Demeter : le respect du vivant avant tout

Le label écologique de l’agriculture biodynamique

By Gwennaëlle

Pommes portant le label Demeter

« Des produits issus d’une agriculture qui soigne la Terre, transformés de manière respectueuse et sans ingrédient superflu. » Plus exigeant que celui de l’agriculture biologique, le label Demeter représente un engagement fort pour la nature et les Hommes. Comment est né cet écolabel ? En quoi se distingue-t-il du cahier des charges bio ? Partons découvrir cette certification peu connue qui ne date pourtant pas d’hier.

Demeter : définition

Demeter est une marque collective qui certifie les produits d’alimentation, des vêtements et cosmétiques bruts et transformés respectant le cahier des charges de l’agriculture biodynamique. Ce label écologique n’est décerné qu’à une entreprise de transformation, une entreprise de distribution ou un domaine agricole déjà certifié bio selon le Règlement européen. On le reconnaît par son logo de couleur orange.

En 2020, ce sont plus de 7 000 exploitations dans plus de 60 pays à travers le monde qui en sont récompensées.

Label Demeter : quelques éléments d’histoire

Face à l’avènement de l’agriculture industrielle, le philosophe autrichien Rudolf Steiner jette en 1924 les bases d’un modèle agricole novateur, en osmose avec le vivant et les rythmes naturels de la nature : la biodynamie est née.

À travers 8 conférences, il dispense ainsi son « Cours aux Agriculteurs » aux cultivateurs et ingénieurs agronomes en quête de réponses nouvelles. Progressivement, des fermes pionnières s’essayent ainsi à cette nouvelle philosophie. En 1928, la coopérative allemande Demeter voit le jour pour commercialiser ces produits d’un nouveau genre.

Il faudra attendre 1932 pour assister à la création de la certification Demeter. Si elle subit la censure du régime nazi pendant la Seconde guerre mondiale, la marque renaît de ses cendres en 1954, où elle est officiellement déposée à l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle).

Demeter France

Après le cours de Steiner, la France se lance à son tour. Dès 1925, une première ferme biodynamique voit le jour en Alsace. En 1958, l’Association française de culture biodynamique est fondée à Strasbourg.

Comme une suite logique, la certification Demeter France apparaît dès 1978 pour contrôler et récompenser les acteurs français de la biodynamie. Son siège est actuellement basé à Colmar. Chaque exploitation certifiée est ainsi inspectée annuellement – deux années sur trois par des organismes certificateurs partenaires (Alpes Contrôles, Certipaq, Ecocert ou Qualisud), un an sur trois par des contrôleurs internes Demeter.

Au départ indépendantes, les certifications Demeter ont été fédérées en 1997 sous l’association Demeter International. Elle regroupe à ce jour non moins de 19 pays.

Jus de légumes dans un panier tressé, labellisés Demeter

Qu’est-ce que la biodynamie selon Demeter ?

Plus qu’un ensemble de techniques agricoles, la biodynamie considère l’agriculture dans une approche globale et vivante, visant une harmonie constante avec la nature. Trois mots reviennent ainsi chez Demeter pour décrire l’agriculture biodynamique :

  • Holistique : la ferme s’inscrit dans un écosystème vivant, qu’elle doit continuellement observer et préserver. Elle prend notamment en compte les cycles solaires et lunaires ainsi que le comportement naturel des animaux. Elle doit également viser le plus haut degré d’autonomie, en produisant ses propres fumures et fourrages.
  • Régénérative : l’agriculture biodynamique accorde une importance fondamentale à la biodiversité du sol, au renforcement immunitaire des plantes et à la vitalité des aliments produits. Pour ce faire, elle mise entre autres sur des préparations biodynamisées à base de plantes médicinales, de silice, de corne et de bouse de vache.
  • Positive : l’agriculteur devient un gardien de la Terre et du bien-être des Hommes. Il travaille ainsi en symbiose avec la nature tout en répondant à diverses problématiques de l’agriculture actuelle : terres peu fertiles, manque d’autonomie des exploitations, dégradation nutritionnelle des aliments…

Agriculture Demeter : quelles garanties ?

Une conversion totale à la biodynamie

Nécessitant un savoir-faire très particulier, une ferme certifiée ne peut en aucun cas faire cohabiter biodynamie et agriculture conventionnelle. Toujours dans un souci éthique, un même propriétaire ne peut détenir en même temps une exploitation Demeter et une exploitation conventionnelle.

Un respect intégral du vivant

Le bien-être animal constitue l’un des engagements forts de Demeter. Toutes les formes de mutilation conduisant à une quelconque souffrance (écornage, coupage des becs ou des dents…) sont interdites. Les bêtes doivent également évoluer dans un cadre propice à leur épanouissement.

Concernant les plantes, le recours aux OGM est proscrit comme en agriculture biologique. Toutefois, Demeter va encore plus loin en refusant les semences hybrides obtenues par stérilité mâle cytoplasmique (CMS).

Un engagement pour la biodiversité

Il est tout aussi important pour Demeter de faire renaître la vie dans les exploitations. Cela passe en particulier par la rotation des cultures, la mise en place de nichoirs, la réintroduction d’espèces animales… La diversification est également encouragée, à travers la culture de variétés anciennes ou l’élevage de races adaptées climatiquement aux régions.

Une limitation drastique des intrants

Si les engrais chimiques et les pesticides de synthèse sont évidemment bannis, Demeter prône un recours extrêmement faible aux intrants. Le fumier doit idéalement provenir de l’exploitation elle-même. Numérotées de 500 à 507, les préparations biodynamiques s’assimilent schématiquement aux remèdes homéopathiques : extrêmement diluées, elles contribueraient essentiellement à insuffler une force constructrice aux sols et aux plantes.

Tas de butternut portant une étiquette Demeter

Demeter et bio : quelles différences ?

Demeter se distingue du label Eurofeuille (ou AB) par un référentiel plus fort, qui insère véritablement l’agriculteur dans les processus cycliques de la nature.

La différence est d’autant plus marquée si l’on se penche sur les aliments transformés. Pour conserver l’énergie des matières premières, les méthodes de transformation doivent être les plus douces possible : pas de très hautes températures, de passage au micro-ondes, d’homogénéisation du lait ou de jus à base de concentrés.

De nombreux additifs autorisés en biologique sont également évincés dans les produits labellisés Demeter : impossible de rencontrer les très controversés nitrites (E250 et E252), l’acide ascorbique (E300) ou encore les arômes naturels.

Bon à savoir pour conclure : encore timide dans nos rayons bio, le label Demeter suscite un vrai engouement dans le domaine viticole.

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