Le jardin à l’anglaise, l’une des premières révolutions écologiques
Une autre vision des espaces verts
Avec son fouillis végétal apparent, le jardin à l’anglaise fut le contre-pied au jardin à la française, à la nature un peu taillée à la militaire. Plus qu’une différence d’aménagement de son jardin, il s’est agi d’une vision radicalement différente de la nature.

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Histoire et définition du jardin à l’anglaise
Issu du jardin à l’italienne, le jardin à la française aux formes géométriques se répand en Europe jusqu’au XVIIIe siècle, démonstration de la puissance de l’Homme et de sa maîtrise de la nature. Alors, la montagne et la forêt sont autant d’éléments inquiétants, le jardin du curé est fonctionnel et rassurant.
Au milieu du XVIIIe siècle, le jardin à l’anglaise marque une véritable révolution dans l’idée que l’on se fait du jardin : au contraire du jardin à la française qui le dissocie de la nature sauvage, il est un rapprochement entre le jardin et le paysage.
Quel est la différence entre jardin à la française et jardin à l’anglaise ?
En Angleterre, en tous les cas, le jardin à l’anglaise correspond aux grandes mutations de l’ère pré-industrielle : il est une réaction à l’architecture monotone et un peu militaire des bâtiments de l’époque pré-industrielle. II est aussi une réaction politique à la monarchie, dont le jardin à la française est le symbole, porté à son paroxysme par Louis XIV et son jardinier Le Nôtre.
Londres est alors la ville la plus industrialisée d’Europe. La campagne disparaît non sans nostalgie : un petit lopin de terre devant chez soi reconstituant la nature, fait du bien. Ce jardins à l’anglaise n’ont pas l’espace suffisant pour être grand : la mode est au “small is beautiful”. Et, tant qu’à faire, cultiver son jardin a même quelque chose de moral.
Les peintres
L’un des précurseurs du jardin à l’anglaise est William Kent (1685-1748), peintre, architecte-paysagiste et, tant qu’à faire, inventeur de la poussette : sans doute pour promener bébé dans les allées sinueuses de cette nature reconstituée. Car si le jardin à l’anglaise se veut une reconstitution de la nature, il est tout autant une création de la main de l’Homme.
En tous les cas, ce précurseur “franchit la frontière et vit que toute la nature est jardin” (Horace Walpole, Essai sur l’art des jardins modernes, 1780). Ce n’est, de toute façon, pas un hasard si les peintres en furent les initiateurs. Le jardin à l’anglaise se veut un paysage où l’artiste peut planter son chevalet.
De ce côté-ci de la Manche, Claude Lorrain en fut un grand inspirateur. Outre-Manche, Thomas Gainsborough en fut l’un des maîtres, se rendant dans la nature… et reconstituant des maquettes de nature dans son atelier, avec des morceaux de miroir pour figurer les lacs et des branches de brocoli pour représenter les arbres.
Une visée écologique
Outre-Manche, le jardin à l’anglaise est concomitant d’un débat d’opinion sur le rôle de la nature : les tenants d’une nature nourricière s’opposent aux partisans d’une nature à maîtriser au point d’en faire un objet d’apparat.
A la même époque, naît l’inquiétude de la disparition de la nature et le souci de la protéger. Ainsi naissent les premières associations de protection des sentiers publics, à York en 1824, à Manchester en 2826. A la fin du XIXe siècle,fut fondé le National Trust, organisme créé dans le but de protéger les sites naturels. Et, ce n’est pas un hasard, la Royal Society for the Protection of Birds est la plus doyenne des associations de protection des oiseaux, après que le Parlement anglais ait voté les toute premières mesures en faveur de leur protection.
En Angleterre, le jardin à l’anglaise est donc bien plus qu’une simple disposition des plantes dans un jardin, il est une révolution écologique avant l’heure.
Les jardins de Stourhead, les plus connus des jardins à l’anglaise
Avoir un jardin à la française est onéreux et ne produit pas grand-chose. Le jardin à l’anglaise est à la portée de (presque) toutes les bourses. Dans sa version non à la portée de toutes les bourses, ces fameux jardins de Stourhead, dans le Wiltshire (à 2h de Londres). Conçu et réalisé par Henry Hoare II entre 1743 et 1780, il est un jardin à l’anglaise en grandeur nature, avec tableaux paysagers, terres agricoles et même forêt. Tout un parcours initiatique.
Son extension en Europe
Le jardin à l’anglaise à Versailles
En France, le jardin à l’anglaise s’importe sans les considérations politiques et écologiques qu’il a en Angleterre. La preuve par le jardin à l’anglaise voulu à Versailles par Marie-Antoinette, aménagé au Petit Trianon, et qui s’appelle “jardin à l’anglaise” aussi bien que « jardin anglo-chinois ».
Avant d’à son corps défendant succomber à la fin de la monarchie, Marie-Antoinette se laissa séduire par la mode anglaise, où ce coin versaillais fut dûment aménagé d’un lac, d’une petite montagne et de rochers. Un paysage chimérique, où la reine trouva momentanément quelque quiétude.
Des jardin à l’anglaise près de Paris
D’autres jardins à l’anglaise vous attendent, où voisinent parfois les deux conceptions de la nature : ainsi des Jardins Albert Khan à Bologne Billancourt, avec rocailles et même cottages, avant de rejoindre y compris un jardin japonais.
Ou encore les 15 hectares du jardin anglais du château de Fontainebleau, platanes, séquoias, tulipiers et cyprès chauves ont été plantés sous le Second Empire.
Quelles sont les caractéristiques d’un jardin à l’anglaise ?
Les Anglais sont maîtres dans les associations végétales, qui donnent l’impression d’une nature en pleine santé. Attention, en dépit d’une apparence de nature spontanée, il demande de l’entretien.
Jardin à l’anglaise, ses allées sinueuses
Votre jardin à l’anglaise est fait d’allées sinueuses, d’un étang, de coin retirés agrémentés de bancs, d’une terrasse de graviers (désherbée), le tout au milieu de massifs et d’une nature luxuriante.
Quelles plantes dans un jardin anglais ?
Votre jardin à l’anglaise comprendra immanquablement des roses, toujours en association avec des plantes vivaces. Ces roses à profusion sont grimpantes, de préférence mêlées à des clématites, remontantes et odoriférantes. Quant à leur couleur, elles sont dans des tons suaves so britih, blancs, roses, jaunes.
Les autres fleurs sont le narcisse à la fin de l’hiver, l’anémone au printemps, l’echinacea purpurea dont la fleur rose vif est très odorante, les décoratives hostas.

Votre jardin aura aussi besoin d’arcades végétales, faites de rosiers grimpants, de lierre ou de vigne vierge, de haies végétales en buis que vous prendrez le soin de ne pas tailler selon l’art topiaire.
Enfin, libre cours à vos envies, en faisant attention à ce que ces variétés aiment la même nature de sol. Ne vous interdisez pas un peu de gazon, qui se doit d’être bien vert. Jamais de pelouse jaunie dans un jardin anglais. Sinon, shocking !
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