En 2005, l’Organisation Mondiale de la Santé reconnaissait la spiritualité comme une dimension de la santé. Entre cheminement intérieur et quête de sens, la spiritualité est aussi bien une notion profonde que fourre-tout. Et pour vous ?

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Spiritualité et philosophie : définition
Dans son ouvrage Matière et Mémoire (1896), le philosophe Henri Bergson a exploré cette interrogation majeure de la relation entre le corps et l’esprit. Très au fait des connaissances médicales d’alors sur le cerveau, il en analyse les fonctions et celles de la mémoire.
Dans cet ouvrage majeur ainsi que dans La Pensée et le mouvant (1934), sa déduction est que “l’esprit tire de lui-même plus qu’il n’a, la spiritualité est cela même.” Ainsi selon Bergson, ce dépassement de soi qu’est la spiritualité est un processus.
Ce processus a deux éléments fondamentaux : la spiritualité est toujours en inadéquation avec l’esprit, au-delà ou en-deçà. Et s’inscrit dans une temporalité.
Spiritualité et science
Le père de l’équation E = mc2 et co-auteur de la lettre à Roosevelt qui enclenchera le projet Manhattan de la bombe atomique, Einstein cherchait à percer le secret de la Création : « Je veux savoir comment Dieu a créé ce monde. Je ne m’intéresse pas à tel ou tel phénomène, au spectre de tel ou tel élément. Je veux connaître les pensées de Dieu, le reste ce sont des détails. »
La raison de cette recherche ? S’il ne croyait pas aux Dieux des religions monothéistes (“Le mot Dieu n’est pour moi rien d’autre que l’expression et le produit des faiblesses humaines”), la spiritualité du physicien était cosmique. Quasiment visionnaire. ”L’être humain est partie d’un tout que nous appelons l’univers”.
Quand on n’est pas Einstein ? “ »Nous faisons l’expérience de nous-mêmes, avec nos pensées, nos sentiments, nos perceptions, comme si nous étions une entité distincte et séparée du reste. Mais ceci est une illusion d’optique de la conscience et cette illusion devient notre prison. (…) La vraie valeur d’un être humain se mesure à la capacité qu’il a à se libérer de ses limites et à vivre la totalité, la valeur infinie, illimitée de l’Être.”
Spiritualité et le Dalaï Lama
Évidemment, quand on pense spiritualité, on pense à lui. Pour le Dalaï Lama, le lien est évident entre physique quantique (sur laquelle butait Einstein) et spiritualité. Dans le bouddhisme tibétain, les atomes de notre corps contiendraient une partie de la poussière d’étoiles avec laquelle l’univers s’est créé.
De ce fait, nous serions biologiquement connectés à n’importe quel être en vie. Invisible, notre énergie et les atomes de notre corps sont reliés au reste de l’univers et sensibles à nos pensées, émotions et actes.
Spiritualité au microscope
Allez savoir. En tous les cas, voici dix ans, des chercheurs de l’Université de Wisconsin-Madison ont soumis à l’imagerie médicale le cerveau de mines tibétains. Résultat, les zones du cerveau de ces moines entraînées à la perception des émotions étaient très actives.
Apparemment, la méditation et l’aptitude à éviter le désir, celui-ci engendrant attentes et déceptions, mais aussi l’auto-compassion, celle-ci source d’énergie au lieu de se polariser sur ses défauts, développerait certaines capacités cérébrales.

Spiritualité selon l’OMS
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle-même reconnu le rôle de la spiritualité dans la santé : c’est « la perception d’un individu de la vie dans le contexte de la culture et des systèmes de valeurs de la société et en relation avec les objectifs, les attentes, les normes et les préoccupations de l’individu ».
De fait, une personne malade ne s’assimile pas à sa pathologie. Elle reste une personne. Ce qui n’empêche pas les interrogations : quel est le rôle réel de la spiritualité sur une pathologie ? N’y a-t-il pas le risque de médicaliser la spiritualité ?
Spiritualité et nous…
Nous y voilà. Lire Bergson et comprendre Einstein, pas si simple. Quoi de commun entre leur pensée élevée et notre propre perception de nous-même et du monde ?
Parmi les certitudes, la spiritualité est a priori en contradiction avec notre monde frénétiquement connecté et certains diktats comportementaux.
Cette quête de soi peut prendre des chemins très variés, seul(e) ou collectivement, en lien ou non avec une pratique religieuse ou de la méditation, une activité physique ou non. Mais pas forcément, le dépassement de soi est une démarche, pas de l’alpinisme.
Elle est également personnelle, sans se faire influencer. Les vendeurs de spiritualité ne rendent service qu’à eux-mêmes. Une démarche spirituelle n’a pas pour objectif de se faire escroquer, mais au contraire de ne pas être dupe, ni de soi, ni des autres.
Spiritualité et conscience
Selon notre âge et les circonstances de la vie, notre conscience connaît différents états. Enfant, nous sommes préoccupés par la découverte du monde. Notre conscience en est au stade primitif.
Puis vient l’éveil de la sociabilité, caractéristique de l’adolescence et du jeune adulte, soucieux d’appartenir au groupe. Se mettent alors des schémas comportementaux faisant entrer des codes vestimentaires, de langage, de références culturelles, etc. Il faut aussi s’affranchir et affirmer son « moi » pour se libérer de la tutelle parentale.
Serait-ce que la spiritualité est réservée aux adultes, voire aux seniors ? Pas vraiment. La maîtrise de ses émotions et la quête de sens sont une attitude de vie, sachant que l’on peut progresser ou régresser selon ce que l’on vit.

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