Réfugiés climatiques, de loin les plus nombreux
Montée des eaux, sécheresse, inondation, sécheresse... les causes se multiplient
« Nous allons tous devenir des réfugiés climatiques » : le titre d’un article de presse paru voici quelques années tirait la sonnette d’alarme de façon inquiétante. Sécheresse, inondations, tsunamis, montée du niveau de la mer, les réfugiés climatiques devraient être 250 millions de personnes au total à travers le monde, d’ici à 2050.

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Réfugiés climatiques : définition et statut juridique
L’homme qui voulait devenir le premier réfugié climatique
En 2015, la Nouvelle-Zélande refuse l’asile climatique à Ioane Teitiota, ressortissant de l’archipel des Kiribati voué à être englouti par l’océan Pacifique. La requête de Ioane Teitiota est la première du genre : le climat est pour la première fois invoqué devant des tribunaux.
Si elle a été déboutée par la Cour suprême néo-zélandaise, cette première requête du genre a été en partie entendue par l’ONU : le Comité des droits de l’homme a estimé que le changement climatique représentait une grave menace pour le droit à la vie. Une atteinte aux droits fondamentaux que les juges doivent prendre en compte, en cas de contestation d’une expulsion. Un avis voué à faire jurisprudence.
Quels types de réfugiés ?
Aujourd’hui, le statut de réfugié est défini par la Convention de Genève de 1951. Celle-ci prévoit deux conditions : une “persécution” (du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques), et le franchissement d’une frontière.
Le réfugié climatique n’entre pas dans ce cadre : la deuxième condition n’est que très rarement remplie, la majorité des réfugiés climatiques ne franchissant aucune frontière. A ce jour, les déplacements pour cette raison s’effectuent au sein d’un même pays.
Réfugiés climatiques ou migrants environnementaux ?
Autre question, le lien entre le changement climatique et les catastrophes naturelles qu’il provoque (tsunamis, montée des eaux, désertification…) et ces migrations : pour le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), le changement climatique aggrave des conditions économiques déjà précaires.
La Norvège ? En 2021, la Norvège et la Suisse avaient lancé l’Initiative Nanssen adoptée par 109 États, prévoyant à partir de 2015 d’« un agenda pour la protection des personnes déplacées au-delà des frontières dans le cadre de catastrophes ».

Le Pacte de Marrakech
En 2018, le “Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières” ou Pacte de Marrakech a été adopté sous l’égide de l’ONU : un texte non contraignant , qui préserve la souveraineté des États sur leur politique migratoire. Ce que l”on appelle du “soft law” (du droit mou), au rôle au mieux incitatif à adopter d’autres politiques migratoires, dont s’étaient rapidement retirés Trump et Bolsonaro.
Les premiers réfugiés climatiques au Bangladesh
Ils furent, en tous les cas, considérés comme les premiers réfugiés climatiques : en 2005, au Bangladesh, la moitié de l’île de Bhola s’est retrouvée sous les eaux. A la suite de cette catastrophe, 500 000 personnes se sont retrouvées sans-abris.
Réfugiés climatiques à l’horizon 2050
Les projections globales
D’après le rapport de la Banque Mondiale de 2018 (Groundswell-Preparing for Interne Climate Migration ), 143 millions de personnes étaient vouées à devenir à relativement brève échéance, réfugiés climatiques.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les catastrophes climatiques pourraient provoquer le déplacement d’environ 250 millions de personnes d’ici à 2050.

L’Anthropocène
Dans sa chronique dans le journal les Échos intitulée « Nous allons tous devenir des réfugiés climatiques » (11 oct. 2018 ), l’économiste Jeffrey D. Sachs (enseignant à l’Institut de la Terre de l’université Columbia ) avait pointé le passage de l’Humanité de l’Holocène à l’Anthropocène : d’une ère de clémence climatique naturelle à son dérèglement par l’Homme.
Des catastrophes (pas toujours) naturelles
De fait, le réchauffement climatique est lié aux activité humaines : émissions de gaz à effet de serre par la combustion des énergies fossiles, déforestation à outrance, recours aux engrais chimiques, etc.
Parmi les catastrophes non naturelles qui ont conduit à un déplacement de population, l’accident nucléaire de Tchernobyl en 1986, dont le déplacement de 130 000 personnes a été source de destruction de communautés, de chômage et de dépendance aux aides attribuées.
Les zones à risques
Les trois régions du globe les premières touchées par l’impact du réchauffement climatique sont l’Afrique subsaharienne du fait des sécheresses, l’Asie du Sud et du Sud-Est exposée aux typhons et tsunamis, et les petits États insulaires face à la montée du niveau des mers.
Lors du tsunami du 26 décembre 2004, qui a frappé l’Indonésie, le Sri Lanka, la Thaïlande et le sud de l’Inde, il n’a même plus été question de réfugiés climatiques. Bilan, 250 000 morts.

L’élévation du niveau de la mer
Selon le rapport annuel 2019 du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le niveau des mers pourrait s’élever de 1,10 mètre d’ici 2100. Entraînant le déplacement de 280 millions de personnes à travers le monde… Ce dans le cas de l’hypothèse optimiste du maintien du réchauffement climatique dans les limites de +2 degrés par rapport à l’époque pré-industrielle.
Le plus grand delta du monde qu’est le Gange noiera le Bangladesh et une partie de l’Inde. Aux États-Unis, la Californie se retrouvera sous les eaux.
Quant aux îles du Pacifique, l’archipel de Tuvalu est devenu tristement célèbre, car il sera le premier à disparaître sous les eaux, suivi de près dans le Pacifique par les Kiribati, dans l’océan Indien par les Maldives, etc.
Réfugiés climatiques : et en France ?
En France, la Nouvelle Aquitaine (qui a essuyé la tempête Xynthia de 2010), le Nord- Pas-de-Calais et la Camargue seront touchés.
Les incendies
En 2017 (le 17 juin), le Portugal a connu un feu de forêt d’une ampleur jusqu’alors inconnue : l’incendie de Pedrógão Grande, premier de cette ampleur (47 morts et 500 kilomètres carrés de terres détruits) n’est pourtant pas un cas isolé : la sécheresse a rallongé la période des feux de forêts, qui s’y montent à environ 3000 par an.
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