Producteurs paysans : le label qui défend l’agriculture paysanne

Le commerce équitable des petites exploitations

By Gwennaëlle

petite ardoise "Faire Trade" (commerce équitable" posée sur une table au milieu de grains de café, à côté d'une tasse de café

Encore peu représenté en France, le label des Producteurs Paysans s’affiche comme une autre voie vers le commerce équitable. Quelles sont ses particularités ? En quoi se distingue-t-il de Max Havelaar ? Focus sur cette initiative qui soutient les exploitations paysannes à taille humaine.

Label Producteurs Paysans : de quoi s’agit-il ?

Créé en 2006 à l’initiative de la CLAC (Coordination Latino-Américaine et des Caraïbes de Petits Producteurs du CE), le Symbole des Producteurs Paysans (SPP) est le premier label du commerce équitable souhaité, établi et géré par des paysans de pays du Sud.

Porté par l’association mexicaine FUNDEPPO (aujourd’hui rebaptisée SPP Global), ce label remet les producteurs au centre des décisions et des négociations en valorisant entre autres :

  • le développement économique local ;
  • la diversification agricole ;
  • le respect des travailleurs et de la planète ;
  • la défense des intérêts des producteurs.

En 2017, SPP rassemble 93 000 producteurs réunis en 90 organisations, principalement basées en Afrique, en Amérique Latine et en Asie.

Commerce équitable : quelles garanties pour SPP ?

Le pouvoir entre les mains des coopératives

Regroupés en coopératives à fonctionnement démocratique et autonome, les producteurs SPP sont les acteurs de leur propre développement. Ceux-ci sont ainsi majoritaires dans tous les organes décisionnaires.

Une approche centrée sur le petit producteur

Pas de plantations gigantesques en perspective. À la différence de Max Havelaar, le label équitable SPP se recentre sur l’agriculture paysanne à petite échelle. Par exemple, au sein d’une même coopérative, 85 % des membres doivent posséder au maximum :

  • 15 ha de terres en production ;
  • 1 ha de terres sous serre ;
  • 500 ruches.

Les 15 % restants sont autorisés à disposer au maximum du double de ces superficies.

Fermier ayant une petite exploitation de bananes équitables

Des prix alignés sur les coûts de production

Les prix de vente sont définis par les coopératives elles-mêmes afin qu’ils couvrent les coûts de production et permettent de dégager suffisamment de bénéfices pour développer l’activité. Ceux-ci sont calculés par les organisations elles-mêmes, puis arbitrés par des commissions.

Un prix minimum garanti assure l’indépendance face aux fluctuations des cours du marché. Encourageant la transition vers l’agriculture biologique, une prime spéciale « bio » et une prime de développement sont également instaurées.

Une limitation des intermédiaires

Les organisations de producteurs privilégient l’exportation directe et effectuent la majorité des étapes de transformation sur site. Si elles n’en ont pas les moyens, elles peuvent toutefois faire appel à d’autres coopératives plus aguerries.

Une traçabilité accrue

Chaque acteur de la dynamique des Producteurs Paysans (producteur, transformateur, acheteur…) se voit audité par un certificateur indépendant. La traçabilité du produit est ainsi assurée tout au long de la chaîne de production. La politique de « mass balance », qui consiste à ne pas séparer totalement les produits le long de la chaîne d’approvisionnement, est proscrite.

Un engagement des acheteurs

Les producteurs ne sont pas les seuls à agir. Dans l’optique SPP, les acheteurs labellisés s’engagent durablement avec les producteurs en assurant une quantité d’achat systématique. Par ailleurs, après 2 ans de certification, au moins 5 % d’une catégorie de produits doit être SPP. Cette part doit augmenter de 5 % chaque année jusqu’à atteindre 25 %.

La règle des ingrédients s’applique également. Celle-ci précise que :

  • tout ingrédient existant sous le label des Producteurs Paysans doit être effectivement certifié SPP ;
  • tout produit composé de plusieurs ingrédients doit renfermer au moins 50 % de produits SPP.

Quels autres critères pour SPP ?

Le label des Producteurs Paysans investit d’autres aspects visant à une amélioration continue du travail paysan. On compte notamment :

  • des critères sociaux : les organisations SPP s’inscrivent dans le respect des lois du travail et des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de la Convention relative aux Droits de l’Enfant de l’ONU ;
  • des critères environnementaux : le recours aux produits nocifs pour la santé humaine et environnementale est proscrit, tout comme l’emploi des OGM ;
  • des critères de progrès : passage au biologique, intégration des femmes et des minorités, sensibilisation à la sauvegarde de la biodiversité, mise en place de formations pour les travailleurs…

SPP France : c’est quoi au juste ?

Fondée en mai 2015, l’association SPP France promeut et soutient l’initiative des Producteurs Paysans sur le territoire français. Son objectif est de faire connaître au plus grand nombre – consommateurs, entreprises, acteurs publics – les valeurs fortes incarnées par le label SPP. Elle sert également de trait d’union entre les producteurs et les acheteurs français en facilitant leur mise en relation.

Jeune paysane ayant une exploitation de café

Quels sont les produits labellisées SPP ?

Les premiers produits estampillés SPP ont gagné le marché français dès 2011. Actuellement, on les retrouve principalement chez 6 marques ou distributeurs :

  • Saldac
  • Ethiquable
  • Esperanza Café
  • Café Michel/Terra Etica
  • Biocoop
  • Allpeco

En 2017, elles regroupaient non moins de 18 familles de produits dont le café, le cacao, les fruits (essentiellement les bananes), le sucre, les céréales (quinoa, orge…) ou encore le miel. Vous les croiserez le plus souvent dans les enseignes spécialisées ainsi que dans les rayons bio des grandes surfaces.

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