Le méthane, le casse-tête de ce gaz à effet de serre
Pourquoi est-il aussi puissant ?
Avec de dioxyde de carbone, le méthane est l’autre gaz à effet de serre. Sauf qu’en réduire les émissions n’est pas simplement mécanique.

Contenu
- 1 Pourquoi le méthane est un gaz à effet de serre ?
- 2 Des émissions en hausse
- 3 Des facteurs tellement multiples
Pourquoi le méthane est un gaz à effet de serre ?
Moins grand public que le fameux dioxyde de carbone (CO2), le méthane (un atome de carbone pour quatre d’hydrogène) est pourtant le pire gaz à effet de serre : son potentiel de réchauffement climatique (PRG) est 25 fois plus puissant que celui du gaz carbonique.
En réalité, son pouvoir de réchauffement climatique est cent fois plus puissant que celui du CO2, mais il se dissipe dix fois plus vite dans l’atmosphère : si bien que, sur une dizaine d’années, son PRG est de 25 fois supérieur.
Des émissions en hausse
Il n’empêche, après une augmentation constante dans les années 1980- 1990, les émissions de méthane dans l’atmosphère s’étaient stabilisées en 2007. Seulement voilà, depuis, elles sont reparties à la hausse, avec une nette accélération.
Des facteurs tellement multiples
Le hic est que les scientifiques ne savent pas exactement pourquoi : alors que les émissions de CO2 sont aisément identifiables (la combustion des énergies fossiles), pour le méthane, c’est plus compliqué.
Les causes naturelles
Méthane méthane dans l’eau : les zones humides
Les émissions de méthane ont à 40% des origines naturelles : parmi celles-ci, les zones humides et inondées (marais et mangroves), le permafrost (le sol gelé de l’Arctique) qui libère ce gazlors du dégel, les sources géologiques, qui en libèrent également.
La raison est qu’avant la présence de l’oxygène du Terre, la vie existait sous forme de bactéries anaérobies. Cette vie continue partout sur la planète, dans les zones humides, mais aussi les sédiments marins, les sources d’eau chaude d’origine volcanique, les rizières.
Les termites
Les termites sont xylophages (elles digèrent le bois), champignonnistes ou humivores : dans ce dernier cas, elles creusent des galeries souterraines. A l’instar des vers de terre, elles se nourrissent des particules organiques en décomposition présentes dans l’humus.
Les termites humivores sont les plus grosses émettrices de méthane. Maigre consolation, les xylophages le sont très peu : lorsque vous avez des termites chez vous, ce n’est pas ce qu’il y a de pire pour l’environnement.

Production de méthane : les causes anthropiques
Les émissions de méthane sont à 60% dues aux activités humaines, au premier chef l’agriculture et l’élevage, ce dernier représentant au total 30% des émissions mondiales de ce gaz, la culture du riz, 8%.
Méthane : le cas élevage, l’exemple des vaches
C’est bien connu, les vaches (mais aussi moutons et chèvres) ont des flatulences et des rots : ils ne digèrent pas entièrement leurs aliments, qui fermentent et produisent du gaz. Sans compter leurs déjections, qui entrent ensuite en décomposition.
En proportion, les vaches arrivent en tête de liste. En 24 heures, une vache en relâche entre 100 et 500 litres de méthane, soit 65 kilos par an (pour 7 kgs pour un mouton, 12 pour une chèvre, 21 pour un cheval). Selon l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), les vaches françaises émettent chaque année en méthane l’équivalent de 15 millions de voitures.
Si les vaches absorbent le CO2 capté par les prairies qu’elles broutent, le bilan avec leurs émissions de ce gaz est négatif. En même temps, si l’élevage a augmenté au niveau mondial, leur taille est globalement plus petite.

Le cas de la riziculture
Les rizières en sont fortement émettrices : la production d’un kilogramme de riz correspond à l’émission de 120 g de méthane, soit l’équivalent de 25 kilomètres en voiture. Au total, la riziculture mondiale émet 60 millions de tonnes de ce gaz par an. Mais, là encore, la surface des rizières observée par satellite ne s’est pas accrue.
Et les énergies fossiles ?
Pour leur part, l’exploitation du pétrole et du gaz pèsent 22% des émissions anthropiques de méthane, l’extraction du charbon 11%. Mais elles ne sont pas seules en cause : les stations d’épuration des eaux et déchetteries représentent 18% des émissions de méthane, les feux de forêts (et de brousse), 8%.
Pourquoi cette augmentation des émissions ?
Avec le CO2, c’est presque simple : à partir du moment où les activités humaines sont de plus en plus décarbonées, elles contribuent de moins en moins au réchauffement climatique.
Mais avec le méthane, les interrogations sont différentes : ainsi les zones humides qui se réchauffent sont-elles de plus en plus émettrices de gaz ? Un vrai cas d’école de la rétroactivité : plus un gaz contribue au réchauffement climatique, plus celui-ci favorise les émissions de méthane, qui amplifient celui-ci. Ainsi également du permafrost.
Des masques pour les vaches ?
Puisque les vaches émettent du méthane en rotant, la start up londonienne Zelp a imaginé un masque qui le neutralise d’un tiers. Les vaches ne seraient pas gênées par le port du masque. En revanche, son prix est plus élevé que nos masques chirurgicaux contre le Covid : environ 40 euros l’unité.
Et si les vaches mangeaient mieux ?
L’alimentation des bovins compte dans leurs émissions de gaz : selon des travaux de l’Inra, les nourrir avec lin permet de réduire de 20 % leurs rejets de gaz, le lin étant riche en protéines, mais pauvre en glucides, à l’origine de ces émissions.
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