Moitié saumon, moitié anguille, le poisson transgénique AquAdvantage de la firme AquaBounty Technologies pourrait bientôt se retrouver dans nos assiettes. Surnommé Frankenfish par ses détracteurs, il inquiète pour des raisons à la fois écologiques, sanitaires et éthiques.
Alors que se clôturait en avril dernier une consultation publique sur la possible consommation alimentaire de l’AquAdvantage, l’agence de sécurité sanitaire américaine – la Food and Drug Administration (FDA) – avait déjà estimé que ce poisson mutant n’était un danger ni pour la santé ni pour l’écologie.
LIRE AUSSI : Élever et manger des insectes, une solution écolo pour nourrir la planète
Mais de quoi parle t-on ? En fait, il s’agit d’un poisson auquel a été injecté un gène du saumon royal de l’océan Pacifique, un saumon très gras ; et un gène de l’anguille, poisson qui ne cesse de grandir contrairement au saumon dont la croissance est stoppée par le froid.
Le poisson prend alors la taille d’un saumon de trois ans en 18 mois. Souvent controversée, la culture du poisson d’élevage est connue pour être très polluante. Pour la culture du Frankenfish, les rejets polluants sont divisés par deux.
Néanmoins, ces avantages sont vite rattrapés par un débat d’ordre éthique, écologique et sanitaire.
Le premier problème réside dans l’alimentation même du poisson en question. L’AquAdvantage doit être nourri plus rapidement car il grandit deux fois plus vite qu’un saumon normal. Ce poisson étant carnivore, les effets d’une telle culture sur le reste de la chaîne écologique sont critiquables.
A LIRE AUSSI : Souveraineté alimentaire ou pourquoi lutter contre l’utilisation des graines OGM
Ensuite vient la crainte d’un impact sur la santé humaine. Cette peur est la plus vive aux États-Unis. Les effets des OGM’s sur l’homme – qu’il s’agisse du soja, du riz, du coton, etc. – ne sont pas encore connue.
Enfin, un dernier danger potentiel concerne l’erreur humaine : le risque que ces poissons soient relâchés dans la nature et qu’ils se reproduisent. À cette dernière crainte, Aquabounty répond que les femelles sont en principe stériles et que l’élevage se fait dans des bassins sécurisés à 1500 mètres au dessus de la mer, dans les montagnes du Panama.
La firme AquaBounty qui cherche depuis 17 ans à obtenir une autorisation de mise sur le marché du poisson transgénique AquAdvantage, en est à la dernière étape du processus : l »homologation de la FDA.
Alors que les doutes subsistent au sein de l’opinion publique (le sujet est loin de faire l’unanimité aux États-Unis), si l’autorisation était donnée, Frankenfish serait le premier aliment transgénique à être consommé par l’homme.