Plastiques, conserves,… : que deviennent les déchets que l’on trie ?

On dit que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Mais dans la pratique, faire du 100% zéro déchet n’est pas toujours chose aisée. En effet, même si les initiatives de produits en vrac se multiplient sur le territoire français, la majorité de l’offre est constituée d’emballages. Zoom sur les déchets que l’on trie.

Le tri des déchets en France

Lorsqu’en 1974 les premiers collecteurs de verre ont été installés, ce sont les économies d’énergie qui motivaient les pionniers du recyclage des déchets que l’on trie : fondre du verre exige moins de chaleur que fondre des matières premières. Quarante ans plus tard, le tri sélectif des déchets domestiques s’est généralisé, avec pour but de diminuer le volume des déchets résiduels.

Mais on oublie souvent que recycler nos déchets permet aussi de ne pas consommer l’électricité et l’eau nécessaires pour extraire et transformer les matières premières vierges, et qu’il évite l’émission d’importants volumes de CO2.

Par exemple, recycler 1 tonne de papier et de carton économise l’équivalent du CO2 que rejetterait une voiture parcourant 250 km. Et on jette chaque année plus de 1 million de tonnes de carton et de papier.

L’ADEME et le tri des déchets

L’ADEME est l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Il s’agit d’un établissement public placé sous la tutelle de deux ministères : transition écologique et solidaire, et enseignement supérieur, recherche et innovation. Le Code de l’environnement régit ses missions et son fonctionnement.

Cette agence a cinq domaines d’intervention :

• Déchets ;
• Air et bruit ;
• Énergie et climat ;
• Sols pollués et friches ;
• Actions transversales (consommation durable, territoires durables, etc.).

L’ADEME a pour mission de mettre en œuvre la politique gouvernementale des déchets et de l’économie circulaire. Son objectif est de réduire la consommation des ressources et d’en améliorer l’efficacité d’utilisation. En outre, l’agence doit tendre vers un modèle de production et de consommation circulaire plus durable et ainsi s’éloigner du modèle classique dit « linéaire ».

Le saviez-vous ?  Un modèle linéaire de production et de consommation est défini de la manière suivante : extraction, production, consommation, rejet. A l’inverse, l’économie circulaire vise à davantage de durabilité (réemploi, réparation, réutilisation), de responsabilité (achat durable, éco-conception, etc.) et de recyclage.

Loi sur le tri des déchets

En 2015, la France s’est engagée pour une transition vers l’économie circulaire avec la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Cette loi prévoit notamment :

• D’harmoniser les consignes de tri dans toute la France.
• De généraliser le tri dans les administrations et entreprises.
• De déployer le tri des biodéchets d’ici 2025.
• De développer une tarification incitative pour le ramassage des déchets.
• D’étendre les consignes de tri pour les particuliers (ex : barquettes en plastique).

Guide du tri des déchets que l’on trie

On l’a vu, la loi de 2015 a pour but d’harmoniser les consignes de tri dans toute la France. Ceci n’est pas tout à fait abouti, et dans le doute n’hésitez pas à contacter votre centre de tri lorsque vous avez une incertitude sur les possibilités de recyclage d’un emballage.

Tri sélectif : Quel déchet dans quelle poubelle ?

En fonction de votre commune, les règles de tri peuvent varier. Il est donc important de se renseigner auprès de sa commune et/ou de son centre de tri sur les façons de trier.

D’une façon générale, la poubelle jaune est destinée aux déchets plastique, carton ou encore métalliques. La poubelle verte est quant à elle destinée au verre. La poubelle grise reçoit tous les autres déchets.

Il existe des solutions pour les déchets plus occasionnels :

• Piles et ampoules : des points de collecte permettent de les collecter (grandes surfaces, magasins, mairies, etc.).
• Médicaments : en faisant le tri dans votre pharmacie vous êtes tombés sur des produits que vous n’utiliserez plus ? Périmés ou non, vous pouvez ramener ces médicaments en pharmacie.
• Vêtements/chaussures : il existe plusieurs solutions pour se débarrasser de ses vêtements et chaussures. Si les items sont en bon état, vous pouvez en faire don à une association, les mettre dans une benne de collecte, ou encore les revendre à une friperie de proximité ou en ligne. S’ils ne sont pas en état d’être de nouveau utilisés, ils pourront servir dans le secteur du bâtiment (ex : isolation). Des procédures similaires existent pour les appareils électroniques/électriques.
• Des encombrants ? Les communes organisent généralement des enlèvements périodiques ou sur demande.

Le tri des déchets hospitaliers

Les déchets issus des activités de soins, notamment les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI), les déchets à risques chimiques et toxiques (DRCT), les déchets d’activités de soins à risques radioactifs ainsi que les pièces anatomiques ont leur propre filière d’élimination. Les déchets de chacune des catégories précitées sont conditionnés d’une manière spécifique, collectés puis traités (le plus souvent par valorisation ou incinération).

Bon à savoir : avec la pandémie de coronavirus, l’utilisation des masques chirurgicaux s’est démocratisée. Il est important de jeter ces masques dans la poubelle grise (poubelle du « tout venant »). En effet, dans la nature la dégradation de ces masques peut prendre plusieurs siècles.

Quels sont les déchets à trier ?

Même si le recyclage a débuté depuis quelques décennies en France, s’étendant à de plus en plus de matières, il est parfois compliqué de s’y retrouver.

Déchets que l’on trie : les canettes

Un tiers est recyclé, dont 6000 tonnes sont issues de la collecte sélective. Dans le centre de tri, les emballages métalliques non ferreux sont sélectionnés par des séparateurs. Ils sont ensuite transférés dans l’usine de transformation de l’aluminium.

On en fait ensuite d’autres canettes, mais aussi des chaises, des pièces pour l’automobile ou l’aéronautique.

Avec 1 tonne de canettes collectées, on obtient 586 kg d’aluminium recyclé. On peut recommencer ce cycle à l’infini.

Déchets que l’on trie : le verre

Cela fait quarante ans que le recyclage du verre a débuté. Collecté dans des conteneurs spécifiques, le verre usagé est transporté par camion-benne dans des centres de recyclage dédiés.

La céramique, la porcelaine et la vaisselle sont éliminées par tri optique.

Le verre est lavé, et les bouteilles et les bocaux sont écrasés. On obtient du calcin qui est acheminé chez les verriers.

On peut ensuite en faire de nouvelles bouteilles : avec 1 tonne de verre issu de la collecte sélective, on obtient 962 kg de verre recyclé.

Ce matériau peut être réutilisé directement, et un nouvel emballage est constitué jusqu’à 90% de calcin.

Aujourd’hui, les bouteilles et les pots en verre contiennent en moyenne plus de 65% de calcin. Atout maître de ce processus : il peut être répété à l’infini.

Déchets que l’on trie : le papier et le carton

63 % des emballages en carton et papier sont recyclés. Une fois transférés du centre de tri à l’usine de recyclage, les papiers et cartons sont plongés dans l’eau.

Colles, vernis et agrafes sont éliminés. La pâte obtenue est égouttée, pressée et séchée pour constituer des bobines de papier ou de carton.

On en fait ensuite d’autres cartons. 92% des emballages sont réalisés avec du papier ou du carton recyclés. Avec 1 tonne collectée, on obtient 825 kg de papier et carton recyclés.

On peut recommencer l’opération une dizaine de fois, selon la qualité des papiers. A chaque recyclage, les fibres de cellulose s’abîment.

Déchets que l’on trie : les boites de conserve

Dans le centre de tri, l’acier est séparé grâce à un aimant. Il prend ensuite la direction de l’usine sidérurgique où il est compacté, broyé et fondu. Inutile donc de laver les boîtes avant de les jeter : les restes alimentaires ne résistent pas à la fusion.

Ces barres d’acier seront ensuite utilisées pour fabriquer des voitures, des boules de pétanque, etc., et de nouvelles boîtes.

Les fabricants ont mis au point des techniques pour réduire l’épaisseur des conserves. Ainsi, les nouvelles boîtes utilisent moins de matière.

Pour 1 tonne d’acier issue des collectes sélectives, on obtient 860 kg d’acier recyclé. Là encore, ce matériau peut être réutilisé à l’infini sans perte de qualité.

Déchets que l’on trie : les emballages en plastique

Les plastiques collectés partent dans des centres de tri (manuel, mécanique et optique). Dans l’usine de recyclage, les bouteilles sont triées par type de plastique – transparent (PET) ou opaque (PEHD).

Elles sont pré-lavées, broyées en paillettes et fondues en préformes. Mais les taux de recyclage restent faibles.

Seul 20% des emballages en plastique est envoyé en centre de recyclage, le reste étant incinéré (40%) ou enfoui/stocké (40%).

La France est l’un des pays les moins performants pour le recyclage des plastiques (20% vs 26 % de moyenne en Europe).

Les préformes sont envoyées dans les usines d’embouteillages pour souffler de nouvelles bouteilles.

Le PET est également utilisé pour les textiles (polaire, rembourrage de couette…). Le PEHD sert pour des arrosoirs, des bancs de jardin, des poubelles …

Aujourd’hui, en France, le plastique recyclé n’entre qu’à hauteur de 6 % de la composition des produits industriels.

Déchets que l’on trie : les briques alimentaires

Les briques alimentaires, comme les briques de jus de fruit, sont à trier avec les emballages ménagers (les consignes de tri local peuvent varier en fonction de votre commune).

Elles sont généralement composées de papier/carton à environ 73%, de plastique (23%) et d’aluminium (4%).

D’après l’ADEME, en 2017, le taux de collecte et de tri des briques de jus de fruit atteignait 52%. Dans une filière agréée, ces briques sont recyclées à 82,5%.

Comment trier ses déchets pour la déchetterie ?

Dans un premier temps, vous pouvez vous renseigner sur l’ordre des bennes de votre déchetterie. Ceci vous permettra de charger de façon logique vos déchets dans votre véhicule.

En fonction de votre déchetterie, vous trouverez un certain nombre de bennes : carton/papier, gravats, métaux, textiles/chaussures, encombrants, ampoules/néons, huile de vidange, piles, batteries au plomb, huile de friture, cartouches d’encre, écrans, téléphones portables, petit et gros électroménager, végétaux, résidus de chantier, pneus, bois, etc.

Le cas particulier des téléphones portables

Ils sont en grande partie incinérés. Depuis 2006, les portables ne doivent plus être jetés à la poubelle, mais apportés dans l’un des 6 000 points de collecte répartis sur le territoire.

En 2017, seuls 250 000 téléphones ont été récupérés par la filière agréée. Le taux de recyclage annoncé est de 73,3 %.

En réalité, il s’agit surtout d’une valorisation énergétique des appareils qui sont broyés puis incinérés.

Seuls les métaux ferreux comme l’acier sont réutilisés pour fabriquer des armatures métalliques dans la construction, et les métaux non ferreux, comme l’aluminium et le cuivre, sont recyclés pour la fabrication de pièces automobiles ou de câbles.