Low tech : et si les nouvelles technologies n’étaient pas la solution ?
Une alternative durable, accessible et écologique au hi-tech
Obsolescence programmée, composants sophistiqués, épuisement des énergies fossiles : les nouvelles technologies cachent bien leur jeu. Face à cette complexité croissante qui gagne progressivement tous les objets de notre quotidien, le mouvement low tech prône au contraire un retour à la simplicité, à l’accessibilité et à la durabilité. Sur quoi repose cette philosophie « basse technologie » ? Quels sont ses objectifs ? Tentons de comprendre cette réponse d’un nouveau genre… qui risque fort de dérouter les amoureux du smartphone.

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Low tech : définition
S’opposant clairement au mouvement hi-tech, le low tech marque un retour aux technologies simples, claires, accessibles et écologiques.
Concrètement, les objets issus de cette « basse technologie » visent à répondre aux besoins réels de l’individu, et ce le plus sobrement possible. Pas d’investissement d’énergie, de temps ou de ressources inutiles.
Les appareils doivent également être suffisamment bien conçus pour être aisément réparables. C’est une manière simple d’allonger leur durée de vie et de se les réapproprier. En faisant appel à des artisans proches de chez soi pour leur donner un second souffle, on fait également fonctionner l’économie de proximité tout en recréant du lien social.
Enfin, les pratiques « low tech » se veulent respectueuses de l’environnement. Elle se concentrent principalement sur des matériaux recyclables et biodégradables, afin de s’affranchir au maximum des énergies non renouvelables.
Green tech et low tech, même combat ?
Avec ses préoccupations écologiques, on serait presque enclin à assimiler le low tech au courant green tech. Ne les confondez plus !
Le green tech consiste surtout à mettre les nouvelles technologies au service des enjeux écologiques. Pour faire court, à conjuguer hi-tech et causes vertes. Une conception encore trop « numérique » pour être véritablement partagée par les partisans des basses technologies.
Toutefois, pas question de dresser une barrière clivante et perméable entre ces deux mondes. Au sein des start-ups green tech émergent également des idées très « low » : circuits courts, zéro déchet, réemploi des matériaux… Deux visions distinctes qui partagent donc, tout de même, quelques similitudes.

Low tech et innovation, incompatibles ?
Pas de surprise, à chaque mouvement ses détracteurs. Certains voient dans le low tech un projet rétrograde et archaïque, voire antiprogressiste, qui rime finalement avec un retour à l’âge de pierre. Une vision un peu catégorique qu’il convient de pondérer.
Si les basses technologies reviennent effectivement aux fondamentaux en épurant tout superflu, elles cherchent surtout à repenser notre société actuelle animée par la surconsommation et le matérialisme. Réduire les coûts de production, valoriser le savoir-faire local et artisanal, stimuler les interactions sociales, préserver la planète : n’est-ce pas là une conception plus humaine, philosophique et écologique de notre société qui mérite d’être étudiée ?
Quelques exemples de low-tech
Proche de la tendance DIY (Do It Yourself), le low tech incite surtout à mettre son intelligence et son sens pratique au service des problématiques quotidiennes. Voici un petit florilège des innovations basses technologies qui ont vu, ou failli voir, le jour :
- La machine à laver L’Increvable, conçue pour durer au moins 50 ans : un projet malheureusement suspendu en février 2020 faute de partenaires financiers et industriels ;
- Le four solaire, composé en bois et aluminium, capable d’atteindre les 170 °C ;
- Les éoliennes domestiques, pour devenir partiellement autonome en électricité ;
- La lampe Gravity Light, fonctionnant uniquement par la force de la gravité.
Pas besoin cependant de rivaliser en ingéniosité ! Troquer sa voiture pour le vélo en se rendant au travail, c’est déjà accomplir un grand geste low tech.
Low Tech Lab : le projet au service des basses technologies
Créé en 2015, Le Low Tech Lab déniche en France et dans le monde toutes les innovations low tech. Elles sont ensuite recensées dans une base de données open-source pour les partager avec le grand public.
Ses co-fondateurs Corentin de Chatelperron et Pierre-Alain Lévêque ont d’ailleurs pris la mer en 2016 sur le Nomade des Mers, un catamaran aménagé en laboratoire expérimental, avec un objectif double. L’objectif est de découvrir les acteurs majeurs des basses technologies à travers le globe, et déployer un modèle d’autosuffisance à bord grâce à leurs trouvailles. Une expédition longue de 3 ans, qui a permis de référencer près de 30 innovations low tech.
Aujourd’hui, ce projet s’engage également auprès des entreprises et des associations pour accompagner la recherche et le développement des basses technologies.
Tutos low tech
Vous souhaitez vous lancer dans le low tech ? Rendez-vous sur le site de Low Tech Lab qui propose des tutoriels extrêmement détaillés. Astuces zéro déchet pour conserver son surplus de champignons, mise en place d’une culture en hydroponie, ou installation de toilettes sèches : à vous de jouer dans la cour des basses technologies si le cœur vous en dit !

Des livres sur le low tech ?
Pour approfondir vos connaissances sur le vaste univers du low tech, nous vous suggérons de lire l’ouvrage de Philippe Bihouix, intitulé L’Âge des low tech, vers une civilisation techniquement soutenable.
Cet ingénieur spécialiste de la finitude des ressources minières dresse un constat accablant sur l’avènement du hi-tech, documents à l’appui. Fort de ce constat un brin pessimiste, il propose heureusement des solutions pour ne pas faire tomber la Terre dans le précipice. Une vraie matière à réflexion !
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