Nous ne les aimons pas beaucoup : chaque été, elles nous gâchent de plus en plus la baignade. La faute à leur pullulation, véritable marqueur de la dégradation anthropique des océans et des mers. Ce qui n’empêche pas la méduse d’être le témoin biologique de la magique évolution de la Vie.

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Méduse et mythologie
Méduses de Linné
C’est le célèbre botaniste suédois Carl von Linné, qui au XVIIIème siècle décrivit ces créatures en forme de cloche aux tentacules serpentiformes.
Il les nomma « Méduses » en référence à l’une des trois Gorgones (Sthéno, Euryale et Méduse) de la mythologie grecque. Ces monstres aux cheveux de serpents changeaient en pierre quiconque croisait leur regard. Méduse était réputée mortelle.
En botaniste, Linné décrivit les méduses avec des pistils et étamines.
Des animaux
Cuvier aussi, voyait la méduse comme proche du monde végétal, avec une bouche en forme de racine. C’est le naturaliste François Péron, qui au XIXè siècle, décrivit la méduse comme l’animal qu’elle est vraiment.
Il conserva de la mythologie chère à Linné deux éléments : la saisonnalité des méduses devait être due à leur migration régulière vers les Abysses, à l’instar des Gorgones. Et quand établit la toute première classification de méduses, il leur attribua des noms de personnages gravitant autour des Gorgones (Cassiopée, chrysaor, géryon). De la sorte, les scientifiques connaisseurs de la mythologie les identifieraient plus facilement.
Description de cet animal
La méduse est un animal marin invertébré en forme de cloche ou « ombrelle » auréolée de fines tentacules rétractiles (longues jusqu’à dix fois le diamètre de l’ombrelle) et au nombre d’un multiple de quatre : jusqu’à huit cents tentacules selon les méduses !
Du centre de l’ombrelle, pend librement le « manubrium », organe qui relie la bouche à l’estomac situé au sommet de l’ombrelle.

Les canaux radiaires
De l’estomac partent les « canaux radiaires » qui acheminent les produits de la digestion jusqu’au canal circulaire qui ceinture l’ombrelle. Les produits de l’excrétion empruntent le trajet inverse pour être régurgités par la bouche.
Les cnidaires
Du grec « knidé » qui signifie ortie, les méduses constituent l’un des deux groupes des cnidaires : les animaux marins constitués d’une bouche entourée de tentacules.
Elles existent sous deux formes correspondant aux deux stades de leur vie : sous forme de polype statique, car rivé à un support, qui donnent naissance aux méduses mobiles, qui vivent au gré des courants.
Le plastique est un excellent support pour les polypes des méduses : la pollution plastique en mer, en particulier les micro-particules de plastique, sont une cause importante de la pullulation des méduses.
Méduses et densité d’eau de mer
Le corps mou de la méduse est composé d’une substance gélatineuse, la mésoglée, qui est à 98% de l’eau. Une composition qui varie en fonction de la salinité de l’eau de mer : ainsi la méduse Aurelia aurité est-elle composée à un peu plus de 95% d’eau en Méditerranée, mais à 97,9% en mer du Nord et 98,2% en Baltique.
La densité similaire entre les méduses et l’eau de mer leur permet de flotter au gré des courants.
Depuis la nuit des temps
La méduse existe depuis plus de 600 millions d’années. Au stade embryonnaire, elle est formée de deux feuillets : un ectoderme (qui produit l’épiderme et le système nerveux) et un endoderme (qui produit le tube digestif), la couche de gélatine entre ces deux feuillets lui donne sa consistance corporelle.
Mais dans l’échelle de l’évolution, ces animaux simples, à deux feuillets (ou « diploblastiques »), n’en sont pas moins les tout premiers animaux pluricellulaires.

Une espèce évoluée
Les scientifiques estiment que les systèmes circulatoires séparés (digestion et excrétion) de la méduse sont une préfiguration de la circulation des fluides vitaux (la circulation sanguine) des espèces évoluées. De même, le système sensoriel de la méduse serait le tout premier embryon de cerveau de la Création.
Qu’est-ce qui attire les méduses ?
Les chercheurs de l’Université de Lund en Suède ont mis à jour la façon de s’orienter de méduses tropicales, les cuboméduses. Elles ont de multiples yeux, qui regardent tous vers le haut : cette vision est due à du cristal de gypse dans les structures entourant leurs yeux.
Ces méduses s’orienteraient en fonction de la surface, en détectant ce qui s’y passe jusqu’à huit mètres de distance. Une « vision » étonnante, au regard de leur système nerveux primitif.
Pourquoi une méduse peut- être dangereuse, voire mortelle ?
La méduse est un animal venimeux : ses tentacules sont munis de filaments urticants ou « cnidocystes » qui injectent le venin qui sert à paralyser sa proie.
Pour l’Homme, la majorité des méduses est inoffensive : mais la piqûre de certaines espèces va de la brûlure douloureuse à la piqûre mortelle.
Méduse en méditerranée
En Méditerranée, c’est la Pelagia noctiluca, qui gâche la baignade : la douleur vient du fait que les cnidocystes restent collés sur la peau et continuent d’injecter du venin dans la blessure.
En Australie, la cuboméduse « chironex » est l’animal le plus venimeux de l’océan. Chacun de ses tentacules contient des milliards de cellules urticantes. La cuboméduse est capable de tuer un être humain par paralysie cardiaque.
Ainsi, chaque année, une cinquantaine de personnes meurent-elle d’une piqûre de méduse tropicale : quand moins de dix meurent d’une attaque de requin !
Comment soulager la douleur ?
En cas de piqûre par une méduse, oubliez deux idées reçues : uriner dessus et rincer à l’eau douce ne font qu’empirer la douleur.
Le venin ne supporte pas la chaleur à + de 45 degrés : la façon de soulager la douleur est de rincer la brûlure à l’eau de mer (avec du bicarbonate de soude si vous en avez sous la main) et de la chauffer (avec du sable chaud sur la plage, un sèche-cheveu chez soi).

La reproduction des méduses
L’essentiel de l’énergie de la méduse est vouée à sa reproduction. Dans son ombrelle, elle dispose de gonades flottantes, qui libèrent des gamètes (spermatozoïdes et ovules) qui se fécondent dans l’eau.
En se dispersant dans l’eau, les œufs des méduses conquièrent de nouvelles aires géographiques. Leurs polypes tapissent le fond de l’océan. Ces polypes peuvent rester à ce stade, jusqu’à ce qu’un changement de l’environnement (oxygène, température de l’eau), les mue en méduses mobiles.
Les types de méduses
La scientifique Jacqueline Goy, spécialiste mondiale des méduses, a recensé plus de 2000 méduses différentes.
Chironex, la plus dangereuse
La fameuse « chironex » ou « piqueur marin » ne mesure pas plus de deux à trois centimètres. Heureusement plus inoffensive même si son venin est douloureux, l’Aurélie qui est présente en Méditerranée, mesure entre 5 à 40 cm de diamètre.
Nomura, la géante des mers
La méduse la plus impressionnante en terme de taille se trouve en mer du Japon : la méduse Nomura ou Echizen atteint 2 mètres de diamètre et peser 200 kilos, avec des tentacules de 35 mètres de long.
En 2009, un spécimen du genre a fait chavirer un chalutier. Cette espèce localement invasive détruit les stocks de poissons et s’emmêle dans les filets des pêcheurs.
La pullulation des méduses
Quels sont ses prédateurs ?
Ce carnivore qu’est la méduse (elle se nourrit de phyto-plancton) a elle-même de nombreux prédateurs : la tortue de mer, le dauphin, les requins, l’espadon, le juvénile du thon, au total 124 espèces de poissons et 34 espèces d’autres animaux dont l’anémone de mer et certains crustacés tel que le homard.
Méduse et dégradation des océans
Seulement voilà : la pullulation des méduses est un marqueur de la dégradation des mers et océans. Surpêche, pollution et réchauffement climatique lui profitent. La Méditerranée s’est réchauffée d’un degré en vingt ans : résultat, les méduses ne sont plus présentes de façon cyclique, mais permanente.
Le robot mis au point pour hacher les méduses s’est avéré une catastrophe : il les a multipliées ! La seule solution pour lutter contre la prolifération des méduses est de cesser de dégrader l’environnement, faute de quoi le scénario d’épouvante de « gélification » des océans pourrait se produire.
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