Pétrole, la fin de l’âge d’or de l’or noir ?
Celui qui a révolutionné notre société
L’Humanité n’a pas quitté l’âge de la pierre parce qu’elle était à court de cailloux, mais parce qu’elle a découvert les métaux. Le carburant du XXe siècle qu’est le pétrole pollue et plombe le climat : mais le choix d’en sortir implique une volonté politique assortie de lourds investissements technologiques. Sans compter l’imprévisible…

Contenu
Quelle est l’importance du pétrole dans le monde actuel ?
Pétrole et pandémie de Covid-19
C’est l’année que l’on attendait pas : en 2020, pour la première fois depuis la découverte de l’or noir, la demande mondiale a baissé pour atteindre le plancher record de 80 millions de barils/jour au mois d’avril.
Le 21 avril 2020 a même été une date historique, avec la clôture du baril de WTI (West Texas Intermediate), référence pour les États-Unis, au prix négatif de -37,63 dollars.
Ainsi, contre toutes prévisions économiques et volonté politique, la baisse de la consommation de pétrole a été due à la mise à l’arrêt de l’économie mondiale par un virus.
Pétrole contre des vaccins
Le Venezuela a du pétrole, mais pas de vaccins contre le Covid : le goût peu prononcé de Maduro pour la démocratie a conduit les États-Unis et l’Europe à lui infliger des sanctions économiques, à la suite des législatives truquées de décembre 2020. Le Venezuela exportait déjà moins de pétrole, mais là, c’est la panne sèche.
Quant à l’Organisation Mondiale de la Santé, elle a refusé de lui livrer des vaccins dans le cadre du dispositif Covax d’aide aux pays démunis, le Venezuela ayant une dette à son endroit, qu’il n’a jamais honorée.
Qu’à cela ne tienne, Maduro s’est inspiré de l’onusien “pétrole contre nourriture”, en 1990 destiné à éviter de pénaliser la population irakienne à la suite des sanctions économiques contre l’Irak, au lendemain de son invasion du Koweït.
En mars dernier, il a tenté de marchander du “pétrole contre (des) vaccins” : d’autant que le Venezuela est voisin du Brésil, pays dont émane l’un des principaux variants du Covid-19.
Pétrole et nouveaux scenarii
Le pétrole n’échappe pas au fameux monde d’après la pandémie : selon l’AIE (l’Agence internationale de l’énergie), la demande mondiale de pétrole ne devrait retrouver son niveau de 2019 (99,77 millions de barils/jour) qu’en 2023, et ne la dépasser qu’à partir de 2026 (104,1 millions de Mbj) avec 4,4 millions de barils/jour de plus, et 2,5 Mbj d’ici à 2050.
Faut-il se frotter nos mains écolos de ces prévisions à la baisse, au regard de celles d’avant la pandémie ? Toujours selon l’AIE, les tendances lourdes sont à regarder du côté des transports, l’essence ayant atteint son pic : la transition vers la voiture électrique est en route.
Dans les cinq années à venir, 70% de la hausse de demande de pétrole ne proviendra pas du kérosène pour les avions, mais de la pétrochimie, qui sert à fabriquer tous nos plastiques et plus généralement, tous nos composés chimiques synthétiques, dont les fibres synthétiques de la fast-fashion.
Pétrole et réchauffement climatique
Selon l’ONU, la pandémie a réduit de 7% les émissions de gaz à effet de serre : une réduction ponctuelle, sans effet sur le climat. La vraie quadrature du cercle reste l’énergie décarbonée : les énergies fossiles sont le poids lourd du réchauffement climatique, avec 75% des émissions mondiales de CO2, le principal gaz à effet de serre.
Rapport Bruntland
C’est la pierre fondatrice du développement durable : il fait pour la première fois son apparition en 1987, dans le rapport Bruntland intitulé “Notre avenir à tous”, à l’initiative de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland pour le compte des Nations Unies.
Le rapport Bruntland servira de base au Sommet de la Terre de Rio en 1992 et à la
Charte de l’environnement française de 2005, qui constitutionnalise la protection de l’environnement (Article 34 de la Constitution).
Les Accords de Paris
En 2015, premier du genre au niveau international, l’Accord de Paris fixe l’objectif d’une limitation du réchauffement planétaire à 2°C maximum d’ici à la fin du siècle, et même 1,5°C. A partir de 2020, les États signataires (184 sur les 194 qui l’ont ratifié) devaient présenter leur feuille de route pour atteindre cet objectif : dont les États-Unis de Joe Biden, qui en a signifié le welcome back.
Cinq ans après les Accords de Paris, Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) fait le constat de l’insuffisance d’engagement des États, dont les efforts devraient être triplés pour atteindre l’objectif de 2°. Les tendances actuelles s’orientent vers un réchauffement de 3 degrés.
Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les émissions mondiales de CO2 doivent être réduites de 45% d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5° d’ici à la fin du siècle.
Parmi les déceptions de Laurent Fabius, le fait que certains pays ont profité du retrait des États-Unis de l’Accord, pour revoir leurs engagements à la baisse : le Brésil, l’Arabie Saoudite, l’Australie.
Pétrole et mix énergétique
Au résultat, en 30 ans, la part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial n’a pas changé… sous l’impulsion politique : 81% en 1987, 84,3% en 2020.
Partout, les énergies carbonées sont prépondérantes dans le “mix” énergétique :
- au Moyen-Orient bien sûr (98,8% de l’énergie, dont 45,9% de pétrole) ,
- mais aussi en Afrique (91,3% d’énergie fossile, dont 41, 7% de pétrole),
- en Asie (87,4% d’énergie carbonée) à la différence que cette énergie est à base de charbon (47,5%),
- ou encore la Russie (89,5%) où elle est à base de gaz naturel.
Aux États-Unis et en Europe, cette part est un peu moindre, au regard du nucléaire (9,9 % en Europe et 7,4% en Amérique du Nord) et, pour ce qui concerne l’Europe, de l’implication dans les énergies renouvelables (9,8 % du mix énergétique européen).
Pétrole, et le début de la fin ?
Selon l’AIE, le pic mondial de la demande de pétrole devrait être atteint en 2040, pour ensuite décroître. L’institution financière britannique Barclays table sur un pic mondial légèrement anticipé, entre 2030 et 2035.
De nouveaux gisements de pétrole
Les collapsologues entrevoient le moment où le monde sera à sec.
Mais la dernière goutte de pétrole a d’autant moins été extraite, que de nouveaux gisements ont été découverts : à commencer, mauvaise nouvelle pour l’environnement, par l’Arctique, avec la fonte de la banquise.
D’ici-là, les États-Unis ont découvert un gisement géant de pétrole en Alaska (équivalant à 1,2 milliard de barils), le Mexique un gisement de 1, 5 milliards de barils dans l’est du pays, la Chine dans le Xinjiang (1,24 milliard ), etc.
La riche-mère n’a pas fini d’approvisionner….
Où trouve t-on du pétrole ?
Voici une mappemonde montrant les principaux gisements.
Pétrole et marées noires
Le 29 avril 2021, 400 tonnes de pétrole se sont répandues en mer Jaune au large de la Chine, à la suite d’une collision entre un pétrolier battant pavillon libérien et un vraquier battant pavillon panaméen.
Tout change et rien ne change : Amoco Cadiz en 1978 (sous pavillon libérien), l’Erika en 1999 (sous pavillon maltais), la complaisance reste largement de mise.
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