La loutre, enfin le retour ?
Mammifère sauvage témoin de la bonne santé de nos rivières
Animal commun de nos berges, la loutre a bien failli totalement disparaître : d’abord considérée comme nuisible, elle a vu son habitat détruit par l’Homme. Aujourd’hui, la loutre fait un retour timide.

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Loutre d’Europe – lutra lutra
Elle est ce mammifère sauvage semi-aquatique de la famille des mustélidés : elle forme la sous-famille des lutrinés, comprenant 13 espèces différentes à travers le monde, dont la loutre de mer et la géante.
Comme son nom l’indique, la loutre d’Europe est chez nous l’espèce la plus commune. Mais il est beaucoup dire qu’elle soit répandue, au regard de sa population en très forte régression.
Une excellente nageuse
Elle mesure entre 90 et 130 cm, dont un tiers pour la queue. Signe distinctif de la loutre d’Europe, son nez ou plus précisément rhinarium est de forme hexagonale
Très mignonne avec son museau et ses vibrisses, elle a les pattes palmées qui lui servent bien sûr à nager, mais aussi à évacuer la chaleur, et un double pelage dont les poils s’emboîtent, qui la protège du froid : contrairement à d’autres animaux, la loutre ne dispose pas d’une épaisse couche de graisse.
La loutre d’Europe est adaptée à presque tous le milieux aquatiques, des plaines aux hautes montagnes. Dans les zones côtières, elle a besoin de point d’eau douce à proximité pour boire et rincer son pelage, le sel faisant perdre à celui-ci ses capacités d’isolation thermique.
Nourriture et lieu de vie de la loutre
Elle se nourrit principalement de poissons, complétés de batraciens et crustacés. Lorsqu’elle plonge, son rhinarium et ses oreilles se ferment hermétiquement de façon synchrone. La loutre est capable de rester ainsi sous l’eau plusieurs minutes. Elle repère ses proies grâce à sa vue subaquatique et à ses vibrisses.
Cet animal mange jusqu’à un kilo de poisson par jour : mais elle n’est pas une “mangeuse de poissons” au sens d’écumeuse des rivières, car ses préférences vont vers des espèces abondantes. De surcroît, elle débarrasse le milieu des individus malades.
C’est un animal très joueur : elle ne se contente pas de capturer ses proies : elle joue avec par tempérament, ce qui a pu la faire passer pour sadique, ce qui n’est pas un trait de caractère naturel, uniquement humain !
Il est vrai que la loutre est, à l’occasion, nécrophile : elle se rassasie volontiers du reste de ses proies.

La loutre, un comportement intelligent
Elle fait partie du cercle très fermé des animaux qui se servent d’outils : elle utilise de petits cailloux pour ouvrir des crustacés un peu trop résistants. Elle garderait d’ailleurs le même petit caillou toute sa vie, qu’elle rangerait dans une poche d’eau.
Sa catiche
Plus l’Homme contraint son territoire, plus elle a tendance à se mettre à l’abri : la catiche, du nom des carrières souterraines de craie du Nord de la France, est son gîte classique, surtout quand la femelle met bas. Il peut s’agir d’une cavité qu’est le terrier d’un autre animal ou bien un creux entre deux racines, rochers ou même tuyaux, ou bien entrelacs de végétation des roselière ou ronciers.
Ses épreintes
Fondamentalement solitaire, la loutre délimite son territoire de ses épreintes ou déjections : elles sont la meilleure façon de repérer un individu. Néanmoins, ce marquage concerne un rayon assez important, elle ne se borne pas à un pré-carré restreint. Tant qu’à faire, le mâle inclut dans son propre territoire, celui de plusieurs femelles.
Une vie de famille exigeante
En solitaires, mâle et femelle se retrouvent brièvement pour se reproduire.
Comment s’appelle le bébé de la loutre ?
De surcroît tardivement, pour des carnivores : pas avant deux à trois ans pour le mâle, cinq ans pour la femelle, qui donne naissance au bout de deux mois à un ou deux loutrons, dont l’apprentissage à ses côtés dure une année.

Son espérance de vie
Faites le calcul : pour une espérance de vie d’une dizaine années, la loutre ne se reproduit qu’au bout de cinq ans, sachant qu’elle doit rester encore en vie une année, afin d’assurer son autonomie à la génération suivante. Entre-temps, il peut se passe beaucoup de choses.
Une espère quasi-menacée
Au XIXe siècle, on estime que l’ensemble du territoire français comptait environ 50 000 loutres. Au début des années 1980, il n’en restait plus qu’un millier d’individus. Une quasi-disparition due à la destruction de l’habitat de la loutre, à son statut d’animal nuisible, la loutre étant un “mangeur de poissons”, à sa surmortalité routière et à la pollution aux métaux lourds (surtout le mercure) et aux polluants organiques persistants, d’origine agricole ou industrielle.
La présence étiolée de la loutre en France
Depuis 1981, la loutre d’Europe est en France un animal protégé : le Plan National d’Actions en faveur de la loutre d’Europe (2019-2028) vise à accompagner le retour de la loutre dans son aire originelle de répartition : hormis la région Aquitaine et dans une moindre mesure le massif central, cet animal a presque disparu de la région nord, de même qu’en Belgique et aux Pays-Bas.

Une présence européenne difficile
Aujourd’hui en Europe, la Hongrie est le pays où la loutre est la plus présente. Surtout, la population de loutre d’Europe s’est scindée en deux, d’une part celle de la Finlande à la Grèce (Finlande, Suède, Grèce, Pays-Bas) avec des individus isolés, d’autre part celle de la France et de l’Espagne.
Une espèce parapluie
Or, hormis le fait qu’elle est un animal très mignon, la loutre est une espèce parapluie. Exigeante au regard de la qualité de son habitat et en particulier de la qualité des eaux de rivière, cet animal permet par sa présence, l’existence de tout un équilibre biologique.
Quant à avoir la chance d’observer un individu, il y a le choix entre accompagner un naturaliste connaisseur dans ses patientes marches d’approches au bord d’une rivière, ou bien se rendre à Océanopolis à Brest, seul parc permettant d’admirer la loutre d’Europe et celle de mer.
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