Alors que sa version domestiquée fait l’objet d’un élevage intensif qui finit en tranches de jambon sous cellophane, son cousin de sanglier sauvage prolifère aujourd’hui dans nos forêts et ruine nos terres cultivées. Foi d’animal !
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Quelle est la famille du sanglier ?
Astérix et Obélix…
On a envie de dire que le sanglier fait partie de la famille d’Astérix et surtout d’Obélix,
dont après le légionnaire romain, il est l’autre mets de choix. Son image de retour de la giboyeuse
forêt les bras chargés de sangliers a imprimé dans notre imaginaire le plat de résistance
de nos ancêtres les Gaulois. Erreur, c’étaient pourtant les romains, qui mangeaient de cette viande,
très peu les gaulois.
Sa domestication
Il n’empêche, le sanglier est le spécimen parfait pour les archéozoologues, soucieux de dater
avec plus de précision les débuts de la domestication : en 2020, des chercheurs du CNRS et du
Muséum national d’Histoire naturelle ont démontré le rôle de la captivité sur le “calcanéum”,
un os du tarse (la partie postérieure du squelette du pied), étrangement plus développé
chez les sangliers en captivité.
Un os qui résiste bien à sa fossilisation : quand on en trouve, on sait ainsi s’il s’agit de celui d’un
sanglier domestiqué ou non.
Les suidés
Alors, de quelle famille, ce gros mammifère des forêts européennes ? De son nom scientifique “Sus scrofa “,
il est de celle des “Suidés” que sont les mammifères ongulés “artiodactyle » (un nombre pair de doigts à chaque patte) et non-ruminants, famille qui comprend aussi le phacochère et le pécari.
Sanglier et cochon
Oui ! Un moment déclassé au rang de sous-espèce du sanglier, le cochon est d’ailleurs son égal, “sus domesticus”. La preuve qu’ils sont de la même famille par l’interfécondité : ce qui donne un anglochon, lorsque celui-ci est issu d’un mâle sanglier et d’une truie, et un cochonglier, s’il l’est d’un mâle cochon et d’une laie, cette dernière étant la femelle du sanglier.
La différence entre un cochon rose à la queue en tire-bouchon et le sombre sanglier à la peau dure tient à leur mode de vie.
Qui est la femelle du sanglier ?
La femelle s’appelle donc la laie, tandis que celle du cochon est la truie.
Description du sanglier
Sanglier géant : pas de chez nous
Impressionnant, que le Sus Scrofa Attila, mais ce sanglier géant de 300 kilos voire plus, ne se trouve pas chez nous. Il vit principalement dans les forêts de Turquie (également d’Albanie, d’Ukraine). Il faut dire que les turcs étant musulmans, ils ne mangent pas de viande de porc : ce sanglier en grossit d’autant.
Quels sont le poids et la taille du sanglier ?
En France, il pèse en moyenne une centaine de kilos (entre 90 et 150 kg) pour une longueur de 140 à 165 cm, la laie étant plus petite (de 70 à 80 kg pour 125 à 145 cm). Déjà plus raisonnable.
Ses soies
A sa naissance, le marcassin arbore une pelisse rayée qui lui sert de camouflage. Elle vire au roux vers le quatrième mois, puis au noir vers le dixième mois.
Un pelage dru ou soies, qui nous sert à fabriquer des brosses à cheveux de bonne qualité, moins cassantes pour les démêler car elles conservent la kératine des poils du sanglier.
Ses mâles attributs
Est-ce un mâle ou une laie ? Au détour d’un chemin forestier, selon l’âge du sanglier, sa taille n’est pas toujours un critère. Alors, soyez voyeur : en été où son pelage est ras, les attributs mâles s’affichent, ses suites (testicules) étant de proportions importantes et visibles car situés sous l’anus et non pas entre les cuisses.
Quant à son pinceau pénien, il forme une touffe.
Sa hure
Sa grosse tête triangulaire ou hure se termine par son nez caractéristique ou boutoir. On parle plus volontiers de groin pour le cochon. Dans les deux cas, il lui sert à fouir pour se nourrir.
Ses défenses
Autre signe distinctif entre les deux sexes, les longues canines du mâle, qui lui sortent du boutoir : les inférieures sont les défenses, les supérieures les grès, celles-ci également tournées vers le haut. Ces canines poussent en permanence, le sanglier aiguisant ses défenses comme une paire de ciseaux, par le frottement sur ses grès.
Son mode de vie
Pour se protéger, le sanglier vit la nuit : le jour, il dort caché au creux d’un fourré ou bauge. Son milieu prédilection reste les sous-bois et forêts mixtes ou de feuillus, humides avec des points d’eau.
Mais au regard de sa grande faculté d’adaptation, il est ubiquiste : s’il est quasiment l’emblème de la Sologne, on le retrouve aussi dans les landes et marais (la Camargue), à la limites des alpages (la neige lui étant une frontière) et dans la sécheresse méditerranéenne (le maquis corse). Et désormais, dans les champs cultivés, surtout s’il s’agit de colza, maïs et moutarde.
Que mangent les sangliers ?
Cet animal est surtout un herbivore. Ce fouisseur aime les bulbes (des iris et orchidées), racines, rhizomes, tiges de plantes herbacées, et feuillages de graminées. Ses fruits préférés sont les glands, châtaignes et faînes (le fruit du hêtre) : il en fait une telle gourmandise, qu’ils peuvent représenter selon les régions et saisons, la moitié de son alimentation.
La part animale de son alimentation est plus modeste, faite d’insectes, de lombrics, de temps en temps de restes de reptiles, oiseaux, poissons, voire de chevreuils ou cerfs.
Une vie en compagnies
Cet animal vit en hardes ou “compagnies” dûment hiérarchisées, composées de la laie et de ses marcassins. Le jeune sanglier adulte y a momentanément sa place. Ensuite, il fait cavalier seul.
Quant au vieux sanglier, il est un solitaire endurci, que seule la période de rut fait retrouver le goût de la compagnie.
Une reproduction prolifique
Le mâle est polygame. La femelle donne naissance à une à deux portée par an, de cinq à six marcassins chacune. Blottis au “chaudron”, un nid de feuilles souples, ils sont sur pattes en trois mois.
Qui sont les prédateurs du sanglier ?
Sous nos latitudes, ses prédateurs sont le lynx et le loup, celui-ci désormais peu présent en Europe, malgré sa réintroduction. Quant à l’ours et au léopard des neiges, il en sont absents. Il reste le tigre, en Asie.
Le sanglier est-il dangereux ?
Chez le sanglier, la meilleure attaque est généralement la fuite. Sauf pour la laie, qui protège ses marcassins. Là, il ne fait pas bon de s’approcher de l’une et des autres.
Le sanglier, une plaie écologique ?
Dérogation pour la chasse
Lors du deuxième confinement lié à la pandémie de coronavirus, cela avait créé la polémique : les chasseurs avaient obtenu une dérogation qui les avait également dispensés du couvre-feu, pendant que tout le monde devait à nouveau se claquemurer. Motif, la régulation du grand gibier, activité essentielle.
Des dégâts forestiers et agricoles
Lorsqu’il fouisse le sol, le sanglier le retourne. Et lorsqu”il se roule dans une souille, il aère également tout le petit monde qui y grouille.
Sauf qu’en vingt ans, la population de sangliers a explosé en Europe. A qui la faute ? Cet animal qui a horreur du froid, profite des hivers plus doux. Il n’a presque plus de prédateur. Et son milieu forestier naturel, il est réduit par l’Homme. Qu’à cela ne tienne, il se rabat sur les terres cultivées, au grand dam des agriculteurs.
L’autre cochon des villes ?
Voici quinze ans, un sanglier avait même été retrouvé dans la cour intérieure de l’hôpital de Saint-Amand, dans le Nord de la France. Les espaces verts de Berlin en abriteraient plusieurs milliers. Et on en aurait vu sur les hauteurs de Barcelone.