contiennent.
Les méthodes de stockage des aliments interfèrent dans sa concentration : c’est le cas de couvercles de boîtes de conserve.
Chrome III et VI
Sauf que si le chrome trivalent (III) est indispensable à l’organisme, le chrome hexavalent (chrome VI) est toxique pour l’être humain.
Le chrome III est celui à l’état naturel, celui de la croûte terrestre de notre organisme. Il est un « réducteur» (en chimie, le réducteur donne des électrons). Le chrome VI, principalement issu des rejets de l’activité anthropique, est un très puissant « oxydant » (il capte des électrons). Une oxydation nuisible aux cellules.
Le chrome VI se dépose principalement sur le foie, les reins et les poumons : il est classé cancérogène « certain » du poumon, et en lien avec les cancers nasaux et celui des sinus.

Le chrome VI et l’environnement
Les rejets industriels sont les grands responsables de la présence de chrome VI dans l’environnement : en premier lieu dans l’eau, via les stations d’épuration. Et dans les sols, via les épandages de boue et les engrais. Il peut également être présent dans l’atmosphère, à proximité des usines qui en utilisent, ou bien d’usines d’incinération d’ordures ménagères.
En France depuis 2008, les rejets de ce métal dans l’environnement sont réglementés (arrêté du 31 janvier 2008, modifié par arrêté du 26 décembre 2012
Le chrome VI est présent dans l’environnement via l’eau des stations et dans l’atmosphère par l’industrie et par l’agriculture ; 50 kg par an dans l’eau, 50 kg par an dans les sols et 100 kilos par an dans l’atmosphère, par installation industrielle.
Le chrome, les populations à risque
Les métiers de la métallurgie et de la tannerie représentent le risque d’exposition le plus important : par voie orale, en inhalant les poussières des procédés industriels. De même que les personnes habitant à proximité de ces installations. Néanmoins, cette contamination a été divisée par dix en dix ans.
Selon l’Anses, les principales sources de contamination de l’ensemble de la population sont l’alimentation (y compris les instruments de découpe industrielles de la viande et des volailles et les moules de stockage industriel) et l’eau de boisson, sachant que l’eau du robinet représenterait désormais moins de 1% de cette exposition.
Parmi les sources de forte exposition, il y a le tabac : un fumeur s’expose à une inhalation de ce métal quatre cents fois supérieur à la moyenne.
Pour en savoir davantage
La rédaction de Touvert.fr vous invite à consulter les articles suivants :
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