Jardin et potager

La sphaigne : amie du jardinier, ennemie de l’écologie ?

Une petite plante sur le devant de la scène

En Europe, la sphaigne se constitue sur des milliers d’années, au point que la prélever dans la Nature pour les seuls bienfaits de notre jardinage paraît bien dérisoire. Avant d’en acheter, regardons quelle est cette sorte de mousse, matière vivante des tourbières.

La sphaigne : amie du jardinier, ennemie de l’écologie ?

Sphaigne, qu’est-ce que c’est ?

La sphaigne (Sphagnum) est un genre de mousse végétale de la famille des Sphagnaceae. Elle pousse dans les milieux humides que sont les marais, marécages, landes humides, zones rocheuses suintantes et bien sûr, tourbières.




Elle comprend environ 3000 espèces différentes, dont une trentaine sont répertoriées en France.

Les tourbières

Une tourbière est une zone humide colonisée par la végétation. L’eau stagnante de la tourbière prive les micro-organismes (champignons et bactéries) d’oxygène si bien que les végétaux morts se décomposent très lentement. Cette couche de végétaux incomplètement dégradés forme la tourbe.

L’épaisseur d’une tourbière varie de 50 centimètres à une dizaine de mètres. De façon exceptionnelle, la réserve naturelle qu’est la tourbière de la Grande Pile, au pied des Vosges dans la région des Mille Etangs, a une épaisseur de 19 mètres.

Sphaigne vivante : Tourbe blonde et tourbe brune

La partie émergée de la sphaigne continue de se développer, pendant que sa partie immergée se décompose. Si bien qu’elle est à la fois la partie vivante de la tourbière et sa couche superficielle en décomposition, appelée la tourbe blonde. Cette tourbe blonde à la décomposition incomplète est la tourbe la plus jeune (entre 3000 à 4000 ans) à la décomposition incomplète, la tourbe brune correspondant à la décomposition plus ancienne (plus de 5000 ans). Les couches plus anciennes correspondent respectivement au charbon et au pétrole.

Les propriétés de la sphaigne

Bryophyte

C’est une mousse ou bryophyte qui n’a connu que très peu de modifications au cours des millénaires. Au monde, la plupart des tourbières se sont formées au lendemain de la dernière grande glaciation, il y a environ 12 000 années.




Puits de carbone

Elle joue un rôle important dans la Nature, de régulateur et de filtration de l’eau. Mais elle est surtout un important réservoir du carbone sur Terre.

Etonnante rétention d’eau

La sphaigne a une capacité de rétention d’eau étonnante, équivalant à environ vingt fois sa masse. Un seul kilo est capable d’absorber 20 litres d’eau.

Cette étonnante capacité est due à sa double composition de cellules. Dans la partie haute de sa tige, la sphaigne est composée de cellules chlorophylliennes ou chlorocystes, qui sont autant de cellules vivantes.



Dans sa partie basse, la sphaigne est composée de cellules hyalines ou hydrocystes. Ces cellules mortes continuent de stocker de l’eau, grâce à des poches qui restent étanches après la mort de la cellule.

Elasticité

La sphaigne desséchée ne casse pas, grâce à ses membranes internes verticales, qui jouent comme des renforts. Elle est également très élastique, ce qui l’empêche de se compacter.

Le pH du sol

Bien que pauvre en éléments nutritifs, elle augmente la capacité d’un sol à conserver un pH stable, ce qui favorise l’absorption par les plantes, des éléments nutritifs présents dans le sol.

La sphaigne limite également le lessivage des sols, qui conservent également leurs éléments nutritifs. Par ailleurs, grâce à son pH bas, elle apporte de l’acidité à un sol calcaire.

Pourquoi utiliser la sphaigne ?

La sphaigne est réputée limiter l’arrosage et assouplir le sol. Par son équilibrage du pH de celui-ci, elle dispense aussi du recours à l’engrais ou au terreau, avec lequel elle est, du reste, incompatible.

Sphaigne au jardin, pots de fleurs, géranium, mur en pierres
Attention à son emploi massif au jardin




Bordures et rocaille

En bordure de jardin, de massifs ou de rocailles, précisément là où la terre est plus difficile à travailler et a tendance à se tasser, elle permet de conserver une terre plus souple et dispense du recours annuel au terreau.

Coté pelouse

Si vous avez une pelouse fleurie ou un gazon, elle permet d’en limiter l’arrosage et enracine les graines.

Au potager

Au potager, elle permet de réduire l’arrosage jusqu’à 50 %, enracine les végétaux, stimule la reprise des plants de légumes et permet d’obtenir une production plus importante.

Sphaigne et orchidées ?

Elle s’utilise également pour les plantes d’intérieur en pots, dont la terre tassée manque d’aération.

Les orchidées sont vendues avec pour substrat, un mélange d’écorce de pin et de tourbe. Or, cette boule de sphaigne qui conserve l’eau peut faire pourrir les racines de l’orchidée. Concernant le bon ménage entre sphaigne et orchidées, il y a donc des avis divergents.

Sphaigne et écologie

La sphaigne fait partie d’un écosystème unique, résultat d’un processus qui s’étale sur des milliers d’années. Les zones humides étant mises à mal, il n’est pas du tout certain que le recours à cette mousse pour son cher jardin soit le geste le plus écologique qui soit.

Par quoi remplacer la sphaigne ?

Si vous décidez de végétaliser un mur ou un toit, vous aurez besoin de sphaigne, précisément au regard de ses propriétés en matière de rétention d’eau.

En ce cas, il est conseillé d’opter pour la sphaigne du Chili, de Chiloé du nom de cette île pluvieuse au sud du Chili d’où elle est originaire, essence qui présente les mêmes propriétés que la sphaigne européenne, mais qui se renouvelle en quatre ans, soit sans avoir d’impact écologique sur l’environnement.

Jardin sans eau
Prix mis à jour le 30-09-2023 à 8:15 AM.

Pascale

Née en 1960 à Dakar au Sénégal, Pascale est toujours un peu cet enfant qui a grandi au bord de la mer, même si elle vit aujourd’hui à Paris. Les obligations professionnelles de ses parents l’ont amené à voyager à travers le monde et à rejeter le matérialisme pour se concentrer sur l’humain. Quand elle arrive en France pour faire Sciences Po Paris, c’est un grand décalage qui l’attend. Elle conforte alors sa vision de la vie aux autres jeunes gens de son âge. Elle s’habitue à ce nouveau rythme, mais c’est la perpétuelle recherche du « reste du monde » qui la guide et la mène au journalisme. Elle découvre la radio, elle collabore d’ailleurs toujours à Radio Ethic, puis le média web. Ses domaines de prédilection : le sport, pour sa dimension d’échanges et partages, et l’écologie bien sûr. Elle la vit au quotidien en se déplaçant à bicyclette et trouvant toujours une astuce récup’ pour ne pas acheter neuf inutilement. Elle rejoint l’équipe de Toutvert.fr en 2016, dont elle devient rapidement un pilier central !

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