Le nounours de notre enfance n’est pas étranger à notre inclinaison pour l’ours. Pas de Teddy Bear dans la nature, mais un animal sauvage autrefois commun, devenu exceptionnel à l’échelle de la planète.
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Le « seigneur des forêts »
L’ours est une force de la nature : il est trapu, très charpenté et puissamment musclé. Au point que les anciens le classaient parmi les « bêtes fauves », alors qu’il n’est pas un félin.
Sa silhouette est faite de rondeurs, dont la seule forme saillante est son museau. Sinon, chez lui, tout est rond, sa tête, ses oreilles, ses yeux, son dos comme son bedon (eh oui, les ours ont du bide). Et même cette bosse au-dessus des épaules, boule de muscles qui confère leur puissance à ses pattes antérieures. Le tout rehaussé de son épaisse fourrure.
Il appartient à la famille des ursidés (ursidae), qui comprend aussi le panda géant (mais pas le petit panda roux, qui relève des Ailuridae). Ce grand mammifère « plantigrade » reste à bien des égards un mystère.
Un plantigrade
En dépit de sa corpulence, ce mammifère marche sur la pointe des pieds. Lorsqu’il marche, ses pattes postérieures se posent exactement dans les traces de ses pattes antérieures : si bien que pour le repérer, on suite sa piste et non pas ses traces.
D’ailleurs, l’ours a une marche tranquille, comme s’il savait qu’il se situait en haut de la chaîne alimentaire. Un côté « me voilà ». La tranquillité de celui qui domine et aussi un cou tellement musclé, qu’il ne peut pas pivoter la tête facilement.
Sa vitesse
Malgré sa masse, cet animal est un excellent coureur, nageur et grimpeur. Lorsqu’il court, sa démarche change : plus question de mettre les pattes postérieures dans les traces de ses pattes antérieures.
Il court à l’amble : à une vitesse moyenne de 55 km/h, plus rapide que le meilleur sportif humain. Autrement-dit, l’homme n’a aucune chance de lui échapper en prenant ses jambes à son cou.
Ours debout
Lorsque l’ours se dresse sur ses pattes postérieures, il a l’air menaçant.
En réalité, il n’a pas bonne vue, mais un flair très efficace. Pour cueillir dans les arbres ou faire face à une proie, il se dresse ainsi pour mieux la flairer.
Qu’est-ce que l’ours mange ?
Ce gros mammifère a besoin de manger dix à vingt kilos de nourriture par jour.
Pour ce faire, il est équipé de griffes rétractiles et d’une dentition convaincante. Opportuniste, il mange ce qu’il trouve dans son environnement : ainsi l’ours polaire est-il carnivore (viande de phoque) et le panda géant est-il herbivore (pousses de bambou). Quant à l’ours asiatique, il se repaît de termitières.
L’ours brun est omnivore : il mange autant de viande (des insectes au bétail) que de végétaux : fruits, noix, plantes, écorce d’arbres. Il est d’ailleurs étonnant, comme l’ours semble prendre du plaisir à passer beaucoup de temps à délicatement cueillir de petits fruits ou baies : comme un contraste !
Il est bien sûr chasseur (de petits rongeurs, mais aussi d’élans ou de cerfs), pêcheur de saumons, qu’il capture d’un coup de patte. Et joueur : il mange un seul saumon et s’amuse ensuite à pêcher les autres.
Le sucre ?
L’image de cet animal avec son pot de miel n’est pas une vue de l’esprit : il est très friand de sucre. Miel, canne à sucre, igname, là non plus, il ne fait jamais dans les petites portions.
Quel est son poids ?
L’ours n’est pas fait pour être maigre. Lorsque cela lui arrive, c’est qu’il dépérit, en raison de la destruction de son environnement : c’est le cas des individus contraints de faire nos poubelles. Et nous avons tous l’image de l’ours blanc famélique sur son morceau de banquise à la dérive.
Néanmoins, tous n’ont pas le même poids : y compris ceux de la même espèce ! Ainsi, dans les Pyrénées, un brun a été pesé à 80 kilos, un autre à 350. Une différence de taille !
Son hibernation
Là aussi, il y a un mystère : s’il mange autant, c’est qu’il ne mange qu’à la belle saison et vit sur ses réserves de graisse en hiver. Sauf qu’au sortir de l’hiver, l’ours ne sort pas seul : il n’est pas rare que de petits oursons sortent avec lui.
Hibernation, vraiment ? La température de son corps s’abaisse, sauf celle de ses parties génitales. Cet animal est un grand solitaire, qui ne s’intéresse à la femelle que pour se reproduire : ou se réchauffer contre elle ?
En tous les cas, seule exception à la règle, le panda géant : il n’hiberne pas, mais migre vers le sud.
Sa reproduction
Dans les Pyrénées, l’ours brun se reproduit entre avril et juin, donc pas en hiver. Il donne naissance en moyenne à trois oursons de 300gr. A quel âge ? Tout dépend : celui des Pyrénées est plus précoce (3.5 ans pour les femelles, 5.5 ans pour les mâles) que celui de l’Europe du nord.
Une généralité, ours et ourse peuvent se reproduire presque toute leur vie (qui dure de 25 à 45 ans), avec certes une baisse de fécondité avec l’âge.
Quelle intelligence ?
Des chercheurs de l’université de Wyoming aux États-Unis ont fait le test auprès de toute une série d’animaux : ouvrir une boîte contenant leur nourriture en trente minutes. L’ours est arrivé en tête, pas seulement parce que morphologiquement son cerveau est gros.
Dessins d’ours
Qui est le prédateur de l’ours ?
Les oursons sont la proie des loups, pumas, lynx ou coyotes, généralement lorsqu’ils sont affaiblis par la sous-alimentation.
Au pôle Nord, l’ours polaire est normalement plus tranquille, car il n’a pas de prédateur naturel. Son plus grand danger est la destruction de son environnement.
Où trouve t-on des ours ?
En Europe
On pense toujours qu’il faut se rendre au Canada ou en Alaska pour voir des ours. Erreur, en Europe, la Finlande est le pays idéal pour en observer : les forêts (qui recouvrent 65% du pays) hébergent plus de 1500 gros ours bruns.
L’endroit précis est Kuhmo, à la frontière avec la Russie, à sept heures de route ou 1h20 d’avion d’Helsinki. Des excursions sont organisées, notamment dans le parc national de Koli (avec abris dans la nature, pour passer la nuit).
L’autre pays européen pour observer des plantigrades est la Slovénie, qui en abrite 500 : il y est une espèce protégée depuis 1935. D’ailleurs, les ours réintroduits dans les Pyrénées proviennent de Slovénie.
Ours polaire et grizzly
Évidemment, ce sont aussi des ours bruns : pour les espèces polaires ou les grizzlis, il faudra traverser l’Atlantique et remonter tout au nord. Des voyages pas donnés à tout le monde.
Ours brun en France
Dans les Alpes
Dans les Alpes françaises, le dernier ours présent a été signalé à Saint-Martin-en-Vercors en 1937. En 1844, le législateur avait reconnu cet animal comme « nuisible », autorisant les battues pour s’en débarrasser. Ne jugeons pas : l’économie fragile des montagnards modestes était alors mise à mal.
Aujourd’hui, la question de la cohabitation avec lui est plutôt celle du partage des espaces. Or, si en Europe de l’Est, cet animal reste envisagé comme intéressant pour sa fourrure, il n’a pas cette image chez nous.
A défaut d’en voir, vous pouvez faire la très belle marche de la « fosse aux ours » : à Faverges, prendre la route d’Englannaz. Là, garez sa voiture : deux heures de marche vous attendent, pour aller voir où l’on piégeait les ours. Un site néanmoins remarquable.
Ours des Pyrénées
Dans les Pyrénées, une politique de réintroduction a été menée à partir de 1935. Aujourd’hui, les Pyrénées françaises en recensent une cinquantaine (52 en 2019), suivis par le Réseau Ours brun, qui observe scrupuleusement les naissance ou disparitions.
Six individus vivent dans les Pyrénées Occidentales (Béarn, Navarre, Aragon) et 46 dans Pyrénées Centrales (Comminges, Couserans, Val d’Aran, Catalogne, Andorre, Pyrénées Orientales, Aude).
Une chose est sûre, si vous vous trouvez fortuitement en présence d’un ours ou de sa trace (traces de piste, excréments), identifiez-vous en sifflant ou en chantant. Et prenez le chemin opposé, en restant zen…
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