L’orque, cette “prouesse technologique” de la nature
Un animal particulièrement intelligent
Prédatrice implacable, l’orque a singulièrement des points communs avec l’espèce humaine. Intelligente et efficace, elle est aujourd’hui mise à mal par la pollution des océans.

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Orque : définition et présentation
Est-ce qu’on dit un orque ou une orque ?
Petite question que l’on se pose souvent ! L’orque (Orcinus orca) est une prédatrice : on dit “une” orque, que son étymologie soit latine – orca, en référence à la divinité de la mort, Orcus – ou grecque – orkunos, le “thon de la plus grosse espèce”.
En revanche, son synonyme qu’est l’épaulard, est masculin. L’orque est aussi qualifiée de baleine tueuse.
Quelle est la famille de l’orque ?
L’orque est un cétacé (les grands mammifères marins ayant des nageoires antérieures et une nageoire caudale horizontale) odontocète : une cinquantaine de dents qui en fait le prédateur ultime des mers, tout en haut de la chaîne alimentaire sous-marine.
Une dentition hors norme
Des dents toutes semblables, de 12 à 14 cm pour un diamètre de 2,5 cm, parfaitement imbriquées dans une mâchoire à la deuxième puissance de pression du règne animal : 1000kgs/m2, juste derrière le crocodile (2000kgs/m2). Par comparaison, celle de l’homme est de 80kgs/m2.
Sa dentition permet à l’orque de broyer et déchiqueter n’importe quelle espèce du règne animal. Mais son intelligence l’amène à choisir ses stratégies de chasse, avec des morsures d’une précision chirurgicale.
Un cétacé en noir et blanc
L’orque est l’un des cétacés les plus aisément reconnaissables, avec son dos noir et son ventre blanc caractéristiques, ainsi que sa tache blanche derrière et au-dessus de l’œil. Autre caractéristique, sa nageoire dorsale en forme de triangle isocèle mesurant jusqu’à deux mètres de haut chez le mâle.
Son corps puissant l’est aussi par sa tête en forme de melon et sa nageoire caudale large et arrondie.
Taille des orques mâle et femelle
La différence entre mâle et femelle se fait par la taille, celui-ci étant presque deux fois plus gros (entre 7 et 9 mètres pour 5 à 8 tonnes), mais aussi par sa nageoire dorsale, celle de la femelle ne dépassant pas les 90 cm.
Une répartition cosmopolite
Dans les eaux froides
L’orque serait, avec l’Homme, l’espèce vivant dans le plus d’endroits différents au monde : si l’on a l’image du plus gros spécimen vivant en Antarctique, l’orque est présente dans toutes les mers et océans du globe, pourvu que les eaux côtières soient froides : depuis les régions arctiques et antarctiques jusqu’aux mers tropicales.
Ainsi l’UICN (l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature) distingue-t-elle neuf écotypes d’orques, selon les trois grand océans où vivent celles-ci :
- le Pacifique Nord,
- l’Atlantique Nord
- et l’Antarctique.
En Antarctique, se trouve la plus grosse des orques, réputée mangeuse de baleines (baleines de Minke et baleines bleues), mais aussi la plus petite, appelée l’orque de la mer de Ross ou “orque naine”.
En Europe, elle se trouve au large des îles Féroé, de l’Islande et de la Norvège.

Des orques en Méditerranée
En Méditerranée, un groupe d’une quarantaine d’orques a été recensé à la hauteur de Gibraltar : une exception non pas tant en raison de la température de l’eau, que d’une nourriture trop pauvre. Signalée depuis 2020, elle s’en prendrait aux bateaux (mais pas à l’Homme), dont l’une des hypothèses est que leur l’affluence l’exaspérerait.
Nourriture de l’orque, une chasseuse hors paire
L’orque adulte a besoin de 60 à 80 kilos de nourriture par jour. Contrairement à bien des espèces, elle n’y consacre que 10% de son temps, l’essentiel étant voué à sa vie de famille.
Pour ce faire, l’orque développe des techniques de chasse totalement ciblées selon sa proie : s’il s’agit d’un requin, elle le désoriente de manière à l’anéantir, d’une baleine, elle l’épuise en l’éperonnant, en lui mordant la nageoire pectorale et en lui bouchant son évent. En présence de poissons plus petits tels que le hareng, elle forme un carrousel qui les piège en une masse compacte près de la surface.
Il est dans la nature de l’orque de faire évoluer ses techniques de chasse selon sa proie. Il l’est aussi, ce qui est rare dans le règne animal, de les transmettre : les jeunes orques ont tout un apprentissage pour capturer poissons (thons et saumons) et mammifères marins (lion de mer, phoque, otarie, marsouin).
Une « fine gourmette »
L’orque se nourrit rarement de sa proie entière : du requin, elle ne mange que le foie. Et des baleineaux, seulement la langue. Au demeurant, le baleineau est un tel mets de choix, que les baleines se protègent en allaitant leur progéniture mutuelle : c’est le cas des baleines à bosse, lorsque la baleine grise n’est plus en état de le faire.
Une organisation matrilinéaire
Demandez la grand-mère
L’orque vit en groupe formé de la descendance de la grand-mère, l’individu principal : cette descendance matrilinéaire est liée à ce rare sens de la transmission dans le règne animal. Il est une question de survie : lorsque la grand-mère périt, la survie du groupe est très fragilisée, certaines techniques de chasse nécessitant un apprentissage d’une vingtaine d’années.
Mais ce sens de la sociabilité est aussi un instinct très fort chez cet animal, qui passe beaucoup de temps à jouer, se caresser, communiquer par ses fameux petits cris : c’est impératif au physique et au mental. Des cris différents d’un groupe à l’autre, qui lui servent autant à s’écholocaliser qu’à vocaliser en l’équivalent de dialectes.
La ménopause
Autre point commun avec l’Homme, l’orque est l’une des rares espèces animales à connaître la ménopause. Cet arrêt de la reproduction servirait à consacrer toute son énergie à la transmission aux générations suivantes.
Maturité sexuelle et espérance de vie
Encore un étrange point commun avec l’Homme, l’espérance de vie de la femelle est nettement plus élevée (80 à 90 ans) que celle du mâle (pas plus de 60 ans).
Sa maturité sexuelle intervient vers 15 ans, avec une période de gestation d’environ 18 mois qui donne naissance à une seule orque, allaitée pendant deux ans. Tout au long de sa fécondité (de 15 à 40 ans), la femelle donne naissance en moyenne à cinq petites orques.
Et si cet animal n’a pas le sens du couple, l’inceste y est tabou !
La conscience de soi
Efficace à tous points de vue, l’orque connaîtrait une évolution de ses gènes “culturels”. Une certitude, elle réagit au test du miroir en s’y reconnaissant, signe qu’elle a conscience d’elle-même.
Quels sont les prédateurs des orques ?
L’orque est la prédatrice de tout le monde,mais elle ne connaît pas de prédateur. Seule les coups de queue d’une cachalot peuvent représenter un danger.
Orque en danger ? Sa contamination aux PCB
Selon le Centre de recherche arctique de l’Université d’Aarhus (Danemark), la moitié des populations d’orques pourrait disparaître d’ici à 30 ans. Plusieurs raisons à cela : une bonne part des population étudiées sont contaminées aux PCB (polychlorobiphényles ) rejetés par l’Homme dans l’environnement, précisément en raison de leur position en haut de la chaîne alimentaire.
Or, les PCB affectent la fertilité des orques. De surcroît, les femelles contaminent leurs petits lors de la gestation, puis en les allaitant.
Ainsi de la population d’orques la plus étudiée au monde, celle vivant dans le détroit de Puget au large de Seattle. Passée de plusieurs centaines d’individus au XIXe siècle à seulement 74 aujourd’hui, elle enregistre une taux de gestations avortées proche des 70%.
Les effets négatifs sont cumulatifs : aux PCB se rajoute la raréfaction de la nourriture. C’est la cas en mer du Japon, où elle se nourrit exclusivement de saumon royal, lui-même en voie de raréfaction. Pour se nourrir, l’orque doit fournir des efforts supplémentaires, qui libèrent le PCB stocké dans sa graisse, celui-ci agissant alors comme un neurotoxique.
Nuisance non exclusive, les orques se repérant par géolocalisation, sont perturbées par la pollution sonore.
Le plus affûté des prédateurs marins s’est efficacement adapté aux conditions naturelles de son milieu, mais est aujourd’hui menacé par la pollution humaine. Or, en temps que sommet de la chaîne alimentaire, c’est à toute celle-ci que l’on fait prendre le risque d’être en déséquilibre.
Est-ce que les orques attaquent les hommes ? L’erreur d’Orca
Dans Orca, le réalisateur Michael Anderson a scénarisé la soif de vengeance d’une orque mâle, dont la femelle avait sauvé le capitaine Nolan de l’appétit d’un requin, mais que celui-ci blessera mortellement en tentant de la capturer pour la vendre à prix d’or à un aquarium. Transposition cinématographique de la cupidité humaine, à ceci-près qu’à ce jour, l’orque ne s’est jamais attaquée à l’espèce humaine.
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