C’est la faune et la flore la plus importante de la planète. A lui seul, le plancton pèse 95% de la biomasse des océans. Nous lui devons aussi l’air que nous respirons. Pourtant, sa mise à mal nous inspire nettement moins que celle de l’ours polaire.

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Plancton : définition
Du grec ancien plagktós (errer), le plancton désigne l’ensemble des êtres vivants qui flottent et dérivent au gré des courants : bien que capables de mouvements limités, ces végétaux et animaux ne peuvent se déplacer à contre-courant.
Le plancton est pélagique : il dérive en « pleine eau », par opposition aux organismes “benthiques” vivant sur les fonds. Pour flotter, le plancton fait montre d’étonnantes adaptations : extensions corporelles pour augmenter leur surface de flottabilité, bulle de lipides incorporées, l’huile étant moins dense que l’eau.
La majorité du plancton vit dans les océans, mais il est aussi présent dans les eaux saumâtres (les estuaires) et en eau douce (ainsi du Lac Tchad, qui permet la culture de la spiruline, unique source de protéines pour les populations riveraines). On en trouve également dans les mares, les lavoirs et fontaines. Et même dans les suintements de roches.
Quelle est la taille du plancton ?
La plupart du plancton est invisible à l’œil nu : ces créatures sont si minuscules, qu’on les mesure en micromètres (1 micromètre = 1 μm = 0.001 millimètre). Ainsi certains virus et bactéries planctoniques mesurent-ils 0.2 micromètres, d’autres variétés de plancton mesurant 200 micromètres.
Exceptions à cette règle de l’infiniment petit, certaines méduses et aussi les colonies de salpes, qui se “déplacent” en se servant de leur corps comme d’une pompe à eau. Les salpes ne sont pas une petite exception à la règle : elles constituent la deuxième forme la plus abondante de zooplancton, après les copépodes.
Comment se forme le plancton ?
La vie est apparue dans l’eau voici trois milliards d’années, avec les bactéries anaérobies (qui n’ont pas besoin d’oxygène). L’une de ces bactéries s’est perfectionnée, en s’adjoignant une molécule de chlorophylle. Résultat, cette bactérie perfectionnée est devenue la toute première algue microscopique : l’algue bleue.
Capable de photosynthèse, l’algue bleue a proprement révolutionné la planète, en étant la base de la vie dans les océans.
Est-ce que le plancton est un animal ?
Le plancton comprend deux grands règnes: le phytoplancton (du grec phutón, « plante ») et du zooplancton (du grec zõio, « animal »).
Le phytoplancton, ces algues unicellulaires
Le phytoplancton a la particularité d’être des algues unicellulaires : une seule cellule pour tout faire, respire, réaliser la photosynthèse, se reproduire !
Une cellule très variée : au total, ont été identifies 6 000 espèces de phytoplancton en milieu marin, plus de 14 000 en eaux douces.
Sur les côtes françaises, les variétés de phytoplancton sont principalement des diatomées et des cryptophytes.
Plancton et oxygène
Une super-cellule, dont le pigment qui lui assure sa capacité à faire la photosynthèse, colore des étendues d’eau entières, en rouge, vert ou brun. Mieux, cette cellule unique qu’est le phytoplancton fournit 60 à 80 % de l’oxygène atmosphérique.
Sans compter les protéines, vitamines et minéraux qui s’y trouvent concentrés.
Le zooplancton, temporaire ou permanent
Le plancton animal ou zooplancton représente tout simplement le groupe des créatures vivantes le plus important de la planète.
Le zooplancton temporaire est le stade larvaire de toute la population des méduses et, de tous les mollusques et crustacés benthiques (crabes) ou encore des oursins.
Le zooplancton permanent est soit unicellulaire (les protozoaires), soit pluricellulaire (les crustacés copépodes). Ces copépodes forment le gros des troupes du zooplancton : au total, on estime à 40 milliards de tonnes, la quantité de chair de copépodes consommées par les méduses, crevettes, sardines ou requins pèlerins. A titre de comparaison, l’élevage terrestre mondial fournit 260 millions de tonnes de viande.
En résumé, si minuscule soit-il, le zooplancton pèse plus lourd à l’aune de l’équilibre biologique planétaire : d’autant que son rôle, lui, est bénéfique.

Le plancton et bloom phytoplanctonique
Tout comme une plante, le phytoplancton est sensible à son environnement (en l’occurrence, la qualité chimique de l’eau) et aux saisons : lui aussi préfère le printemps et l’été !
En haute mer, un bloom phytoplanctonique se compose de phytoplancton carbonaté que sont les coccolithophores.
Un bloom phytoplanctonique est signe de bonne santé des eaux océaniques : riches en nutriments, bien oxygénées et bien pourvues en lumière.
Les zones privilégiées en sont les upwellings, ces remontées d’eau froide riches en nutriments. Ainsi le courant de Humboldt, qui prend sa source en Antarctique et longe les côtes chiliennes. Une vraie manne d’anchois, qui finissent malheureusement et de façon aberrante, en farines animales au lieu de pourvoir les populations locales en protéines.
Quel est le rôle du plancton ?
Le phytoplancton est le premier maillon de la chaîne alimentaire marine : et il est la nourriture de tous les animaux filtreurs. Sans phytoplancton, pas de vie biologique dans les océans. Du zooplancton aux baleines, tout le monde dépend du phytoplancton, seul à même de synthétiser la lumière en matière organique (glucose).
Quant au zooplancton permanent, il assure le lien entre le milieu pélagique et benthique : lorsqu’il meurt, il sombre vers le fond, devenant une source de nourriture pour… du zooplancton temporaire !
Plancton et puits de carbone
Le phytoplancton, décidément, a un rôle-clef : la photosynthèse est très consommatrice de C02, qui se trouve piégé dans leur unique cellule. Puis le phytoplancton est ensuite consommé par tout le monde… les déjections de tout ce petit monde tombent au fond de la mer, où il les transforme en sédiments.
Plancton et réchauffement climatique
Autrement-dit, le phytoplancton assure un équilibre colossal au niveau du réchauffement climatique, dont l’excès de CO2 aujourd’hui rejeté dans l’atmosphère par les activités humaines, est la première cause.

Le plancton en danger ?
En adaptant à l’écran le roman éponyme de Harry Harrison (1966) le Soleil vert de Richard Fleischer (1973) scénarisait ce que serait la fin du plancton. Aujourd’hui, les scientifiques alertent sur la mise à mal du plancton, malmené par l’augmentation de la température des océans et désormais également contaminé par les pesticides.
Un scénario à l’époque de fiction, qui tirait la sonnette d’alarme écologique. Depuis 2009, la Fondation Tara Océans s’est donné pour mission de faire l’état des lieux du plancton à travers la planète et de le porter à la connaissance des scientifiques et du grand public.
En Bretagne, le scientifique Pierre Mollo a fondé l’Observatoire du plancton. N’hésitez pas à vous reporter à son site, passionnant… cela fait 40 ans que ce Breton se bat pour faire prendre conscience de l’importance du plancton.
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