Bien moins médiatique que le loup et l’ours, le lynx arrive pourtant en troisième position des carnivores sauvages à la cohabitation compliquée avec l’Homme. Réintroduit en France dans le Jura et les Vosges, ce félin discret est en danger d’extinction, victime de collisions (voiture et train) et de braconnage.

Contenu
Quel est ce félin ?
Le Lynx boréal est le troisième plus grand carnivore d’Europe, après l’ours brun et le loup gris. C’est aussi celui qui a la plus grande « niche écologique« , au regard de son aire de répartition (toute l’Eurasie et l’Amérique du Nord).
Le poids du lynx
En même temps, si cet animal est bien un félin, il se distingue des autres par sa petite taille (10 à 30 kgs contre en moyenne 100 kgs pour les autres espèces).
Autre différence, il n’a que 28 dents, contre 30 pour les autres félins.
Les caractéristiques de ce félin
Il fait penser à un très gros chat sauvage au corps trapu monté sur des pattes longues et robustes, issues de son adaptation à la neige. Ses pattes postérieures étant plus longues, elles lui donnent cette démarche chaloupée.
Sa queue est courte, au point de sembler tronquée : elle ne lui sert ni à se tenir en équilibre lorsqu’il grimpe aux arbres, ni de gouvernail lorsqu’il marche.
Signes distinctifs de ce félin, ses fameuses oreilles triangulaires prolongées d’un pinceau de poils noirs longs et raides et la bande de poils noirs de sa tête qui évoque des favoris.
Sa fourrure est soyeuse et de teinte variable selon les espèces de lynx : le lynx boréal est tacheté de noir sur les flancs et l’extérieur des pattes.
Un œil de lynx !?
L’œil de lynx est à la fois une légende et une réalité : dans la mythologie grecque, l’Argonaute nommé Lyncé avait le don de voir au travers des murailles et au fond des mers. C’est lui, qui pilotait l’Argo, le bateau de Jason à la recherche de la Toison d’or.
Il n’empêche, le fond de l’œil de ce félin dispose d’une couche cellulaire ou “tapedum lucidum” qui réfléchit la lumière et lui permet de voir la nuit. A l’instar des grands félins, sa pupille est alors ronde, et non pas ovale comme celle du chat.
Deux yeux frontaux, qui lui permettent de bien apprécier les distances lorsqu’il chasse.
Son mode de chasse
Ce félin chasse au crépuscule et à l’aube. Il peut suivre une piste pendant des heures : mais sa faible capacité cardiaque en fait un mauvais coureur de fond.
Si bien que le lynx chasse par effet de surprise, en sautant sur ses proies depuis une branche ou un rocher : il peut alors effectuer un bon de cinq mètres. Cet animal attaque les plus grosses par le flanc, asphyxie les ongulés en les prenant à la gorge, brise la colonne vertébrale des petits rongeurs d’un coup de patte.
Le tout est que la proie soit assez proche, pour que la première attaque soit la bonne. Sinon, il est perdant à la course-poursuite.
Son alimentation
Pour un félin, il chasse des proies de petites tailles, principalement des ongulés sauvages (chamois, chevreuils, sangliers) ou bien plus petites : les lapins qui ont sa préférence quelle que soit l’espèce de lynx, lièvres, marmottes et écureuils.
Mais selon son aire de répartition, le lynx chasse également le cerf (qui fait quatre fois son poids), le renne et même les chameaux.
Au grand dam des éleveurs, le lynx s’attaque aussi aux moutons d’élevage. Quant aux chasseurs, ils le perçoivent comme un concurrent pour le gibier : le lynx a besoin de l’équivalent d’une cinquantaine de chevreuils par an pour se remplir l’estomac.
Quels sont les prédateurs du lynx ?
Les prédateurs de ce félin sont le loup et surtout l’homme !
Le lynx et attaques de l’Homme
Cet animal n’attaque pas l’Homme : de (rares) mais spectaculaires attaques de lynx ont été rapportées (en Allemagne, aux États-Unis).
Or, elles ont été en ville ! Un contexte plutôt contre nature pour ce félin. D’ailleurs, le récit de ces attaques est toujours passablement racoleur.
Son mode de vie
Cet animal est discret et peureux, au point d’être difficile à observer.
C’est un grand solitaire : il vit en couple exclusivement à la période de reproduction, à la fin de l’hiver, de janvier à avril.
Une fois la femelle fécondée, le mâle ignore sa progéniture : la femelle s’occupe entièrement des petits, qui restent avec elle jusqu’à la portée suivante.
Où habite le lynx ?
Là, les petits lynx doivent impérativement la quitter. Ils se délimitent alors chacun un territoire d’en moyenne 300 kms carrés : d’où le rôle néfaste de la déforestation sur l’environnement de ce félin, qui a certes besoin d’espace.
A quelle vitesse court le lynx ?
Il peut atteindre 70 km/h, ce qui lui permet d’attaquer des proies rapides comme les lièvres.

Les différentes espèces
Le lynx ibérique
C’est le félin le plus menacé de la planète : il ne resterait plus que 500 spécimens de lynx ibétiques (lynx pardinus), concentrés en Espagne (en Andalousie entre Doñana et la Sierra Morena) et dans une moindre mesure au Portugal (dans la province de Toledo et d’Extremadure).
De petite taille (environ 13 kilos), il se nourrit essentiellement de lapins. Les maladies (fièvre virale hémorragique et myxomatose) décimant les lapins détruit d’autant le garde-manger de ces félins.
Le lynx roux ou rouge
Surnommé Bobcat, le lynx rouge (ou roux ou rufus), ou le félin le plus chassé au monde : faute de réglementation jusqu’à une période récente.
Pour autant, le plus petit des lynx n’est pas en danger d’extinction, grâce à son aire de répartition vaste (États-Unis, Canada, Mexique) et à son grand nombre de sous-espèces qui lui confèrent un patrimoine génétique riche.
Le lynx du Canada ou canadensis
Ce cousin du rouge partage les mêmes territoires que lui, en remontant plus au nord (Alaska). D’où l’épaisseur de sa fourrure.
Sa plus grande taille fait qu’il s’attaque à des proies également plus grandes.
Le lynx boréal ou commun
Le lynx boréal (lynx lynx ou commun) est le plus grand des lynx : de 10 à 35 kg, pour 65/75 cm au garrot et une longueur de 77/135 cm.
Où se trouve le lynx en France ? Jura et Vosges
Le boréal est celui qui peuplait nos forêts et a été réintroduit dans les Vosges et le Jura.
Pourquoi lynx « européen » ?
Parce qu’il est bien plus présent depuis la Scandinavie jusqu’au bord est du Pacifique, que dans nos contrées.
Sa réintroduction
La population européenne de lynx est estimée à un peu moins de 10 000 spécimens. A l’exception des lynx des Carpates, tous les lynx aujourd’hui présents en Allemagne, en Suisse, en France et en Italie y ont été réintroduits.
En France, ce félin est aux deux-tiers présent dans les Vosges, où il a été réintroduit en 1983. Bien moins nombreux encore, ceux présents dans le Jura et les Alpes sont respectivement issus du Jura Suisse et du Parc national du Grand-Paradis italien, où ils l’ont été dix ans plus tôt.
Une espèce menacée
La destruction de son habitat
A partir du Moyen-Age, le déboisement des grands massifs forestiers de plaines a anéanti les populations d’ongulés sauvages (le chevreuil d’Europe et le Chamois des Alpes) dont se nourrit le lynx, également traqué pour protéger le cheptel domestique, plus accessoirement pour sa fourrure.
Dans le contexte d’urbanisation des vallées, le morcellement de son espace (infrastructures de transport) et les collisions routières et ferroviaires représentent la première menace pour ce félin. Le braconnage étant la seconde… non moins tenace.
Quelle protection juridique ?
Au niveau international, ce félin est protégé par la convention de Washington (la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées) ratifiée par la France.
Au niveau européen, cet animal est protégé dans l’ensemble des pays où il est présent, en tant que « préoccupation mineure » sur la Liste rouge mondiale de l’UICN au regard du grand nombre d’individus au sein des populations baltiques, caréliennes et scandinaves : en même temps, plus de la moitié sont désormais considérés comme « en danger ».
En France, il est une espèce protégée (loi relative la protection de la Nature de 1976 et le ’article L.411-1 du Code de l’environnement) : la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la naturalisation, le transport, le colportage, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat d’individus non domestiques, qu’ils soient vivants ou morts, sont interdits.
Lynx : un triste prix
La destruction d’un lynx est passible de trois ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende.
Pourtant, le 17 mars 2020 en plein confinement, un individu a été retrouvé éventré après avoir été abattu, dans les Vosges : depuis, une récompense de 5000 euros est prévue pour celles ou ceux qui mettront la main sur le(s) braconnier(s).
Pour en savoir plus
La rédaction de Toutvert.fr vous propose ces autres articles :
- Pour tout savoir sur les ours
- Le bouquetin, habitant des montagnes
- Le faisan, pas uniquement un gibier
- L’isard, le chamois des Pyrénées
- Le hérisson, un animal plein de piquants !
- Licorne : à la découverte de cet animal imaginaire et pourtant tant apprécié
- La marmotte qui peuple nos montagnes
- Une indispensable à la biodiversité la chauve-souris
- Le papillon monarque, vive le retour de ce migrant
- Le narval, la licorne des mers
- L’Amazonie, pourquoi est-elle en danger ?
Laissez un commentaire