Taillable et corvéable à merci ! Depuis des siècles, le mouton nous nourrit et nous habille. Et ce n’est pas fini : il est toujours l’un des principaux animaux d’élevage au monde. Un vrai sens du sacrifice…
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L’histoire de cet animal domestiqué
Le mouton est l’un des premiers animaux domestiqués par l’homme : à la fin du VIIIème millénaire avant J-C, à partir de moutons sauvages (ovis orientalis) originaires de l’Anatolie et des monts Zagros.
Dans la mythologie grecque, au lendemain de l’épisode de l’Odyssée où Ulysse crève l’œil du Cyclope Polyphème, il utilise les moutons de celui-ci comme d’un subterfuge : pour s’échapper de la grotte où le cyclope les tient enfermés, ses hommes se cachent chacun sous un mouton auquel Polyphème ouvre la grotte pour qu’ils se rendent au pâturage. Les voici sauvés !
Dans la Bible, nombreux sont les récits de bergers et de moutons, ces derniers symbolisant à la fois la générosité (lait, viande et laine) et l’innocence jusqu’au sacrifice : jusqu’à Jésus, l’agneau est sacrifié à la place de l’homme. Ainsi Isaac demande-t-il à son père Abraham : “Mais où est l’agneau du sacrifice ?”
Élevage de moutons au monde
Aujourd’hui, plus d’un milliard de moutons sont élevés à travers le monde, principalement en Afrique et en Asie. En France, environ 3.8 millions d’agneaux et 560 000 moutons sont abattus chaque année, essentiellement pour leur viande.
Comment vivent les moutons ?
Le mouton (ovis aries) est un mammifère herbivore ruminant de la famille des bovidés. Comme tous les ruminants, il est un ongulé marchant sur deux doigts. Cet animal n’est pas très grand, il mesure entre 1 et 1,5 mètre de long, le mâle pesant entre 45 et 160 kg, pour moindre de 100 kg pour la femelle.
La majorité des espèces de moutons ont des cornes situées sur le côté de la tête : en ce cas, mâle et femelle en ont. Sur l’île de Man (entre l’Angleterre et l’Irlande), la race de moutons “loaghtan” arbore deux paires de cornes d’un mètre de long. Une vraie curiosité de l’île.
Signe particulier, les moutons ont des pupilles horizontales, ce qui leur donne une excellente vision périphérique. Ainsi, ils peuvent voir derrière eux sans avoir à tourner la tête.
Mouton et bélier
Le bélier et le mouton sont tous deux des mâles de plus de 12 mois, le mouton étant castré pour que la viande ait bon goût, alors exempte de l’odeur prononcée des mâles adultes, une consistance moelleuse et une matière grasse blanche. Le mouton est aussi moins agressif.
Quel est le nom de la femelle du Bélier ?
Pour les femelles, l’agnelle est une femelle de moins de un an alors que la brebis est une femelle ayant agnelé.
Agneau : le bébé du mouton
Le terme « agneau » désigne tout ovin mâle ou femelle de moins d’un an. L’agneau de lait ou agnelet est un ovin non sevré nourri exclusivement ou essentiellement à base de lait maternel, puis abattu entre 5 et 6 semaines.
L’agneau de boucherie, aussi appelé agneau blanc est lui nourri au lait de brebis ou de vache et aux céréales, il est abattu entre 3 et 5 mois. L’agneau gris ou broutard est ovin sevré nourri d’herbe et de céréales, abattu entre 6 et 10 mois.

Le troupeau
Le mouton est un animal grégaire, son seul moyen de défense étant la fuite, à la vitesse médiocre de 24 kms/h. Cet instinct grégaire n’est pas étranger à sa domestication ancienne. Souvent, le troupeau est mené par une brebis. Les moutons lui emboîtent le pas, la hiérarchie s’établissant entre les moutons qui se poussent entre eux. En revanche, ils se donnent rarement de coups de tête.
Pourquoi est-ce qu’il bêle ?
La brebis bêle, le mouton blatère. Cette façon de communiquer sert aussi bien à signifier qu’il se sent bien, et aux brebis et leurs agneaux à se reconnaître entre eux. Lorsque ce bêlement est fort, le mouton exprime son inquiétude face à un danger.
Pourquoi trépigne-t-il ?
Il n’est pas rare que le mouton trépigne : cette attitude prévient ses congénères d’un danger. Cela peut aussi exprimer un inconfort dû à des démangeaisons cutanées, en raison d’insectes suceurs-piqueurs ou de parasites.
Son alimentation
Le mouton a une aptitude à digérer des végétaux très fibreux que ne tolèrent pas bien d’autres herbivores. Cette capacité à digérer la cellulose, mais aussi l’amidon des sucres en font un animal quasi-universel.
En élevage, son alimentation est faite d’herbe, de foin, voire d’aliments concentrés sous forme de céréales. A noter que le mouton est l’un des rares animaux d’élevage à ne pas l’être sous stabulation.
Les principales races de mouton
Les moutons sont élevés pour leur laine, leur viande, les brebis également pour leur lait. On distingue les espèces de moutons selon leur destination.
En France, l’agneau de pré-salé de la Baie du Mont Saint-Michel est réputé pour sa viande goûteuse, car il pâture sur les berges immergeables de la Baie. Quant à l’agneau laiton de l’Aveyron, sa chair est fine et délicate.

Mouton Suffolk
Le Suffolk est un grand mouton dont le bélier peut peser jusqu’à 120 kg et la brebis est prolifique : l’un et l’autre sont élevés respectivement pour leur viande pure et leur lait. Une race, de surcroît, à croissance rapide.
Mouton d’Ouessant
A l’opposé, l’Ouessant est l’une des espèces les plus petites, avec une hauteur de 45 à 50 cm pour 13 et 16 kg. La brebis ne donne naissance qu’à un agneau par an. Une espèce qui a bien failli disparaître, en raison des croisements avec d’autres plus rentables.
Quelle race ne se tond pas ?
Tondre des les moutons n’est pas seulement utile pour en récupérer la laine : au printemps, cela les débarrasse d’une couche d’humidité pesante. Exception à la règle, l’anglais Exlana, qui perd son manteau de laine quand les températures augmentent.

Son rôle écologique
Le mouton est un animal privilégié de l’éco-pâturage : il permet en effet d’entretenir des surfaces difficiles à cultiver, en montagne notamment, et ainsi d’éviter le développement des friches, causes régulières d’avalanches ou d’incendies. Il contribue également à entretenir des zones humides protégées où aucune autre culture n’est possible.
Ainsi, le mouton d’Ouessant est-il une tondeuse écologique parfaite, d’où son rôle, hormis la curiosité d’un si petit mouton.