Crise de tétanie : le rôle de l’anxiété
La traduction physique d'un état de stress intense
Nous attribuons volontiers une cause psychologique à nos maux physiques. Erreur dans bien des cas, avec certaines exceptions dont la crise de tétanie font partie. Hormis les cas où elles sont symptomatiques d’une pathologie, leur ressort principal est l’anxiété.

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Crise de tétanie : définition
La crise de tétanie est un syndrome d’hyperexcitabilité nerveuse et musculaire.
D’abord décrite par Lucien Corvisart, médecin de Napoléon III qui lui consacra sa thèse, De la contracture des extrémités ou tétanie, la crise de tétanie a longtemps été associée à une anomalie du métabolisme du calcium ou du magnésium (hypocalcémie). Elle est aujourd’hui reconnue comme la traduction physique d’un état de stress intense.
Durée d’un crise de tétanie
Ces crises de quelques minutes à plusieurs heures se manifestent par une hyperventilation et des contractures musculaires involontaires, notamment et de façon caractéristique, des doigts qui se recroquevillent en « main d’accoucheur ».
Le cas de la spasmophilie
La spasmophilie ou « tétanie latente » est la forme atténuée de la crise de tétanie. Contrairement à celle-ci, la spasmophilie ne présente pas d’hypocalcémie. Elle est également la traduction d’une prédisposition liée à un contexte d’anxiété.
Le cas de l’épilepsie
L’épilepsie est une maladie neurologique chronique, provoquée par un « orage » électrique, dû à l’activité électrique excessive et désorganisée d’un groupe de neurones dans le cerveau. Lors d’une crise, la personne épileptique perd connaissance.
Qu’est-ce qui provoque une crise de tétanie ?
L’hyperventilation
Nous respirons en moyenne une douzaine de fois par minute. La respiration nous sert à absorber de l’oxygène et à rejeter du dioxyde de carbone (CO2), déchet de l’activité cellulaire se trouvant dans le sang. En cas d’hyperventilation, nos poumons éliminent trop de CO2, créant une alcalinisation du sang (alcalose) et un déséquilibre des échanges perturbés entre calcium et magnésium au niveau cellulaire.
Ce déséquilibre est à l’origine des contractures musculaires de la crise de tétanie. C’est aussi la raison pour laquelle une hypocalcémie est toujours diagnostiquée en cas de crise de tétanie.
L’hypocalcémie
Néanmoins, une hypocalcémie peut être due à une pathologie et induire des crises de tétanie. C’est le cas de l’hypoparathyroïdie (diminution du fonctionnement des glandes sécrétant des hormones régulant le taux de calcium dans le sang), d’une diminution de l’absorption intestinale du calcium, d’une insuffisance rénale (avec perte excessive de calcium lors de la filtration du sang), d’une pancréatite aiguë (inflammation du pancréas), de certaines maladies infectieuses.
Et bien sûr, d’une carence en magnésium, mais aussi en vitamine D. Certaines grossesses peuvent s’accompagner de crises de tétanie.
Le cercle vicieux de l’hyperventilation
Les contractures musculaires de la crise de tétanie créent une angoisse qui favorisent l’hyperventilation, qui elle-même entretient l’alcalinisation du sang, à l’origine de ces contractures. Le stress de la crise s’autoalimente.
Crise de tétanie : stress et angoisse
Il est désormais admis que la crise de tétanie (a fortiori la spasmophilie) ne sont pas automatiquement liés une cause physique. Une prédisposition à subir un contexte ou un événement anxiogènes sont désormais reconnus. C’est le cas de la fatigue due au surmenage ou à une restriction du sommeil, d’un traumatisme psychologique (divorce, deuil, etc) ou d’un trouble anxieux (trouble panique, trouble d’anxiété de séparation, phobie sociale).
Quels sont les symptômes de la crise de tétanie ?
Celle-ci survient de façon relativement soudaine, avec une montée d’angoisse proche de la crise de panique. Elle s’accompagne de palpitations cardiaques, d’une hyper-sudation, de tremblements, d’une sensation de suffocation qui implique de respirer excessivement, de fourmillements annonciateurs des contractures musculaires aux extrémités des membres (les pieds s’arquent et les mains se recroquevillent), parfois des paupières.
A ces symptômes physiques s’ajoutent une sensation de déréalisation ou de dépersonnalisation (sensation de sortir de soi-même), ou encore l’impression de devenir fou, voire la peur de mourir.
Pour spectaculaires, ces symptômes n’altèrent en rien les fonctions des organes. En revanche, ils entraînent une fatigue importante.
L’obscurité est volontiers une source d’angoisse chez les personnes anxieuses. Si bien que les crises de tétanie sont susceptibles d’ être plus fréquentes la nuit.
Comment réagir face à une crise de tétanie ?
Lorsqu’une personne a une crise de tétanie, la première réaction est de l’isoler dans une pièce ou un lieu calme, afin qu’elle ne reste pas en contact avec un entourage alors en proie au stress, au regard du caractère spectaculaire de la crise.
Une fois au calme, étirez doucement dans la mesure du possible ses muscles, afin de soulager la contracture.
Appelez bien sûr les urgences.
Une personne ayant une crise de tétanie ne perd pas connaissance. Il est bon de lui parler, pour la rassurer et lui demander les informations nécessaires : est-ce la première fois qu’elle fait une crise de tétanie ? Prend-elle des médicaments pour ces crises ou pour une autre pathologie ?
Crise de tétanie : la technique du sac en papier
S’il sait le faire, vous pouvez aussi inciter la personne à réduire son rythme respiratoire, en le réduisant à six respirations par minute.
La technique du sac en papier consiste à respirer dans un sac, car on y expire de l’air chargé en CO2 que l’on va à nouveau aspirer, ce qui réduit le processus d’alcalinisation du sang. Attention à ne pas le faire avec un sac en plastique, et encore moins à couvrir la tête avec celui-ci. A noter que cette méthode n’est pas toujours conseillée.
Gestion de la crise de panique
Les techniques dites d’ « ancrage » aident à surmonter les sensations déplaisantes d’une crise d’angoisse. Pour ce faire, il est conseiller de se concentrer sur un objet de la pièce, qui est une façon de s’ancrer dans le présent. Une autre technique est celle du « 5-4-3-2-1 » qui consiste à vous concentrer successivement sur chacun de ses cinq sens, en s’interrogeant : qu’est-ce que je vois ? qu’est-ce que j’entends ?
Quelle prise en charge médicale ?
Le diagnostic des crises de tétanie repose en premier lieu sur la recherche de causes médicales. Le médecin se livre généralement à un examen complet, y compris un examen cardiologique et neurologique.
Les examens biologiques ont pour but de déceler une hypocalcémie ou hypomagnésémie. Un électromyogramme permet d’enregistrer l’activité électrique des muscles, afin de déceler un éventuel trouble des contractions musculaires.
Le traitement dépend évidemment des causes des crises de tétanie. En cas de crises liées à une hypocalcémie, l’injection lente de calcium par intraveineuse s’avère être le traitement le plus efficace.
Quelle prise en charge psychologique ?
Si les crises de tétanie sont liées à un trouble anxieux, la thérapie comportementale et cognitive (TCC) vise à modifier l’attitude de la personne face aux situations qu’elle appréhende. Elle est efficace pour gérer comme pour prévenir les attaques de panique.
Crise de tétanie : comment prévenir les rechutes ?
Bien des moyens permettent d’éviter les rechutes. La base est une alimentation équilibrée, bien supplémentée en calcium, magnésium et vitamine D, une bonne hydratation et un sommeil suffisant et régulier.
Une activité physique régulière est également conseillée, de même que la pratique d’activités relaxantes telles que le yoga, la méditation, la gymnastique douce. Ne pas non plus négliger l’hypnose ou la sophrologie.
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