Pluies acides, où sont-elles passées ?
Dans les années 80 en Europe, mais toujours d'actualité ailleurs dans le monde
Fléau environnemental numéro 1 des années 80, les pluies acides ont laissé place à bien d’autres préoccupations environnementales. Les pluies acides, c’est fini ?

Contenu
Pluies acides : définition
Mesure de l’acidité
On mesure l’acidité d’une substance aqueuse à son pH (potentiel hydrogène). Un pH de 7 est neutre, en-deçà, le liquide est acide, au-delà, il est basique ou alcalin. La pluie a naturellement un pH moyen de 5.6 : elle est légèrement acide.
Une pluie acide est une pluie dont le pH est inférieur à 5. Or, les poissons de rivières ont besoin d’une eau avec un pH compris entre 6.7 et 8.6 : lorsque ce pH passe en-dessous de 5 après une pluie acide, les alevins et certaines espèces fragiles (le saumon, la truite) ne survivent pas.
Quelles sont les causes de la formation des pluies acides ?
Certains gaz ont la propriété de se transformer en acidité au contact de l’eau : c’est le cas du CO2 naturellement présent dans l’atmosphère, d’où la légère acidité de la pluie.
Concernant la pollution atmosphérique, c’est le cas le cas du dioxyde de soufre et de l’oxyde d’azote (lou Nox), les deux principaux polluants rejetés dans l’atmosphère qui se transforment respectivement en acide sulfureux et acide nitrique.
Les précipitations
Ainsi le phénomène de pluies acides se produit-il quand il pleut, neige, grêle et en cas de brouillard, mais retombe aussi sous forme de particules sèches ou de gaz.
Phénomènes naturels
En 2010, l’éruption du volcan Eyjafjöll au nord de l’Islande avait provoqué la formation d’un immense nuage de fumée qui avait semé le chaos dans le ciel européen. En 2011, rebelote, les taux de dioxyde dans l’air avaient indiqué que le plus modeste Grímsvötn allait s’y mettre à son tour.
Éruptions volcaniques, orages, certaines décompositions biologiques de la croûte terrestre et même l’océan dégagent dans l’atmosphère des gaz voués à se transformer en pluies acides. Sans oublier les feux de forêts, dont l’origine n’est pas toujours naturelle.
Mais au total, l’ensemble de ces phénomènes restent épisodiques.
Pollution anthropique
Principaux responsables des pluies acides, les rejets industriels (combustion des énergies fossiles), le chauffage, la circulation routière, dans une moindre mesure l’incinération de déchets plastique et certains engrais agricoles.
Autrement-dit jusque dans les années 70, les pays industriels, en Europe les régions de la Ruhr, de la Lombardie, les bassins miniers de l’Angleterre et de la France ; Outre-Atlantique, la Nouvelle-Angleterre et la Virginie.
Au Canada dans les années 80, le ministre canadien de l’Environnement en qualifiait les pluies acides de “paludisme insidieux de la biosphère”.

Quels sont les effets des pluies acides ?
Les pluies acides détruisent tout : en priorité les végétaux, mais aussi la faune et l’ensemble de la biodiversité, les cours d’eau, les sols qu’elle infiltrent, les roches qu’elles érodent. Sans oublier la santé humaine, provoquant des problèmes respiratoires.
Une prise de conscience
Origine des pluies acides
En 1872, le chimiste écossais Robert Angus Smith employa le premier le terme de “pluie acide” dans son ouvrage “Air et pluies : les débuts de la climatologie chimique”, pour qualifier cette forme de pollution qui affectait la ville de Manchester et de sa région.
Ce spécialiste de la pollution atmosphérique décrivit ainsi cette pollution née avec la Révolution industrielle.
Où tombent les pluies acides ?
Un siècle plus tard, le suédois Svante Oden attribua l’anormale mortalité des poissons de rivières à l’acidité de la pluie, pointant aussi le fait qu’il ne s’agissait d’une pollution de proximité : les pluies acides avaient inoculé l’idée qu’un phénomène ne s’arrête pas automatiquement aux frontières….
Il faut dire qu’au début des années 60, les scandinaves avaient vu leurs lacs s’acidifier au point qu’en une vingtaine d’années, plus de la moitié du stock de poissons avait dépéri pendant que les algues proliféraient.
L’agonie des poissons en Scandinavie, au Canada, dans les Vosges (la truite) a servi de premier signal des dégâts des pluies acides sur l’environnement.
La forêt allemande
Dans les années 80, horreur, l’Allemagne constate qu’un tiers de sa forêt est malade : le feuillage des hêtres jaunissait et les conifères perdaient leurs aiguilles. La belle couverture forestière de Bavière et de Rhénanie-Palatinat risquait de ressembler à celles de l’ex Allemagne de l’est et de la Tchécoslovaquie, alors rongées par les effets néfastes de la combustion du lignite.
Dans les années 80, la mort annoncée de la forêt allemande signe la prise de conscience de cette source de pollution et inaugure certains combats écolos. Si les pluies acides n’étaient pas les seules responsables, elle aura eu, entre autres, pour effet l’interdiction de l’essence au plomb.
Le massif vosgien
En France, la forêt des Vosges avait été la plus concernée par les pluies acides. Selon le réseau d’étude du Dépérissement des forêts attribué à la pollution atmosphérique (DEFORPA), tout est question d’équilibre de l’apport d’azote, à la fois fertilisant du sol et pollution émanant du trafic routier.
Le Taj Mahal, le Pathénon et le Colisée
Quant à ce joyau de la culture moghole, le Taj Mahal au bord de l’une des sept rivières sacrées qu’est le Yamuna en Inde, ses sculptures et incrustations s’érodent sous l’effet des pluies acides dues à la pollution automobile.
A Athènes, la circulation automobile a été interdite autour du Parthénon. A Rome, le Colisée a, lui aussi, été endommagé par les pluies acides.

Solutions aux pluies acides : la fin ?
Progrès technologiques (pot catalytique des voitures, équipement des centrales électriques de tampons pour filtrer les particules émises dans l’atmosphère), accords internationaux de réduction des émissions d’oxyde d’azote (Helsinki, 1984, Oslo, 1994), réglementations nationales (aux États-Unis, le Clean Air Act) ont drastiquement réduit les pluies acides en Europe et en Amérique du Nord.
Mais la délocalisation industrielle a surtout déplacé le problème en Asie : en Chine, la pollution atmosphérique des villes (à Shanghai, il a été observé que la pluie y était acide en permanence) et celle d’un quart des cours d’eau est loin d’être résolue.
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