Nous sommes souvent convaincus que la notion d’un « futur passant par le développement durable » est assez étrangère aux époques antérieures, accablées de guerres et de disettes et donc de préoccupations matérielles plus immédiates.
Nous sommes tentés de croire que le concept de « recyclage » (et d’autres pratiques similaires) tel que nous le connaissons aujourd’hui est le fruit de ces dernières années, d’un monde moderne ayant imposé à notre société le devoir de sauvegarder le futur de l’environnement pour le bien commun et celui des générations futures.
En réalité, si l’on parcourt les manuels d’histoire, certains pensaient déjà il y a de cela 80 ans, même si les motivations n’étaient pas les mêmes à l’époque, que l’idée de récupérer et de réutiliser du matériel – au sens le plus large et le plus hétérogène de l’acceptation du terme – pourrait s’avérer fondamentale pour affronter l’émergence belliqueuse.
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Ainsi, au cours de la seconde guerre mondiale, le gouvernement américain encouragea la population, à grand renfort de campagne publicitaire et de propagande spécifique, à ne rien jeter à la poubelle qui ne puisse être réutilisé. Peu importe que le motif derrière une telle action ait été la guerre. Ce qui compte, c’est le fait qu’il y a quasi un siècle, certains avaient pressenti l’importance du recyclage comme excellente stratégie pour optimiser et sauvegarder les maigres ressources à disposition tant des civils que des militaires.
Canettes, bouteilles, morceaux de caoutchouc, tissus, papier, débris métalliques de tout genre : tout, véritablement tout pouvait s’avérer utile pour participer à l’effort de guerre. Avec de la soie et du nylon, par exemple, on pouvait coudre de nouveaux parachutes, tandis que les graisses et les huiles de cuisine entraient dans la fabrication d’explosifs. Même les chiffons et les vêtements inutilisés trouvaient un nouvel usage dans l’opération laborieuse du nettoyage des machines et des ponts des bateaux de la marine militaire.
Regardez les photos des posters belliqueux sur le recyclage !
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Recycler, mettre de côté, économiser : tous et toutes étaient invités à le mettre en œuvre au quotidien. La limitation de vitesse fut abaissée à 35km/h pour économiser du carburant ; les femmes – que visaient tout particulièrement les affiches de propagande – étaient appelées à être vigilantes en matière de ressources familiales, et à éviter tout sorte de gaspillage, alimentaire ou non.
Même les enfants étaient invités à contribuer au bien de la Nation par des gestes patriotiques : le plus souvent, il s’agissait de participer aux opérations de récolte des déchets métalliques et du caoutchouc, en faisant du porte à porte.
Le tout sous le signe du grand ‘V’ de la ‘Victoire’, où, comme le soulignaient les affiches, Every Little Bit of Scrap Made a Difference’ (‘le plus petit morceau de rebut peut faire la différence’) ou encore ‘Re-cycling is Re-using’(‘Recycler signifie réutiliser’).
Messages d’une cruelle actualité.