Animaux sauvages

Le thon, triste emblème de la surpêche et de la dégradation des océans

Un animal parfait mais menacé

C’est l’un des plus beaux poissons au monde : un stock de protéines et de bonne chair sous forme de bête de course des océans, mis à mal par la surpêche. Et maintenant, par l’appauvrissement des écosystèmes et le réchauffement climatique. Focus sur le thon.

Le thon, triste emblème de la surpêche et de la dégradation des océans

Un animal parfait

Certains l’appellent l’animal parfait : le thon est une bête de course, qui n’a pas vraiment de prédateur naturel.




C’est un poisson océanique de la famille des scombridés (qui comprend aussi la bonite, le maquereau et le thazard) au corps fusiforme, à la peau robuste et lisse et à la grande bouche dentée.

Thon, un immense nageur

Le thon est l’un des poissons osseux les plus rapides, à même de nager à 80 kilomètres/heure. De surcroît, son cœur s’adapte rapidement à de grandes variations de température et de profondeur. S’il nage dans les eaux superficielles de 0 à 50 mètres, il est capable de plonger jusqu’à 1000 mètres.

Le thon rouge effectue ainsi des migrations de plusieurs milliers de kilomètres depuis les eaux froides de l’Atlantique où il se nourrit, aux eaux chaudes de la Méditerranée où il se reproduit. De toute façon, il nage tout le temps, même quand il dort.

L’endothermie du thon

C’est un poisson à sang chaud, qui a pour particularité d’avoir une température interne supérieure à celle de l’eau où il nage, facilement de 10 degrés. Le maintien de cette température interne indépendante du milieu où il nage ou endothermie, lui permet de nager et de chasser dans des eaux froides ou chaudes, de 3 à 30 degrés.

Sa température interne est régulée par un système d’échange sanguin appelé “rete mirabile”, littéralement “filet merveilleux” dans lequel les artères sont chacune entourées de plusieurs veines. La circulation à contre-courant de ce maillage entre artères et veines permet à celles-ci de récupérer la chaleur dissipée par celles-là.




Poids et taille du thon

Ce poisson consomme beaucoup d’énergie à nager : en moyenne un tiers de son poids toutes les 24 heures jour. Or, un thon peut peser jusqu’à 900 kilos, soit un poids supérieur à celui d’un cheval. Les plus gros spécimen peuvent mesurer 3 mètres !

A noter : taille et poids dépendent des espèces et des zones géographiques.

Le thon : un poisson au sommet de la chaîne alimentaire

Situé en haut de la chaîne alimentaire, il a peu de prédateurs connus hormis l’orque. Le thon est un prédateur vorace, qui se nourrit principalement de petits poissons pélagiques, anchois, sardine, hareng, lançon, sprat, maquereau, mais aussi de calamars, crevettes et crabes pélagiques.



Les principales espèces

Thon rouge

Emblématique de la Méditerranée et de la surpêche , cette espèces comprend en réalité trois espèces :

  • le thon rouge du Nord (Thunnus thynnus) ou thon rouge de l’Atlantique ou de Méditerranée plus au Sud,
  • le thon rouge du Pacifique (Thunnus orientalis)
  • et le thon rouge du Sud (Thunnus maccoyii).

Menacé de disparition par une surpêche d’une quinzaine d’années, ce poisson a vu ses stocks se reconstituer grâce à des quotas de pêche régionaux. Néanmoins, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) avertit que cette meilleure santé des stocks de thons rouges intervient dans un contexte de fragilisation globale des autres espèces, le requin ou la raie.

De surcroît, la labellisation “pêche durable” du stock de thons rouges de l’Atlantique Est par le MSC (Marine Stewardship Council) inquiète les ONG, ce d’autant que cette pêche durable est réalisée par des pêcheries japonaises.

Thon - Pêche à la senne, filet de chalutiers
Pêche à la senne

Thon jaune ou albacore

Avec sa chair tendre et rosée, le Thunnus albacares ou yellowfin est de plus en plus pêché. Il n’existe pas de taille minimale de pêche, et ses captures ne font pas toujours l’objet de déclarations en bonne et due forme, celui-ci étant parfois déclaré comme étant du thon obèse. Ce poisson de plus de 200 kilos est ainsi la deuxième espèce de thons la plus pêchée au monde, avec près de deux millions de tonnes par an.

L’albacore est essentiellement pêché dans :




  • l’océan Pacifique (60 %),
  • puis l’océan Indien (30 %)
  • et dans l’océan Atlantique (10 %).

Il est capturé principalement à la senne. Son exploitation est partout croissante depuis plus de 50 ans.

L’albacore peut atteindre 200 kg et mesurer 2,50 m à l’âge adulte. C’est une espèce migratrice qui peut se regrouper avec d’autres thonidés par banc de même taille.

Thons en bancs serrés
Bancs de thons

Thon blanc ou germon

Le thon blanc ou germon (Thunnus alalunga) est considéré comme le plus noble des thons, en raison de la finesse et de la fermeté de sa chair. C’est aussi le plus petit, pesant en moyenne une vingtaine de kilos, exceptionnellement une quarantaine de kilos pour 1,10m.

Hormis dans l’océan Indien, la gestion de pêche aux thons germons est estimée durable.

Ce poisson est principalement pêché:

  • dans l’océan Pacifique (60 %),
  • dans l’océan Atlantique (21 %)
  • et l’océan Indien (18 %).
  • Les captures sont très faibles en Méditerranée (1 %).

L’Espagne est le principal pays pêcheur de germons. La production française (9 228 tonnes en 2018, Polynésie française incluse) est très saisonnière, avec l’essentiel des débarquements enregistré entre les mois d’août et octobre, les captures françaises provenant essentiellement du stock Nord de l’Atlantique nord.

Thon obèse, celui des conserves

Comme son nom l’indique, c’est le plus gros des thonidés. Sa faiblesse est de vivre en bans, y compris d’autres espèces. Consommé en conserve et en sashimis, le thunnus obesus ou « patudo » est menacé de disparition d’ici à 2030.

Absent de la Méditerranée, le thon obèse était, jusqu’à présent, principalement pêché par l’Équateur, qui exploite les stocks du Pacifique. En Europe, ce poisson fait pour moitié l’objet de prises accessoires. Mais les conserves et sashimis japonais le mettent aujourd’hui à mal, capturé au stade de juvénile.




Thon : première pêche au monde

Avec 5 millions de tonnes de thons pêchées chaque année, c’est le premier poisson pêché au monde. C’est aussi le premier poisson consommé en boîtes de conserve.

Selon l’UICN, malgré une amélioration globale à l’échelle des espèces, de nombreux stocks régionaux de thons restent gravement appauvris. C’est le cas du thon rouge du Pacifique, qui ne compte plus que 5% de sa biomasse d’origine.

L’UICN alerte également sur l’absence de gestion globale des océans en faveur d’un gestion durable de leurs ressources. Si le thon est moins à mal régionalement par les quotas de pêche, son environnement se dégrade. Dégradation de l’habitat et réchauffement climatique sont désormais les deux autres pressions qui pèsent sur cet animal et, plus globalement, l’ensemble des espèces marines.

Une tradition nipponne

A Tokyo, la vente aux enchères de thon du Nouvel An est une tradition. En 2022, un spécimen de 211 kilos a ainsi atteint la coquette somme de 129 000 euros, une enchère modeste au regard du record de l’année 2019, avec un thon de 278 kilos pour 2,7 millions d’euros. Remporter ces enchères porte bonheur, agrémentée de beaucoup de publicité pour le restaurateur acquéreur.

Un porte bonheur en danger d’extinction : si le Japon a approuvé un plan de reconstitution de stocks du thon rouge d’ici à 2034, celui-ci est réduit de 96%.

Pascale

Née en 1960 à Dakar au Sénégal, Pascale est toujours un peu cet enfant qui a grandi au bord de la mer, même si elle vit aujourd’hui à Paris. Les obligations professionnelles de ses parents l’ont amené à voyager à travers le monde et à rejeter le matérialisme pour se concentrer sur l’humain. Quand elle arrive en France pour faire Sciences Po Paris, c’est un grand décalage qui l’attend. Elle conforte alors sa vision de la vie aux autres jeunes gens de son âge. Elle s’habitue à ce nouveau rythme, mais c’est la perpétuelle recherche du « reste du monde » qui la guide et la mène au journalisme. Elle découvre la radio, elle collabore d’ailleurs toujours à Radio Ethic, puis le média web. Ses domaines de prédilection : le sport, pour sa dimension d’échanges et partages, et l’écologie bien sûr. Elle la vit au quotidien en se déplaçant à bicyclette et trouvant toujours une astuce récup’ pour ne pas acheter neuf inutilement. Elle rejoint l’équipe de Toutvert.fr en 2016, dont elle devient rapidement un pilier central !

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