Urbanisation, le lieu de vie de deux habitants sur trois
Artificialisation, pollution, inondations...
Depuis 2007, l’humanité vit pour la première fois majoritairement en ville. Un phénomène mondial hétérogène, tant la qualité de vie est différente à Copenhague et à New-Delhi. Mais un mode de vie lié aux grand enjeux climatiques et de pollution, à l’échelle de la planète. Focus sur l’urbanisation.

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Urbanisation : partout dans le monde
Selon l’ONU, en 2050, les deux tiers de l’humanité vivront en ville (soit 6,7 milliards d’habitants), contre la moitié aujourd’hui (4,2 milliards d’habitants), 30% en 1950 (746 millions d’habitants).
Dans certains pays, jusqu’à 80% de la population vivra en ville. Au total, 43 villes compteront plus de 10 millions d’habitants, contre 33 aujourd’hui.
90% de cette augmentation aura lieu en Afrique et en Asie, dont un tiers dans trois pays :
- l’Inde (416 millions de citadins supplémentaires),
- la Chine (255 millions),
- le Nigeria (189 millions).
New-Delhi sera la plus grande mégapole au monde (43 millions d’habitants dès 2035), devant Tokyo (37 millions d’habitants aujourd’hui) et Shanghai (34 millions d’habitants en 2050). Dacca, au Bangladesh, sera la quatrième mégapole mondiale (31 millions en 2050).
Le Caire sera la cinquième mégapole mondiale et la ville la plus peuplée d’Afrique (28,5 millions en 2050).
Quels sont les effets de l’urbanisation ?
Urbanisation en France
En France, 9,3% du territoire est artificialisé, se situant dans la moyenne haute des pays européens. « Atteindre l’objectif de zéro artificialisation nette » était une mesure phare du “plan Biodiversité” présenté en 2018 par le gouvernement : compenser toute nouvelle artificialisation de terres, par la restitution de l’équivalent à la nature.
En 2020, à la suite des travaux de la Convention Citoyenne pour le climat (qui proposait
d’interdire toute artificialisation des terres tant que des réhabilitations ou friches commerciales, artisanales ou industrielles sont possibles, et de stopper les aménagements de zones commerciales périurbaines), le chef de l’État s’était prononcé en faveur d’un moratoire sur les nouvelles zones commerciales à la périphérie des villes.
Artificialisation des terres
Tous les dix ans dans l’Hexagone, l’équivalent d’un département de la dimension des Yvelines (228 400 hectares) est bétonné, soit un rythme annuel de 60 000 ha.
Or, l’artificialisation des sols réduit d’autant des services qu’ils rendent : réserve de biodiversité, régulateur des pluies, piège à CO2. Et bien sûr, terres agricoles : aujourd’hui, près d’un fruit et légume consommé en France est importé.
Les dangers de l’urbanisation face aux aléas naturels
Les séismes
Le séisme est l’aléa naturel qui, à ce jour, provoque le plus grand nombre de victimes chaque année :
Au Japon, en 1995, le séisme de Kobé (magnitude 7) avait fait 6 400 morts et 40 000 blessés. Le 11 mars 2011, celui de Tôhoku (magnitude 9) a été à l’origine du tsunami qui a coûté la vie à plus de 15000 personnes et provoqué l’accident nucléaire de Fukushima.
Comparer le bilan de ces deux séismes n’a pas grand sens, au regard des constructions parasismiques au Japon depuis 1995. A magnitude égale, un séisme ne fait pas le même nombre de victimes : en 2010 en Haïti, le séisme de magnitude 7 a fait 300 000 victimes.
Néanmoins, des villes telles que Mexico, Jakarta, Manille, Istanbul, Téhéran, San Francisco sont situées sur une faille sismique.
Les inondations
Un Français sur quatre vit en zone inondable : crues, épisodes météo violents, tempêtes.
Les crues
Bien des grandes villes sont situées en bordure d’un fleuve : selon le CEPRI (le Centre Européen de Prévention du Risque d’Inondation), le XXe siècle a été “plus calme », ce qui “n’est pas vraiment normal”, nos grandes villes ayant connu deux à trois crues par siècle entre le XVe et et XIXe siècle. Les crues font partie de la vie de villes, en dépit de l’aménagement des berges.
Aujourd’hui, l’imperméabilisation des sols par leur bétonisation, et les événements météorologiques brutaux (orages) liés au réchauffement climatique, augmentent la probabilité d’inondations.
Parmi les régions françaises exposées, les Alpes-Maritimes et le Vaucluse, en l’occurrence Avignon, Orange et Cavaillon.
Les épisodes cévenols
A la fin de l’été, l’air surchauffé en provenance d’Afrique du Nord se charge d’humidité au-dessus de la Méditerranée : bloqué par le relief, il remonte pour former des nuages orageux.
Le 3 octobre 2015, entre Cannes et Biot, il est tombé l’équivalent d’un mois de pluie en une heure. En octobre 2020, c’est l’arrière-pays niçois qui a été ravagé par l’intensité du phénomène, la Vésubie voyant sa cote passer de 50 cm à 8 mètres, avec un débit dans la vallée de 2600 m3/s.
Les tempêtes
En février 2010, la tempête Xynthia balaya depuis la côte Atlantique jusqu’à l’Allemagne. Bilan, 59 morts (dont 35 dans le seul département de la Vendée, 29 sur la commune de La Faute-sur-Mer) : outre la conjonction de la tempête et le fort coefficient de marée, la majorité des victimes habitaient sur des terrains qui servaient autrefois à l’activité pastorale et n’étaient pas habités à l’année.
Depuis, ces “zones noires” classées d’”extrême danger” sont retournées à l’état naturel, soit un tiers des habitations de La Faute-sur-Mer.
La montée du niveau de la mer
Lié au réchauffement climatique lui-même d’origine anthropique, l”élévation du niveau des mers compromet le trait de côte de plus d’un pays. Aux Pays-Bas, la technologie a montré ses limites : le plan Delta du maintien de trait de côte d’ici à 2050 a été révisé au profit d’un réaménagement urbain de l’axe Amsterdam-Rotterdam, incluant la ré inondation de certains polders et le déménagement de populations.
Au Vietnam, l’affaissement du delta du Mékong est une urgence environnementale : selon une étude néerlandaise de 2019, ce grenier à riz du pays au bord duquel vivent 21 millions d’habitants, est à 0, 8 mètres seulement au-dessus du niveau de la mer. En cause, l’urbanisation, l’extraction massive de sable, l’exploitation intensive d’eaux souterraines. Au point que le troisième plus grand delta du monde pourrait disparaître au cours du siècle.

Urbanisation et pollution atmosphérique
Selon l’OMS, neuf personnes sur dix dans le monde respirent un air trop pollué par les particules fines : alors que la valeur maximale recommandée est de 20 microgrammes de particules fines par mètre cube, sa concentration est de 290 µg/m3 à New Delhi, coûtant dix ans d’espérance de vie à ses habitants, les deux autres villes les plus polluées au monde étant Dakar et Mumbai.
Dans son dernier rapport, l’Agence européenne de l’environnement alerte sur le “tueur invisible”
qu’est la pollution atmosphérique : globalement trop élevée, elle est responsable de 500 000 décès prématurés par an.
En Europe, en mai 2021, les villes les plus polluées aux particules fines étaient :
- Milan (40 µg par m³),
- Paris (35 µg par m³)
- Londres (21 µg par m³)
(site Stastista)
Urbanisation et catastrophes technologiques
Chaque année, les catastrophes technologiques et incendies industriels font moins de 10 000 victimes au monde, soit 15 fois moins que les risques naturels. Pour autant, en 2001, l’explosion de l’usine AZF de Toulouse avait tué 31 personnes et blessé 2500 autres.
En région parisienne, dix millions de tonnes de matières classées dangereuses sillonnent annuellement les réseaux routiers et ferroviaire. Sans compter les 3000 km de canalisations souterraines de gaz. Et sans oublier l’arrivée de la 5G et de ses risques potentiels sur la santé.
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