Mycothérapie ? Mangez plutôt des champignons
Le champignon est un végétal étonnant, aux propriétés qui pourraient nous rendre bien des services. Le tout en restant sérieux. Focus sur la mycothérapie.

La fabuleuse histoire du mycélium
Le champignon est hétérotrophe
Le champignon est une véritable exception à la règle des végétaux : il est hétérotrophe, autrement-dit, il n’a pas la capacité à se nourrir par photosynthèse, celle-ci étant la synthèse de l’énergie de la lumière avec les substances minérales, pour fabriquer de la manière organique.
Tributaire pour se nourrir des autres végétaux, le champignon développe un mycélium ou “blanc de champignon”, toile tentaculaire de filaments ou hyphes, souterraine ou qui affleure au sol, puisant vitamines et nutriments. Une toile si dense, qu’elle peut mesurer jusqu’à 200 mètres pour 1 gr de sol.
Qu’est-ce que la mycorhization ?
Via son mycélium, le champignon vit en symbiose avec les autres végétaux : il puise leurs nutriments, tout en en étant un pourvoyeur. En effet, ses enzymes ont la capacité à casser des laissons carbonées très fortes, sans les absorber comme le font les plantes phytoépuratrices.
Ainsi, le mycélium solubilise-t-il les fragments minéraux des roches et les éléments minéraux du sol, les rendant disponibles sous forme d’azote pour les plantes. De même dégrade-t-il la cellulose (cette cellulose des végétaux que l’être humain ne digère pas et que nous appelons fibres alimentaires) et dégrade-t-il la lignine du bois.
En outre, le mycélium sert de métro aux autres champignons, grâce auquel ils se déplacent d’un point à un autre !
En résumé, le mycélium est le substrat des forêts, à la fois par son rôle de répartition des nutriments et de régénération des sols. Cette partie végétative du champignon est essentielle, le carpophore (son chapeau et son pied) qui nous intéresse en fricassées n’étant jamais que son organe reproducteur.
Mycothérapie et … jardin
Si vous avez un jardin, le mycélium est très utile : ses enzymes en régénèrent le sol, en transformant en humus cellulose et lignine, le stabilisent contre l’érosion via la production d’une protéine appelée “globamine”, et le maintiennent humide, les hyphes jouant aussi le rôle de canalisations.
Maintenant que vous savez presque tout des champignons, quel lien avec la santé ?
Mycothérapie et propriétés médicinales des champignons
Manger des champignons est d’autant meilleur pour la santé, que chez nous la pleine saison est aussi celle du retour des virus et bactéries : ils sont riches en vitamine B et fibres, et stimulent le système immunitaire.
Le champignon de Paris est antiallergique et recommandé aux diabétiques, le pleurote et la girolle sont excellents en cas de mauvais cholestérol, le cèpe de Bordeaux est excellent pour le système cardiovasculaire.

Mycothérapie et pénicilline
En 1928, le biologiste britannique Alexander Flemming découvre que la moisissure penicillium notatum inhibe la prolifération de staphylocoques : une découverte fortuite, car il avait tenté l’expérience avec une enzyme des larmes et de la salive. Mais au laboratoire, son voisin de paillasse travaillait sur ce champignon, qui colonisa les staphylocoques de Flemming.
Treize ans plus tard, le premier antibiotique ainsi découvert qu’est la pénicilline permit de soigner la syphilis et les blessés lors de la Seconde guerre mondiale.
Mycothérapie et ciclosporine
D’abord extraite d’un champignon de Norvège (Tolypocladium inflatum), la ciclosporine est une substance puissamment immunosuppressive toujours utilisée en prévention des allogreffes (cœur, rein, poumons, pancréas, moelle osseuse, intestin grêle, peau).
Découvertes par le microbiologiste Jean-François Borel et mises au point par les laboratoires Sandoz (aujourd’hui Novartis), la ciclosporine a révolutionné les greffes, par son rôle inhibiteur de la calcineurine, qui stimule la croissance des lymphocytes T qui jouent un grand rôle dans la réponse immunitaire.
La ciclosporine est également prescrite dans les cas sévères de psoriasis et de dermatologies atopiques, et de traitement de certaines maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde).
Mycothérapie et reishi
Le reishi est ce champignon asiatique, qui a la réputation d’être un fortifiant pour l’organisme : autrefois rare, car il ne se trouvait qu’à l’état sauvage sur le tronc de certains pruniers de zones montagneuses en Chine, il est désormais cultivé.
Tout le monde peut trouver du reishi séché, ou en granules. Sauf que le reishi prétendant soigner des pathologies relevant d’un diagnostic médical sérieux, il reste bien sûr hautement déconseillé de s’automédiquer en cas d’arthrite ou de cancer.

Notre avis sur la mycothérapie : attention, elle est non reconnue
Certains sites internet vous vantent les effets miraculeux des champignons, de surcroît sur des pathologies lourdes. Résultat certain, le coût des séances d’en moyenne une centaine d’euros, non remboursées et pour cause.
La recherche scientifique ne nie pas le rôle du mycélium et travaille dessus, qu’il s’agisse de cancers ou de son potentiel rôle de neuro-protecteur. Pas de quoi confier sa santé à des charlatans. Ne vous privez ni de manger des champignons, ni de consulter les médecins qui savent.
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