La panthère des neiges, ce félin rare et discret, qui en dit si long sur nous
Insaisissable, elle a toutefois un rôle écologique indispensable
Peu de chances que vous croisiez une panthère des neiges au cours de votre vie, sauf à aller au cinéma. Mais le scénario de la menace qui pèse sur elle nous concerne directement.

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La panthère des neiges, “tout ce à quoi on a renoncé”
Un documentaire poétique et magistral
Depuis le 15 décembre dernier, La panthère des neiges s’affiche au cinéma. Ce film aux images rares, coréalisé par Marie Amiguet et le photographe animalier Vincent Munier, est un voyage initiatique à 4500 mètres d’altitude à l’est du Tibet, avec cet échange entre Vincent Munier et l’écrivain Tesson. On y apprend l’affût, instinct naturel oublié, pour mériter sans certitude, d’observer une panthère des neiges.
La panthère des neiges de Sylvain Tesson
Sylvain Tesson avait d’ailleurs obtenu le prix Renaudot en 2019, avec ce récit de ce périple hors du commun, également intitulé La panthère des neiges (Gallimard).
Le livre et le film, voici deux façons à notre portée de découvrir ce félin rarissime, que nous avons peu de probabilité de voir en vrai à l’état sauvage, au regard de là où il vit. Il n’empêche, la panthère des neiges représente aujourd’hui “tout ce à quoi nous avons renoncé”.
La panthère des neiges : les montagnes, son habitat
Le tout premier à avoir photographié une panthère des neiges est le célèbre biologiste et conservationniste américain George Schaller, en 1971. Ce vice-président de la Wildlife Conservation Society a obtenu du Changtang, cette région du Tibet qui est l’un des lieux de vie de la panthère des neiges, en réserve naturelle.
Si Buffon en avait fait le premier la description, gravure à l’appui, en 1761 dans son Histoire naturelle, générale et particulière, la description du botaniste Schreber avait été faite en 1775 à partir d’une fourrure. Puis les expéditions scientifiques et sportives en apportent plus de précisions, sachant que les habitants des régions montagneuses de l’Inde, du Pakistan, de la Mongolie et du Tibet la voient comme un prédateur de leurs précieux troupeaux. Sachant qu’ils ne la voient pas tous les jours.
La symbolique de la panthère des neiges
Parmi les mythes et légendes qui entourent la panthère des neiges, les Tadjiks pensent que les hautes montagnes sont le royaume de mergicham, des esprits purs qui portent secours aux éleveurs. Ces mergichams ont l’apparence d’animaux, le plus vénéré étant la panthère.
Photos de la panthère des neiges
Dessin de la panthère des neiges
Un félin tacheté au mode de vie si secret
Adaptée au froid
La panthère des neiges mesure environ 1,30m de long queue non comprise, pour un poids moyen d’une petite quarantaine de kilos. Sa queue est presque aussi longue que son corps, car elle lui sert de balancier pour tenir en équilibre sur les parois abruptes et aussi d’écharpe dans laquelle elle s’enroule au chaud pour dormir.
Le saut de la panthère des neiges
Parfaitement adaptée à la très-haute montagne, elle n’a pas besoin d’hiberner. Ses pattes courtes et musclées lui permettent des bons de 6 mètres de haut et de 15 mètres par-dessus les ravins, pendant que les coussinets sont équipés de poils contre le froid. Ses oreilles sont petites pour éviter toute prise au froid. A l’inverse, ses cavités nasales sont assez grandes, à la fois pour capter le maximum d’oxygène en altitude où il est raréfié et pour que l”air se réchauffe avant d’atteindre ses poumons.
Des rosettes uniques
Son pelage est un vrai camouflage, de gris pâle à gris jaune, le ventre, l’intérieur des pattes et le cou étant d’un blanc cassé. Quant aux taches et rosettes, elles sont propres à chaque panthère. Un poil bien épais, de 5cm sur le dos, de 12 cm sur le ventre.
L’alimentation a panthère des neiges
Carnivore, elle se nourrit d’ongulés (le grand bharal, l’ibex de Sibérie, l’urial, le markhor, l’argali) et de petits animaux tels que la marmotte de l’Himalaya, la perdrix, le faisan, le lièvre, les souris. A défaut et lorsqu’il s’approche de lieux habités, ce félin se nourrit de bétail.
La panthère des neiges se nourrit aussi de végétaux. C’est même le seul félin à en manger autant, surtout pendant la saison des amours.
Le nombre (restreint) de panthères des neiges
De nature, la panthère des neiges est discrète et solitaire, à la seule exception de la reproduction. Ce qui ajoute à la difficulté d’en voir, au regard des altitudes peu accessibles où elle vit.
Le territoire de ce félin est immense, représentant deux millions de kilomètres carrés qui se situent sur douze pays d’Asie centrale, la Chine, le Bhoutan, le Népal, l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan, la Russie et la Mongolie.
Mais la Chine concentre 60% de son habitat naturel, la Mongolie arrivant en deuxième position avec 1 000 individus.
Une espèce menacée
Parfaitement adaptée à son environnement, la panthère des neiges n’y a pas de prédateur. Tout au plus a-t-elle, en certaines contrées, un unique concurrent qu’est le loup. Normalement, ce félin ne devrait pas d’avoir d’ennuis. Sauf que c’est précisément le contraire.
Braconnage
Sa belle fourrure bien chaude fait de la panthère un “objet de convoitise”. Chassée pour sa fourrure, elle l’est également pour ses os, aux vertus prétendument bénéfiques selon la médecine chinoise.
La dégradation de son espace naturel
Les hautes altitudes n’échappent pas à leur dégradation par l’Homme. La pression anthropique prend toutes les formes, routes, forages miniers, empiétement de son territoire pour l’élevage. Le conflit de territoire avec l’Homme n’est pas la moindre menace pour la panthère des neiges, que la raréfaction de ses proies conduit à s’attaquer au bétail.
Un marqueur écologique
Aujourd’hui, il ne reste plus que 4 000 à 6 500 panthères des neiges à l’état sauvage. Classée “espèce vulnérable”, ce félin est un vrai marqueur de l’état des zones peu accessibles où elle vit, pourtant affectées par le réchauffement climatique ou encore par la pollution des cours d’eau, dont dépendent les écosystèmes, flore et faune.
Le danger de disparition de la panthère des neiges a conduit à son classement par l’UICN en “espèce vulnérable” et à la création de la Fondation pour la protection du léopard des neiges (Snow Leopard Conservation Foundation – SLCF). En Mongolie, la SLCF collabore avec 27 communautés d’éleveurs dans le cadre d’un programme d’artisanat intitulé « Initiatives léopard des neiges » (Snow Leopard Enterprises). En échange de la promotion de leur artisanat, les éleveurs s’engagent dans celle de la protection des panthères des neiges.
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