C’est l’une des pollutions anthropiques les plus récentes et les plus insidieuses : le microplastique est omniprésent, y compris loin de toute terre habitée. La cause de cette contamination planétaire : pour un tiers nos vêtements synthétiques, et pour le reste, nos cosmétiques et autres détergents.
Contenu
- 1 Microplastique : définition
- 2 Microplastique dans l’eau, attention aux bactéries
- 3 Qu’est-ce qu’un micro déchet ?
- 4 Pollution au microplastique : fibres synthétiques et machine à laver
- 5 Microplastique dans les cosmétiques : le cas des crèmes solaires
- 6 Le plastique à usage unique
- 7 Microplastique et pollution environnementale
- 8 Microplastique et santé humaine
- 9 Où se trouve la mer de plastique ?
Microplastique : définition
Le microplastique est une particule de plastique fabriqué à partir du pétrole et d’une taille inférieure à 5mm. Lorsque ces particules sont de taille inférieure à une centaine de microns, on parle alors de nanoplastique. Dans les deux cas, il s’agit d’un déchet, aujourd’hui omniprésent dans l’environnement.
Quel type de plastique ?
Le microplastique retrouvé dans l’environnement est principalement du polyéthylène (plastique à faible densité, dont sont faits les sacs à usage unique), du polypropylène (plastique à haute densité qui entre dans la composition de textiles à fibres synthétiques et dans les boîtes d’emballages alimentaires) et du polystyrène (le plastique des bouteilles et des protections des emballages).
Les additifs
Ce plastique n’est pas seulement composé de ces polymères : y sont ajoutés des additifs, qui leur confèrent ses différentes propriétés, la souplesse ou la rigidité, la résistance au feu. Ces additifs sont autant de contaminants chimiques.
Microplastique dans l’eau, attention aux bactéries
Le plastique est hydrophobe : sa consistance huileuse est un excellent support à bactéries qui y prolifèrent, ayant créé ce que les scientifiques ont qualifié de « platisphère » : des colonies entières de bactéries, en particulier identifiées dans l’Atlantique et le Pacifique. Ces bactéries sont différentes de celles qui y sont normalement présentes, et sont considérées comme de vraies bombes toxiques.
Parmi ces bactéries, celles du genre « vibrio », vecteur chez l’Homme du choléra et d’autres maladies gastro-intestinales.
Autre exemple, au lendemain du Tsunami de 2011 au Japon, beaucoup de plastique s’est retrouvé dans le gyre du Pacifique Nord, plastique qui a ensuite dérivé au large du Canada y apportant bactéries et larves d’espèces qui ne vivaient pas dans cet écosystème.
Qu’est-ce qu’un micro déchet ?
Le microplastique secondaire est issu de la décomposition du plastique due à l’action mécanique (mouvement de l’eau, frottement contre les rochers, etc), les UV, l’oxygène, la chaleur, et même l’usure des pneus et des freins du transport routier, qui envoie des microparticules dans l’atmosphère.
Le microplastique primaire est fabriqué volontairement : les microbilles exfoliantes entrent dans la composition de beaucoup de produits cosmétiques, mais aussi de détergents (liquide-vaisselle).
Pollution au microplastique : fibres synthétiques et machine à laver
Aujourd’hui, la majorité de nos vêtements est en plastique : en polyester, nylon, acrylique, élasthanne (le lycra). 95% de ces textiles étant des vêtements de sport.
En 2016, une étude de l’université de Plymouth a démontré qu’une machine de six kilos de linge synthétique libérait jusqu’à 700 000 fibres, contenant une centaine de microgrammes de plastique.
Or, ces microplastiques ne sont que partiellement interceptés par les stations d’épuration : la lessive de nos vêtements synthétiques représenterait un tiers de la pollution plastique des océans.
Difficile d’en faire l’estimation au niveau mondial, mais selon la Fondation Ellen Mac Arthur, sur 53 millions de textiles synthétiques fabriqués chaque année, 500 000 tonnes de microplastiques partiraient à la mer.
Microplastique dans les cosmétiques : le cas des crèmes solaires
A noter que bien des crèmes solaires contiennent du microplastique : à la plage, s’enduit le corps, puis on se baigne. Un tiers de la crème solaire et de ses microbilles reste en mer. Or, ce microplastique est de l’oxyde de zinc et du dioxyde de titane, qui tuent les coraux et sont deux perturbateurs endocriniens pour l’Homme.
Le plastique à usage unique
La contradiction est forte : le plastique est un matériau qui est fait pour durer. Or, au total, la majorité du microplastique est issu de plastique à usage unique (sac en plastique, emballage, etc) ou à usage limité. Synonyme de jetable, c’est l’un des matériaux les plus longs à se dégrader.

Microplastique et pollution environnementale
Durée de vie des microplastiques
Le temps que met un polymère à se dégrader en monomères est de l’ordre de 400 ans pour un sac en plastique, jusqu’à mille ans pour une bouteille de plastique ou du polystyrène. Ces déchets sont parmi les plus longs à se dégrader.
Le vent
L’Everest est surnommé la décharge la plus haute du monde !
Le microplastique est partout : récemment, des chercheurs en ont décelé dans le vent des plages d’Aquitaine, issu des vagues lorsqu’elles s’entrechoquent. Ces mêmes chercheurs de l’Université de Toulouse en avaient déjà détecté dans les Pyrénées.
Une pollution récente
Depuis son invention voici 200 ans, le plastique a colonisé les mers, océans, fleuves, montagnes, glaciers, nuages. Chaque année, 400 millions de tonnes de plastique sont produites, l’Europe en étant le deuxième producteur derrière la Chine.
Les déchets de plastique européens se montent à 27 millions de tonnes.
Microplastique et océans
Chaque année, on estime à 8 millions de tonnes la quantité de plastique déversée dans les océans, soit un camion poubelle toutes les minutes. Au point qu’un « vortex de plastique » s’est constitué dans le Pacifique, entre Hawaï et la Californie : 80 000 tonnes de déchets sur 1,6 millions de kilomètres carrés (trois fois la taille de la France).
Qu’est-ce qu’une mer de plastique ?
Mais cette pollution de surface n’est que la partie émergée de la pollution plastique des océans. Selon une étude australienne publiée fin 2020 (étude effectuée au large des côtes australiennes à 3000 mètres de profondeur par l’agence CSIRO, publiée dans la revue Frontiers in Marine Science), la quantité de microplastique gisant au fond de l’océan serait de l’ordre de 11 millions de tonnes, soit une quantité 25 fois supérieure aux estimations.
Microplastique : danger pour la faune marine
Toute la chaîne alimentaire, depuis le plancton jusqu’aux baleines, est aujourd’hui contaminée aux microplastiques : ces derniers pénètrent la paroi cellulaire du phytoplancton, réduisant son absorption de chlorophylle. Le zooplancton a tendance à ingérer les billes de latex et de polystyrène : les copépodes en particulier, perdent ensuite leur capacité à se nourrir.
Chez les coraux, le microplastique détruit sa symbiose avec l’algue qu’est la zooxanthelle. Et tout en haut de la chaîne alimentaire, le rorqual commun est infesté de phtalates.
Microplastique dans les océans, un impact sur les oiseaux marins
Au total, la moitié des oiseaux marins seraient aussi empoisonnés au microplastique.
Dommage collatéral de la pandémie de coronavirus, un pingouin a été retrouvé mort au Brésil, l’estomac rempli de masques chirurgicaux.

Microplastique et santé humaine
Microplastique dans le corps humain
Lorsque vous mangez une crevette, vous ingérez sept particules de microplastique, 300 en vous régalant d’un plat de moules.
Ingestion de microplastique par l’alimentation
Un retour à l’envoyeur : aujourd’hui, on estime que 200 espèces marines sont contaminées au microplastique : à notre tour, nous en ingérerions la moitié. C’est le principe de la chaîne alimentaire.
Où se trouve la mer de plastique ?
Malheureusement, aujourd’hui aucun océan n’est épargné par la pollution au plastique. Les gyres situés entre les continents contribuent à rassembler les déchets et ainsi densifier la concentration en microplastique.
En Méditerranée aussi
La Méditerranée représente 1% des océans, mais 7% des microplastiques que l’on y retrouve, avec une concentration de fragments quatre fois supérieure à celle recensée dans le vortex du Pacifique Nord.
Au premier chef des pays qui rejettent le plastique en Méditerranée, la Turquie, l’Italie, l’Égypte et la France où seulement 22% du plastique est recyclé.
Dans les fleuves
La Fondation Tara Océans a mené en 2019 la « Mission microplastiques », la toute première étude de neuf plus grands fleuves européens (Tamise, Elbe, Rhin, Seine, Ebre, Rhône, Tibre, Garonne et Loire) : tous sont pollués aux microplastiques, preuve que la pollution en plastique des océans est due à la pollution terrestre.
Autre résultat de cette mission, tous les microplastiques analysés se sont révélés toxiques.