Des tribus amérindiennes disent non à la construction d’un pipeline sur leur terres
De nombreux conflits opposent à travers le monde des populations autochtones à des exploitants désireux de s’approprier, légalement ou non, les ressources naturelles de leurs territoires. Bien souvent, ces populations minoritaires et vulnérables n’ont d’autres choix que de céder, abandonnant, de gré ou de force et dans l’indifférence de la communauté internationale, leur territoire ancestral. Si la bataille semble perdue d’avance pour nombre de peuples, de bonnes surprises adviennent parfois. C’est le cas de tribus amérindiennes au nord-ouest du Canada.
En Colombie-Britannique, province du Canada, des tribus amérindiennes de la réserve de Lax Kw’alaams, non loin de la ville de Prince Rupert, regroupant neuf tribus Tsimshians et près de 3600 personnes, ne s’est pas laissée faire.

Elles ont eu le courage de refuser le milliard de dollars proposé par la compagnie pétrolière malaisienne Petronas en échange de son consentement pour la construction d’un pipeline à travers son territoire. Cette somme d’argent astronomique qui aurait fait tourner bien des têtes, n’a pas réussi à les faire plier.
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Après plusieurs débats et consultations publiques, le conseil des tribus a rejeté l’offre et manifesté du même coup son opposition au projet de terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) sur l’île Lulu au sud de Prince Rupert.
Les membres de la Première Nation Lax Kw’alaams ont ainsi fait le choix de protéger leurs terres sacrées. Ils ont également fait le choix de préserver les valeurs sociales, culturelles et économiques qui sont liées à leur environnement.

Si, au Canada, la loi autorise les projets de construction sur les terres appartenant aux tribus natives, même sans leur consentement, les Lax Kw’alaams n’ont jamais signé, à l’époque de la colonisation, de traités de cession à la Couronne de leurs terres et de leurs droits en échange de réserves, d’annuités et du maintien de leur droit de chasse et de pêche sur les terres publiques inoccupées. Ils ont donc pu refuser les avances de la multinationale.
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L’année dernière, néanmoins, la Cour suprême du Canada a statué en faveur des minorités autochtones. Elle a rendu un jugement sans précédent en accordant pour la première fois un titre ancestral autochtone sur un territoire. La Première Nation Tsilhqot’in a obtenu le droit de gérer un territoire de plus de 1750 kilomètres carrés.
Pour autant, Petronas n’a pas dit son dernier mot en ripostant par le biais de contre-études environnementales sur lesquelles l’Agence environnementale canadienne doit remettre son avis. Le projet pourrait donc encore aboutir.
De même, le vote des Lax Kw’alaams n’empêchera pas forcément la compagnie de construire son terminal maritime et son usine sur l‘île Lulu. Cette dernière est en effet une terre de la Couronne. La province a donc en principe le droit d’en disposer. Or, le projet est soutenu par le gouvernement provincial.
Ensuite, même si la Première Nation prouvait qu’elle détenait un titre autochtone du site, un précédent de la Cour suprême du Canada donne le droit à la province d’outrepasser cette revendication.

Enfin, 59 Premières Nations sont localisées le long du pipeline de gaz naturel qui doit s’étendre sur 900 kilomètres depuis Hudson’s Hope jusqu’au futur terminal maritime sur l‘île Lulu. Cinq d’entre elles ont déjà déclaré publiquement avoir signé un accord avec le gouvernement de la Colombie-Britannique.
A l’heure où les questions environnementales commencent à agiter les consciences, les Lax Kw’alaams ont pour leur part choisi leur camps et lancé un signal fort et symbolique à toutes les communautés autochtones du monde qui se battent pour faire valoir leurs droits.
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