Peur panique d’une araignée, de prendre l’ascenseur, de porter des vêtements trop serrés, de se rendre dans un centre commercial ou sur une grand-place, la phobie est cette peur irrationnelle que connaissent plus d’un million de français. Et vous ?

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Définition de la phobie
Phobie et peur
La peur est l’un des réflexes de survie des espèces vivantes : ainsi estime-t-on que nos ascendants les plus lointains qui ont éprouvé certaines peurs ont mieux survécu que les autres.
Du grec “deos”, la peur est cette alarme salutaire qui prévient du danger. Mais “phobos”, la peur pathologique, est au contraire une alarme déréglée, à la fois dans son activation et dans sa régulation.
Dans l’Antiquité, Phobos était une divinité honorée avant le combat : fils du dieu de la guerre Arès et de la déesse de la beauté Aphrodite, il incarnait la peur panique à infliger à l’ennemi.
Un trouble anxieux
La phobie est un trouble psychologique de la famille des troubles anxieux : elle est la peur irrationnelle et disproportionnée d’une situation donnée.
Elle est envisagée comme une pathologie, dès lors qu’elle franchit le seuil de la simple appréhension et affecte le sujet depuis plus de six mois.
C’est une angoisse parfaitement consciente, d’où les stratégies d’évitement de la situation phobogène : emprunter les escaliers au lieu de l’ascenseur, ne pas se pencher par une balustrade pour regarder au-dehors, ne pas porter des vêtements trop serrés de peur de se retrouver coincés dedans et même, ne pas sortir seul dans la rue.
La phobie : une angoisse courante
Les phobies “spécifiques” sont le trouble anxieux le plus fréquent : près de 20% de la population française souffre de phobies “spécifiques” (claustrophobie, agoraphobie, etc). Les phobies représentent plus d’un tiers des consultations en psychiatrie.
Qui est touché ?
Les phobies concernent deux fois plus d’hommes que de femmes : à l’exception de la phobie du sang, qui crée autant d’angoisses chez les hommes que chez les femmes.
A quel âge ?
Le tout petit a des peurs normales, qui lui permettent de grandir au fur et à mesure qu’il les apprivoise : la peur du noir, des monstres, de certains personnages (les clowns, le père Noël), qui traduisent sa prise de conscience de sa séparation physique d’avec sa mère, son inquiétude de l’inconnu et la découverte de ses relations avec autrui.
Les phobies spécifiques et situationnelles les plus courantes n’attendent pas tellement pour apparaître : les phobies situationnelles qui sont aussi les plus courantes, s’installent chez la plupart des personnes atteintes de phobies, vers l’âge de huit ans (entre cinq et treize ans).
Mais elle peut apparaître chez un individu à tout moment de la vie et sans cause apparente. Seule la phobie des objets inanimés concerne surtout les personnes âgées.
Quelle est l’origine des phobies ?
L’environnement familial
Il est tentant de penser que les parents anxieux transmettent à leur enfant leur fragilité émotionnelle, véritable prédisposition aux phobies. Cela est en grande partie avéré dans les deux cas de phobie qui risquent de s’aggraver avec l’âge.
Ainsi de la phobie sociale : une famille à la fois peu sociabilisée au sein de laquelle le jugement d’autrui est excessif, est un terrain favorable à cette forme de phobie. Faute à être prise en charge, ellese complique dans un cas sur deux en dépression et autres troubles anxieux.
L’agoraphobie est l’autre phobie qui s’installe avec le risque de s’aggraver : les crises de panique répétées conduisent l’individu à se laisser envahir par sa phobie. Il s’isole de plus en plus, peut devenir dépressif, voire céder à une addiction.
Un événement traumatisant
A l’inverse, le temps est un allié précieux pour les phobies simples, liées à un événement traumatisant : un enfant mordu par un chien en garde une phobie qui s’atténue à l’adolescence. A l’âge adulte également, cette forme de phobie s’atténue avec le temps.
Seulement, la grande majorité des phobies est sans lien avec un événement traumatisant.
La biologie cérébrale
Et si nous avions peur des araignées à cause de la configuration de notre cerveau ? Nos émotions fonctionnent via les circuits reliant le cortex (la superficie du cerveau) aux structures sous corticales (structures profondes du cerveau). Un hyperfonctionnement de ces circuits serait à l’origine d’un excès d’anxiété.
Pour Freud et Lacan
Pour Freud, la phobie était un problème de libido qui avait tourné à l’angoisse : pour lui, elle est même principal symptôme d’une « hystérie d’angoisse », quand la libido nécessite une « hystérie de conversion ».
Papa Freud avait tout de même omis de s’interroger sur ses contemporains à la vie privée harmonieuse, pourtant pétrifiés à la vue d’une araignée.
Pour Lacan, les phobies sont l’élément constitutif de l’histoire d’un être, qui masque une angoisse fondamentale.
Aujourd’hui, la psychanalyse est donc moins obsessionnellement freudienne que lacanienne, considérant que celle-ci est l’incarnation d’un conflit inconscient.
Liste des différents types de phobies
Phobies dites simples
Celle des événements naturels
La peur de l’orage, du tonnerre peut tourner à la phobie. Mais la peur des éléments naturels peut aussi celle de l’eau (piscine ou bord de mer), du vide (en montagne ou en haut de la Tour Eiffel, mais aussi de prendre l’air sur un balcon), la peur de l’obscurité (qui terrorise à l’idée de dormir dans une pièce totalement obscure).
Celle des animaux
Les phobies d’animaux sont typiquement féminines : en tête de liste, les araignées (arachnophobie), les insectes, les souris et les serpents (ophidiophobie). Ce qui n’empêche pas d’avoir la phobie des pigeons, handicapante au quotidien, à Paris ou à Venise.
Phobie du sang
La phobie du sang et des injections est le même type de phobie : elle est visuelle, parfois associée aux odeurs du sang et de l’hôpital.
Si le cas est rare, certaines femmes sont phobiques à leurs menstruations. Au demeurant, la phobie du sang est autant féminine que masculine.
La phobie de l’univers médical (nosocomephobie) conduit les personnes qui en sont atteintes à éviter tout rapport à la médecine, fuyant une prise de sang ou un simple contrôle.
Singularité, la réaction physiologique de la personne phobique : alors que les autres phobies provoquent une accélération du rythme cardiaque (tachycardie), elle a l’effet contraire, un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie) avec perte de connaissance.

Phobies situationnelles ou agoraphobie
L’agoraphobie est la peur de lieux dont il est difficile ou gênant de s’échapper, ou bien d’y être secouru.
Comment appeler au secours lorsque l’on est pris de panique sur une place, dans un grand magasin, lorsque l’on se décompose d’angoisse dans un ascenseur ou en avion ? Cela ne se fait pas ! Car la personne en proie à sa phobie sait qu’il n’y a aucun danger, au point de se demander si elle n’est pas folle.
L’agoraphobie est pourtant l’une des phobies les plus répandues : peur panique de l’ascenseur, mais aussi d’escaliers roulants, de se retrouver dans une file d’attente, voire de quitter son domicile toute seule.
Une phobie à géométrie variable qui, selon son degré d’intensité, mérite de consulter pour tenter de s’en débarrasser.
Phobie de la foule ou ochlophobie
L’ochlophobie (ou ochmophobie) est la peur de la foule, par exemple dans les transports en commun. Il ne faut pas la confondre avec l’agoraphobie, cette dernière étant une peur de la foule associée à la peur des grands espaces.
Phobies insolites
L’aérophobie : la peur du vent
L’aérophobie est aussi la peur de prendre l’avion. C’est d’abord la peur panique de l’air frais et des courants d’air. En ce cas, mieux vaut éviter d’habiter Ouessant….
La phobophobie, la peur de la peur
La phobophobie est la peur d’avoir peur : autrement-dit, la peur du signal d’alarme qu’est celle-ci. Un handicap au quotidien, que de tenter d’esquiver toute situation génératrice de peur.
La pantophobie, la peur de toute chose
Pas plus facile à gérer, la pantophobie est la peur de tout. Heureusement rarissime, elle est liée à certaines maladies bien spécifiques.
Comment soigner une phobie ? Progressivement…
Si vous avez la phobie des serpents, cela ne vous gêne guère dans votre vie à Paris ou dans d’autres villes. Si vous avez la phobie de différents aspects de la vie en société, cela vous complique sérieusement l’existence.
Les principales thérapies sont de l’ordre de la psychanalyse. La méthode de la désensibilisation vous amène progressivement à confronter l’objet de votre peur, pour la contrôler. La technique des jeux de rôle est utilisée pour résoudre les phobies sociales. Elle se déroule en présence d’autres personnes souffrant de la même phobie.
Les anxiolytiques ne sont qu’un recours ponctuel, ils ne sont jamais la base d’une thérapie. Si vous devez prendre l’avion, votre médecin acceptera de vous prescrire une benzodiazépine anxiolytique. Mais cela ne sera jamais la solution dans la vie courante.
D’autres thérapies sont encore pionnières, telles que l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ou désensibilisation par les mouvements oculaires. Mais elles font encore débat quant à leur efficacité.
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