Le tryptophane, le garant de nos nuits et de nos jours
Malgré son appellation barbare et sa réputation sulfureuse, le tryptophane est un acide aminé essentiel à l’organisme : il est le précurseur de la sérotonine, l’hormone qui régule l’influx nerveux dans le cerveau.

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Le rôle du tryptophane
Être le précurseur de la sérotonine
La sérotonine est l’hormone qui régule les influx nerveux dans le cerveau. Elle agit sur le système nerveux central. La sérotonine, c’est notre sommeil, mais aussi notre équilibre psychique : état de stress, d’anxiété, de dépression jusqu’aux tendances suicidaires, de troubles sexuels ou de comportements alimentaires.
Par ailleurs, nous avons sommeil à la tombée de la nuit, non seulement parce que nous avons une journée dans les jambes, mais parce que la glande pinéale, située à la base de notre cerveau, secrète avec la baisse de la luminosité, de la mélatonine. Le tryptophane est également le précurseur de la mélatonine.
Mais le tryptophane est également le précurseur d’autres neurotransmetteurs et produits chimiques du système nerveux central que sont la dopamine, la norépinéphrine, la bêta-endorphine.

L’équilibre psychique et physique
Sommeil, humeur, dépression, mémoire, capacité à apprendre, mais aussi appétit, comportement sexuel, température corporelle, fonctions cardio-vasculaires, les contractions des muscles squelettiques, régulation des hormones endocriniennes, la coagulation du sang : le tryptophane via la sérotonine est multifonctions.
Un acide aminé qui se fait rare
Il est en très petite réserve dans l’organisme, et fait face à une barrière au niveau du cerveau.
Le tryptophane est l’acide aminé essentiel le moins abondant dans l’alimentation : entre 0,25 g et 1,5 g par jour pour une alimentation normale : alors que le foie ne dispose que d’une réserve très faible de tryptophane.
De plus, le cerveau est protégé par une barrière hémato-encéphalique, contre les toxines et les excès en nutriments. Mais ce bouclier crée une vraie déperdition de tryptophane : les molécules de transport de la sérotonine servent aussi à véhiculer d’autres acides aminés essentiels. Or, quand elles entrent en concurrence, c’est toujours au détriment de la sérotonine.
En somme, la gestion du tryptophane par l’organisme est une vraie gestion de la rareté, alors que son rôle est vital.
Le tryptophane, une substance interdite pendant dix ans
En 1989 aux États-Unis, le tryptophane jusqu’alors répandu en compléments alimentaires en vente libre a été interdit : une préparation par la suite identifiée comme issue d’une usine japonaise, où une bactérie s’était introduite, avait provoqué une épidémie de myalgie dont 12 cas mortels. L’Europe avait également adopté cette interdiction.
Aujourd’hui, les sites internet vantant le tryptophane en compléments alimentaires sont légions. Leur argument de vente : leur conformité avec la réglementation européenne. En termes de santé, cela n’est pas suffisant : ces compléments « sérotoninergiques » créent une dépendance et l’effet parfois inverse à celui escompté. Or, on ne pratique pas l’automédication avec son système nerveux central. Fuyez-les à tout prix.
Le tryptophane dans l’alimentation, la bonne et la mauvaise
Les apports journaliers nécessaires en tryptophane sont de 500 et 2 000 mg par jour. Les aliments les plus riches sont les volailles, le poisson, les œufs, les produits laitiers, autrement-dit les produits d’origine animale. Certains fruits (la banane, la noix de coco, l’amande) en contiennent également, de même que le chocolat.

Les protéines ? Inutile de forcer sur celles-ci pour augmenter sa dose de tryptophane : les cinq acides aminés qui entrent précisément en concurrence avec le tryptophane seront d’autant plus présent !
Autre non-solution… la malbouffe. Lorsque vous mangez des pizzas-sucreries-crèmes glacées, le taux d’insuline libéré pour faire baisser le taux de sucre dans le sang, y libère aussi les acides aminés qui entrent en concurrence avec le tryptophane. Celui-ci a alors la voie libre, pour franchir la barrière hémato-encéphalique. On reconnaît le rôle de ces aliments sur l’impression de bien-être très momentané.
Quant à l’hérédité, elle semble loin d’être neutre dans notre aptitude à la bonne humeur et au sommeil réparateur : le gène régulateur de la sérotonine joue un rôle bien plus déterminant qu’une fois de plus, les poudres de perlimpinpin vendues sur internet.
Pour en savoir plus
La rédaction de Toutvert.fr vous invite à consulter les articles suivants :
- Acides aminés essentiels : le B – A – BA
- Qu’est-ce que la sérotonine ?
- Zoom sur la mélatonine
- Qu’est-ce que le syndrome de l’intestin irritable ?
- Tout savoir sur l’indice glycémique
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