Le requin fut l’un des tout premiers vertébrés à mâchoire : de quoi nourrir notre imaginaire, quand le vrai danger vient toujours du shark finning qui met à mal ce grand régulateur des océans.

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Un ancêtre de taille
Avant la période géologique actuelle de l’Holocène, le mégalodon dominait les océans. Le Procarcharodon Megalodon ou ”requin à grande dent” fut même le plus grand prédateur marin de tous les temps : des dents de vingt centimètres de long pour un demi-kilo chacune, de quoi faire cavaler l’imagination.
Sauf que c’était il y a plus de 10 000 ans. L’être humain ne l’a donc jamais croisé.
Pourquoi le requin n’est pas un mammifère ?
Le requin (Selachimorpha) ou squale n’est, bien sûr, pas un mammifère. Ce n’est pas non plus exactement un poisson (que sont les ostéichtyens au squelette osseux).
Il appartient à la famille des chondrichtyens ou poisson cartilagineux, avec la raie et les chimères. Outre leur squelette en cartilage, les poissons cartilagineux respirent par des fentes branchiales, de chaque côté du cou.
Sa respiration
Ce qui fait une autre différence avec les poissons : pour respirer, il a le besoin physiologique de nager pour faire entrer l’eau dans ses branchies, ce qui n’est pas le cas des poissons, aux nageoires « rayonnées ».
C’est l’une des causes de la mort des requins : pris dans un filet de pêche, il meurt asphyxié.
Son sommeil
Ce besoin de nager n’est pas vraiment compatible avec le fait de dormir. Seuls les requins équipés d’un « spiracle », organe qui force l’eau riche en oxygène à traverser leur système branchial alors qu’ils sont immobiles, ferment un peu l’œil.
Et puis, c’est sa moelle épinière et non son cerveau, qui fait nager le requin : il se repose donc en mettant celui-ci en veilleuse.
Un prédateur ultrasensible
Hormis la forme, cet animal est une boule de nerf ultra-sensorielle. Tous ses sens sont ceux de la détection.
Un sens olfactif redoutable
Cet animal sent la moindre goutte de sang diluée dans l’eau : son sens olfactif occupe les deux tiers de son cerveau ! Ses narines indépendantes l’une de l’autre, plissées de façon à en accroître la surface utile, analysent chacune la moindre stimulation chimique de la mer qu’il traverse.
Son ouïe dans les infrasons
Il perçoit dès la bande des 10 à 800 hertz, un poisson blessé ou bateau qui fait naufrage à des kilomètres.
Les ampoules de Lorenzini
Ces petites vésicules sont un système sensoriel sous-cutané situé autour de la tête du requin, qui lui permettent de détecter sur de courtes distances, les faibles champs magnétiques des poissons.
Sa vue dans l’obscurité
Cet animal voit dans l’obscurité, grâce à un mécanisme d’amplification de la lumière : le contraste et les mouvements.
Quant au requin-blanc, il dispose d’une paupière nictitante, qui réfléchit la lumière : la tête hors de l’eau, il repère les mammifères marins sur le sable ou les rochers.
Son toucher ultra-sensible
La fameuse ligne latérale qui longe le requin de sa nageoire caudale à sa tête est une série de denticules qui analyse chimiquement tout contact avec elle : corps étranger, salinité de l’eau de mer. De quoi également tout repérer.
Une bête de course
S’il ne détient pas le record en la matière, il nage non seulement constamment, mais à une moyenne de 50 kms/heure.
Et sur de belles distances : un requin-blanc se déplace de l’Afrique du Sud à l’Australie, soit sur plus de 10 000 kms.

Sa dentition en tapis roulant
Ce n’est pas le moins mythique de sa constitution : le requin dispose de dents en réserve, repliées sur le palais, qui remplacent aussitôt une dent cassée. Ainsi dispose-t-il au total de 300 à 400 dents, sur 5 à 7 rangées.
De quoi faire réfléchir ? Ces dents ne lui servent pas du tout à mâcher, mais a capturer ses proies. Sachant que les requins carnivores ne mangent qu’une fois par semaine : ils avalent tout cru et digèrent ensuite.
Son attaque en effet de surprise
Tous les requins n’attaquent pas de la même façon, mais il garde sa nature solitaire :
- le requin-mako harcèle sa proie en la poursuivant,
- le requin plat-nez la traque,
- le requin blanc l’encercle,
- le grand requin-marteau lui saute dessus hors de l’eau.
Sa reproduction lente
C’est son maillon faible : sa maturité sexuelle tardive (20 ans) l’expose à disparaître avant de s’être reproduit, sachant que la gestation peut durer quatre ans.
Selon les espèces, il est ovipare (le requin-baleine, le requin-cornu, la roussette), vivipare (l’œuf se développe à l’intérieur de l’utérus, c’est le cas du requin gris de récif) ou ovovivipares (l’œuf éclot à l’intérieur de la femelle, comme chez le requin-tigre).
Plus de 400 espèces de requins
Tous les requins ont ce corps fuselé équipé des nageoires et la mâchoire équipée d’une dentition impressionnante.
La moitié tout petits
Des 440 espèces de requins existantes, la moitié ne mesurent moins d’1m60. Ainsi la roussette, de la famille des requins-chats, qui se cuisine volontiers sous le nom de saumonette, et dont la peau rugueuse a longtemps servi de papier de verre ou aux marins pour récurer leurs casseroles.
Le plus petit des requins étant le requin-chat pygmée, qui ne mesure que vingt centimètres.
Pas les plus gros les plus méchants
Le requin-baleine
Le requin-baleine est le plus gros poisson du monde : une trentaine de tonnes pour vingt mètres de long. Et une bouche d’1,50m de large : mais avec des dents millimétriques. Le requin-baleine ne se nourrit que de plancton, de krill et d’algues.
Contrairement à d’autres requins, ce mastodonte se déplace lentement. Et est de nature placide, sauf s’il est dérangé. Ainsi également du requin-pèlerin et du requin grande gueule.

Le requin grande gueule
Découvert en 1976 au large d’Hawaï, il a la bouche qui mesure la moitié de son corps. Une espèce rarissime et étonnante.
Requins dangereux pour l’homme
La plupart des espèces de requins sont trop petits pour représenter une menace pour l’Homme. Sur les 400 espèces existantes, seules quatre espèces le sont réellement.
Le requin-tigre, la poubelle des mers
D’une taille pouvant aller jusqu’à cinq mètres, le requin-tigre est peu sélectif dans ses proies, au point d’avoir été surnommé la « poubelle des mers ». Son manque de discernement en fait un danger pour l’homme : il confond le dessous d’une planche de surf avec un phoque.
Depuis les années 2000, le requin-tigre a été à l’origine d’une quarantaine d’attaques humaines. Mais dans son estomac, ont été retrouvés aussi bien du plastique que des cannettes, des pneus et plaques d’immatriculation. Le tout pouvant y rester quelques années.
Le requin blanc, celui des Dents de la mer
Steven Spielberg ne s’était pas beaucoup renseigné, pour prendre le requin-blanc comme emblème de son thriller sanguinolent : le requin blanc n’est pas un mangeur d’homme, il préfère les cétacés, poissons et tortues marines. Lui aussi, attaque l’Homme par erreur.
Le requin bouledogue, celui de l’île de la Réunion
Celui-ci est désormais considéré comme le plus dangereux pour l’Homme :
- 50% des attaques à l’Île de la Réunion,
- 75% de celles au Brésil,
- 30% de celles en Australie.
Plus agressif, il est aussi semi-pélagique et partage donc son territoire avec le nôtre. Ce d’autant qu’il évolue aussi bien en eau salée que douce : bord de mer, mais aussi embouchures de fleuves et rivières.
Une preuve qui ne trompe pas : ses mâchoires asymétriques signent leur morsure de cette singularité morphologique.
Son rôle écologique
Requins et interactions trophiques
Son nom de super-prédateur signifie que le requin est en haut de la chaîne alimentaire qu’il régule : il maintient à l’équilibre la population de crustacés, en se nourrissant des prédateurs de ces derniers.
Le requin-corail et le requin gris de récif participent de l’équilibre des récifs coralliens : en se nourrissant des poissons carnivores, qui éradiquerait les poissons herbivores, qui broutent le surcroît d’algues des coraux. Faute de requins, les coraux s’asphyxieraient.
Requins et interaction humaine
Les accidents de requins avec des surfeurs ou véliplanchistes sont surtout le signe de la pression humaine sur les côtes : c’est la cas de la Floride, premier site d’attaques de requins devant l’Australie.
En moyenne, les attaques de requins sont de l’ordre de 35 par an au monde, mortelles pour moins de quatre.
Requins et shark finnig
Aujourd’hui, 60% des espèces de requins figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Un danger d’extinction directement lié au shark finning, la capture des requins pour leur ailerons et le rejet de leur corps mutilé en mer, dans le seul but de la réalisation d’une soupe chinoise hypothétiquement aphrodisiaque.
Le Memorandum d’entente sur la conservation des requins migrateurs a été signé par une centaine d’États… à l’exception de la Chine et du Japon.
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