Le narval, toujours un peu mystérieux
Sa corne lui vaut le surnom de licorne des mers
Nous ne sommes guère plus nombreux qu’au Moyen Age, à croiser un narval. Mais nous avons entendu parler de la licorne des mers, cet intrigant mammifère des eaux de l’Arctique.

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Narval ou licorne des mers
Le narval doit son nom scientifique au dérivé du grec ancien « Monodon Monoceros », sa corne ou dent unique, et son nom usuel au norrois (du vieil islandais) « nar » signifiant « cadavre » et « hvalr », baleine.
On croyait alors qu’il était une baleine morte, le narval se réoxygénant à la surface de l’eau après une plongée et ayant une couleur gris pâle. Cela faisait aussi penser à un noyé….
Son autre surnom est, bien sûr, la licorne des mers. Fantastique : seul le mâle ayant une corne, on avait enfin trouvé le pendant de la licorne terrestre à tête de cheval !
Un cétacé odontocète
Le narval est une baleine à dents (odontocète), de taille moyenne (tout est relatif) : jusqu’à 6,2 mètres et 1600 kilos pour le mâle, mais pas plus de 5m pour 900 kilos pour la femelle, qui n’a pas non plus de corne.
Cet animal a une couche de graisse vascularisée de dix centimètre d’épaisseur, qui représente le tiers de son poids.

Où vit le narval ?
Il a besoin de ça ! Cet animal vit exclusivement dans les eaux arctiques, dont la température moyenne est de -1 à -1,5 °C (L’eau de mer gelant à -1,8 degrés).
Si bien qu’il ne descend pas en-dessous du 60e parallèle, où il risquerait de se retrouver en concurrence avec les autres baleines pour sa nourriture et face à l’orque, son prédateur.
Les narvals vivent donc au large du Groenland, de la Norvège, du Canada et de la Russie.
La banquise, un besoin vital et dangereux
Le risque du narval est de se retrouver coincé sous la glace, lorsque celle-ci se referme. Plus de trous : il peut mourir étouffé, faute de pouvoir remonter à la surface pour respirer.
En même temps, il a besoin de cette glace, qui protège d’une mer trop agitée.
Si bien que l’habitat idéal du narval est une banquise dense, où des morceaux de glace brisée flottent, avec de petits chenaux ou fissures par lesquels refaire surface. Tant qu’à faire, il se sert aussi des trous faits dans la glace par les phoques.
Sa migration
Au printemps, les narvals migrent un peu plus au nord, toujours en suivant l’état de la banquise : vers la ligne de rupture des glaces ou bordure de la banquise.
Une fois celle-ci libérant des passages, ils rallient l’Extrême-Arctique canadien, avec une préférence pour les fjords abrités de la mer agitée et des prédateurs. Deux mois plus tard, ils font demi-tour vers le « sud ».
Son écholocalisation
Sous la glace, on n’y voit pas grand-chose : ce mammifère communique en émettant des sifflements et sons, ces derniers évoquant des grincements de charnière de porte. Le mâle aurait, en la matière, une gamme plus évoluée que la femelle.
Quant à se repérer, le narval émet des sons dont l’onde lui permet d’apprécier son environnement.
Le narval est un mammifère
Le narval étant un mammifère, il ne respire pas avec des branchies, mais comme nous, sauf que ses poumons sont reliés à un évent au-dessus de son crâne.
Le sang et les muscles du narval peuvent contenir plus d’oxygène que la plupart des autres mammifères : après chaque plongée, il fait « la planche » à la surface de l’eau, pour en reconstituer ses réserves.
Un grand plongeur
Le narval est l’un des mammifères marins qui plonge le plus profondément et le plus longtemps : jusqu’à 1500 mètres de profondeur, pendant 25 à 30 minutes, le tout sur une distance d’un kilomètre.
Sa capacité à plonger explique son absence de nageoire dorsale, qui serait une gêne. La nature l’en a donc dispensé.

Sa nourriture
Le narval mange les poissons et céphalopodes de saison : flétans du Groenland et turbots en hiver, morues et les calmars en été.
Il ne rechigne pas non plus sur un petit bouquet de crevettes.
Comment se reproduit le narval ?
Comme il a froid, le bébé narval ! Le pauvre naît sans graisse : vive le lait maternel qui le ravigote pendant 20 mois, le tout après une gestation de 14mois.
Oui, c’est lent, surtout que la femelle ne met bas que tous les trois ans, à partir de l’âge de huit à douze ans.
Un être sociable
En général, cet animal vit en trio. Mais selon le cas de figure, il peut se réunir en troupeau d’une centaine de narvals.
De là à dire qu’il y en a beaucoup, l’espèce est plutôt menacée.
Pourquoi le narval a t-il une corne ?
Le mystère pour la fin : son incisive hypertrophiée a fait la réputation du narval, que bien peu d’entre nous verrons jamais en vrai.
En 2017, le cinéaste américain Ravetch a filmé pour le compte du WWF et du ministère canadien, un narval en train de harponner une morue : grâce à un drone, qui a évité au narval de ressentir la présence humaine.
Conclusion, cette incisive en forme de spirale innervée (10 millions de terminaisons nerveuses) de trois mètres de long et pesant dix kilos, serait un véritable radar sensoriel : en tous les cas, on a désormais la preuve qu’il s’en sert pour chasser.
Autres hypothèses : ce caractère sexuel secondaire (comme les bois des rênes) serait un détecteur des hormones femelles, un moyen de défense, un outil pour faire des trous dans la glace et une étrave pour mieux fendre l’eau en nageant.
Pourquoi le narval est en danger ?
C’est à cause de cette fameuse corne que, depuis le Moyen-Age, on fait la peau du narval.
Au XVIe siècle, Élisabeth Ire d’Angleterre aurait payé plus de 10 000 livres pour une seule corne, soit le prix d’un château : c’est beaucoup, mais la corne du narval étant réputée neutraliser les poisons, elle aurait dû en acheter plusieurs.
Aujourd’hui, seuls les Inuits ont le droit de chasser les narvals et de faire le commerce de leur corne, dans la limite des quotas impartis par la loi canadienne. Le Groenland a interdit ce commerce.
Mais la vraie menace sur le narval est le réchauffement climatique et la fonte des glaces de l’Arctique : sa vie est liée à la banquise et peu compatible avec la circulation de navires, notamment synonyme de pollution des eaux marines.
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