Le mercure fait partie des métaux lourds : il est l’un des trois éléments les plus toxiques du tableau des périodiques, avec le plomb et le cadmium. Il est aussi l’une des grands risques environnementaux, au regard de la pollution et du réchauffement climatique.

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Mercure : sa définition
Il est un métal rare à la surface de la Terre. Il est naturellement présent sous forme de traces en association avec le cinabre, minerai lui-même peu répandu (5 grammes de cinabre pour 100 tonnes de roche). Selon les gisements, le mercure représente lui-même environ 2% du cinabre.
Comment extrait-on le mercure ?
Le plus grand gisement de ce métal au monde est la mine d’Almaden en Espagne, à trois cents kilomètres au sud de Madrid (province de Cuidad Real). Elle fut exploitée dès les Romains, pour le pigment rouge qu’est le cinabre.
Mais c’est la ruée vers l’or, qui historiquement marqua une forte augmentation de l’exploitation de ce minerai : en Espagne, la mine passa de la couronne aux banquiers, jusque et y compris les Rothschild.
Aux États-Unis, l’exploitation de son homonyme New Almaden en Californie, a été concomitante de la ruée vers l’or du milieu du XIXe siècle. Quant à celle de Huancavelica, au Pérou, elle était exploitée par les espagnols.
Symbole du mercure
Dans le tableau des périodiques, cet élément porte le numéro 80 (80 protons dans son noyau) et se situe entre l’or et le thallium. Il est assimilé aux métaux de transition.
Il tire son symbole Hg du mot grec latinisé hydrargyrum, « argent liquide ». Abandonné en français, son nom de vif argent a toujours cours en allemand (Quecksilber).
Des propriétés rares
Pourquoi le mercure est liquide ?
Il est le seul métal liquide à température ambiante (entre -10° et + 40°C) : il a l’aspect d’une bille liquide argentée. C’est cette fluidité qui a longtemps été utilisée dans les thermomètres, le mercure se dilatant avec la température corporelle.
Un point de fusion bas
Il est aussi le seul métal dont la température d’ébullition se situe en-dessous de 650 degrés. Du fait de cette température de fusion extrêmement basse, il s’amalgame avec presque tous les autres métaux communs, à l’exception du fer, du cobalt et du nickel. C’est principalement cette aptitude qui a intéressé.
Ce métal se combine également avec d’autre molécules, inorganiques (soufre) ou organiques (carbone).

Mercure solide
Ce métal devient solide en dessous de –39°C. En se solidifiant, il se contracte. On le solidifie en le plongeant dans de l’azote liquide… expérience à ne pas réaliser soi-même, en raison des risques.
Sa densité
En termes de densité, il est l’un des métaux les plus lourds : sa masse volumique est de 13,5 g/cm3. Un litre de mercure pèse 13,6 kg.
Sa volatilité
Il est très volatile. Si bien qu’en simple présence d’un vieux thermomètre qui se casse, vous inhalez du mercure.
Or, il est relativement soluble dans l’eau et les graisses, donc transportable par le corps humain et assimilable par ses molécules.
Ses utilisations : où se trouve le mercure ?
L’extraction de ce minerai primaire à l’échelle mondiale ne se situe plus qu’à 3000 tonnes par an. Ce qui ne résout pas son problème pour l’environnement.
Le cinabre était la pierre précieuse des alchimistes, et le mercure le sang du dragon des taoïstes. Avant la pénicilline, la syphilis était « soignée » par friction au mercure, ce qui ne faisait que payer un péché de la chair.
Pour l’électro-ménager
C’est fini depuis dix ans : les thermomètres, baromètres, piles bouton et ampoules fluocompactes contenant du mercure sont interdits en Europe. Stable lorsqu’il est piégé, ce métal est dangereux lorsque l’un de ces objets se cassait.
Pour les amalgames dentaires
Ce n’est pas tout à fait fini : depuis le 1er juillet 2019 pour combler une dent cariée, votre dentiste ne peut recourir qu’à des capsules prédosées (de la poudre composée d’argent, d’étain et de mercure liquide).
Avantages des amalgames au mercure, leurs propriétés antibactériennes, leur longévité, leur facilité d’emploi et leur coût modéré.
Inconvénients, selon l’Association Non au Mercure Dentaire, les vapeurs de mercure de ces amalgames auraient sont neurotoxiques. Selon certaines études, ces amalgames auraient un lien avec la sclérose en plaques, la maladie d’Alzheimer et de Parkinson.
Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce lien n’est pas avéré. Néanmoins, ces amalgames dentaires sont interdits pour les moins de 15 ans, les femmes enceintes ou allaitantes, et toute personne souffrant de problèmes rénaux.
Pourquoi le mercure est-il dangereux?
Côté santé
En l’occurrence, la dose ne fait pas le poison : ce métal est toxique pour l’homme quelle que soit la dose. Ce qui compte est son degré d’oxydation : les ions de mercure II sont beaucoup plus toxiques que les ions de mercure I.
Ce métal inhalé passe par les voies respiratoires, se solubilise dans le plasma, le sang et l’hémoglobine. Il attaque alors les reins, le cerveau et le système nerveux.
En France, l’intoxication au plomb ou hydrargie est reconnue comme maladie professionnelle. A une époque, le mercure était utilisé aussi bien dans l’industrie du feutre que pour les amorces de cartouches foraines.
La maladie de Minamata
Le Japon des années 1950 a servi de triste référence à la maladie de Minamata, du nom de la baie dont les pêcheurs et la faune marine furent intoxiquées par le mercure rejeté en mer par une usine de fabrication de PVC-chlorure de vinyle, pour laquelle ce métal servait de catalyseur : troubles neurologiques, malformations des nouveau-nés, concentration dans les poissons, chats consommant du poisson devenus fous.
Mercure : danger sur l’environnement
En Guyane, l’orpaillage clandestin recourt de façon éhontée au mercure : de l’eau sous pression avec ce métal, pour qu’il s’amalgame avec l’or.
L’eau des rivières et l’air par combustion de cette boue grise, sont une forte source de pollution, alors que le butin est insignifiant.

Dans la mer
Les océans recèlent un stock non négligeable de mercure, au regard des sédiments des fonds marins. Mais la faune (et la flore) marine est affectée par les rejets anthropiques via les cours d’eau.
Les principales espèces touchées sont le thon, l’espadon et le marlin : soit des espèces nageant en profondeur (entre 50 et 600m), ce qui a révélé que la forme organique de ce métal, le Méthylmercure, n’est pas seulement présent en surface, au contraire.
En dépit de ses dimensions, l’océan Pacifique est aujourd’hui fragilisé par les rejets chinois et indien.
Quant à la Méditerranée, le barbet rouget est l’une des espèces les plus touchées par cette bioaccumulation.
Côté réchauffement climatique
Selon l’étude publiée par Geophysical Research Letters, le pergélisol (le sol gelé de l’Arctique) contiendrait environ 56 millions de litres de mercure, soit le double de la quantité de ce métal présente dans les océans, l’atmosphère et toutes les autres composantes terrestres.
Avec le réchauffement climatique, cette donne nouvelle est une inconnue parfaite.
Pour en savoir plus
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