En Guyane, le piranha se mange grillé : ce gros poisson du fleuve Maroni a l’avantage d’être exempt de métaux lourds au royaume de l’exploitation aurifère. Chez nous où il ne fraie pas, le piranha nourrit surtout nos fantasmes.

Contenu
- 1 Piranha, le “poisson du diable”
- 2 Pygocentrus et Serrasalmus
- 3 Un poisson d’eau douce récent
- 4 Comment se nourrissent les piranha ?
- 5 Piranha, les espèces carnivores
- 6 Panique sur l’Europe ?
- 7 Piranha en aquarium, un animal de compagnie ?
- 8 Piranha, sa réputation de mangeur d’homme !
- 9 Tintin et l’oreille cassée
Piranha, le “poisson du diable”
Le terme “piranha” provient des langues amérindiennes Tupi-guarani parlées le long des grands fleuves de l’Amérique du sud (Amazone, l’argentin Rio Parana, l’Orénoque vénézuélien). Il signifie “poisson du diable” : une réputation de voracité de longue date.
Pygocentrus et Serrasalmus
De la vaste famille des poissons d’eau douce tropicaux que sont les Characidés (ainsi également du tétras), le piranha désigne lui-même 35 espèces différentes répondant au genres Pygocentrus (4 espèces, dont le piranha à ventre rouge), Serrasalmus (dont le piranha à ventre noir), ou encore Mylesinus.
Un poisson d’eau douce récent
Il y a environ 5 millions d’années, l’océan Atlantique a inondé la plaine amazonienne jusqu’à une altitude de 100 mètres, les poissons d’eau salée alors se substituant à ceux d’eau douce : seules ont survécu les espèces vivant au-delà de cette altitude, colonisant à leur tour le milieu lorsque l’océan, deux millions d’années plus tard, s’en est retiré. C’est le cas du piranha.
Comment se nourrissent les piranha ?
Ils sont essentiellement frugivores et phytophages.
La plupart des espèces de piranhas sont frugivores (mangeurs de fruits) ou phytophages (de végétaux) : leurs dents sont rondes et non pas pointues. Ce sont aussi les plus gros, pouvant peser jusqu’à six kilos.
Le Kumara
Ainsi du Kumaru du fleuve Maroni en Guyane, espèce pêchée pour la déguster en grillade. Le kumaru y est toujours pêché selon la méthode ancestrale de la “nivrée” : une liane empoisonneuse qu’est l’”hali ali” est réduite en fagots immergés dans l’eau. Elle libère de la roténone, une substance laiteuse toxique pour les poissons (également les insectes), mais pas pour l’homme.
Les piranhas, dont les poumons en sont imprégnés, sont récupérés en aval, affaiblis ou morts d’étouffement. Avantage alimentaire du kumaru sur les espèces carnivores locales : il n’est pas chargé en métaux lourds, ce qui est rarement le cas en Guyane.
Particularité digestive… l’intestin du kumaru contient de petits vers, qui l’aident à digérer. Il ne s’agit pas de parasites, pas de souci pour l’homme non plus.
Piranha, les espèces carnivores
Ce sont ceux qui font cavaler notre imagination, en raison de leurs dents triangulaires pointues, dans une mâchoire réputée trois fois plus puissante, en proportion, que celle d’un alligator !

Piranha noir ou aux yeux rouges
Le piranha noir (Serrasalmus Rhombeus) a l’œil qui passe du blanc au rouge au stade adulte, d’où son autre nom. Son appellation scientifique tient de sa forme en losange (en latin, “rhombeus”) et de l’excroissance en forme de quille sous sous ventre ou “serras”.
Ce poisson mesure en moyenne trois kilos, pour 40 à 50 cm de long. Carnivore, il se nourrit principalement de poissons, grenouilles, insectes et petits mammifères, les juvéniles se nourrissant en mordant les écailles et la queue de poissons plus grands.
Où se trouvent les piranhas ?
Ce poisson est présent au Venezuela, au Guyana et au Surinam, dans les affluents nord de l’Amazone. En Guyane, il l’est dans le fleuve Maroni, la Mana, l’Oyapock, l’Iracoubo et la Counamama. Il est absent des autres fleuves de l’Amérique latine.
Bien que timide et peu agressif, le piranha noir est réputé avoir mauvais caractère : en aquarium, il a tendance à dévorer ses congénères…
Piranha à ventre rouge, celui de nos fantasmes
Le piranha à ventre rouge (pygocentrus nattereri), doit son nom à la tache rouge sur le bas de son flanc. C’est lui, l’emblème de nos fantasmes, avec les mâchoires les plus puissantes du règne animal. De surcroît, il vit en bancs.
Piranha : danger en saison sèche
Au demeurant, ce poisson ne fait pas partie des grands prédateurs : il l’est de façon opportuniste. En saison sèche, lorsqu’il se retrouve enfermé dans une mare, il se cannibalise pour sa survie : il agresse alors tout ce qui passe à proximité, d’où sa dangerosité pour l’homme (surtout les pêcheurs) ou le bétail. En revanche, en rivière ou dans les fleuves, les accidents sont rares et jamais mortels.
A noter que dans l’environnement, le piranha joue un rôle épuratif, en se nourrissant de poissons malades ou morts.
Panique sur l’Europe ?
Le Piranha ne supporte pas une eau inférieure à 10°. Mais avec le réchauffement climatique ? Panique en 2014, lorsqu’un pêcheur a sorti un piranha d’une rivière dans les Vosges et qu’un autre s’est fait prendre dans des filets dans les Flandres belges. Au secours, l’invasion ?
Depuis, ce poisson n’a pas pullulé, les spécimens trouvés ayant vraisemblablement été lâchés par des propriétaires soucieux de s’en débarrasser, sans scrupule pour l’environnement.
Piranha en aquarium, un animal de compagnie ?
De fait, vous avez tout à fait le droit d’avoir un piranha chez vous. Ce n’est pas sans contrainte : ce gros mangeur (poisson, moules, etc) est aussi un grand pollueur de l’eau. Il exige d’autant plus d’intendance, qu’il vous fait un grand aquarium, où la cohabitation avec d’autres poissons est aux dépens de ces derniers.

Piranha, sa réputation de mangeur d’homme !
Le film Piranhas de Joe Dante (1978) est à ce poisson ce qu’ont été les Dents de la mer aux requins : un couple de randonneurs pénètre par effraction dans un ancien domaine de l’armée en apparence à l’abandon. Ils y trouvent une piscine, où la jeune femme convainc son compagnon de prendre un bain. Les voilà tous deux dévorés par des piranhas.
Tintin et l’oreille cassée
C’est plus raisonnable avec L’oreille cassée, le sixième album de Tintin, qui mène l’enquête à propos du vol d’un fétiche arumbaya. Celle-ci le mène dans la république fictive d’Amérique du Sud San Theodoros, où il tombe d’une barque dans une rivière infestée de piranhas. Hergé s’était mieux renseigné, il en ressortira sain et sauf.
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