L’homéopathie, ce placebo qui coûte cher ?
Une pratique ésotérique ou un médecine alternative qui soigne vraiment tout ?
L’homéopathie est « dénuée de fondements scientifiques » : les français en sont pourtant les plus friands au monde. Focus sur la place de l’homéopathie dans le paysage médical français actuel.

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« Fake medicines » et « pratiques ésotériques de charlatans »
Petits maux de l’hiver, crampes, aigreurs d’estomac, tracas féminins : pour un français sur trois, direction les tubes à 2 euros des laboratoires Boiron(c), en vente libre en pharmacie.
Le mal de gorge qui menace de tourner à la toux grasse ? Faire fondre sous la langue trois gélules de Belladonna 7CH et de Spongia tosta 7H, trois fois par jour à dix minutes d’intervalle. Et tout va mieux ?
Eh bien non. Le 20 juin 2018, l’Ordre des médecins est intervenu pour précisément y remettre de l’ordre : « Le traitement préconisé par un médecin ne peut, en aucun cas, être alternatif aux données acquises de la science et à l’état de l’art ».
Autrement-dit, l’homéopathie ne soigne pas les vraies maladies. Mais un traitement « peut comporter une prescription adjuvante ou complémentaire, médicamenteuse ou autre, que le médecin apprécie en conscience dans chaque situation, après avoir délivré au patient une information loyale, claire et appropriée ». En somme, un confort, voire un placebo.
Cette mise au point a entendu clore le dernier épisode en date de la polémique. Le 19 février 2018, 124 médecins patentés signaient dans le Figaro, une tribune taxant la seule médecine douce reconnue en France, de « pratiques ésotériques basées sur des croyances promettant une guérison miraculeuse ». Et les petites granules de « fake medicines ».
Un statut dérogatoire et une dérive
De fait, elle jouit d’une dérogation : les petites gélules n’ont pas besoin de « la preuve de l’efficacité thérapeutique » imposée aux médicaments pour leur autorisation de mise sur le marché. Seule leur innocuité doit est démontrée.
Par ailleurs, l’homéopathie a été reconnue en France en 1997, comme « médecine complémentaire », et non comme une spécialité. 5000 médecins ont choisi de la pratiquer.
Et la dérive pointée est double : l’homéopathie ne soignant pas de réelles pathologies (cancer, diabète, maladies chroniques), non seulement elle retarde la prise en compte de leur maladie par ceux qui se tournent alors vers elle, mais elle participe de la défiance vis-à-vis de la médecine allopathique.
L’intrigue, elle aussi, est double : alors que les français disposent de la meilleure médecine et de l’une des meilleures couvertures maladies au monde, pourquoi se tourner vers une médecine de confort, qui ne peut pas se substituer à un vrai traitement ? Également étrange, de fermer les yeux sur le quasi-monopole d’un laboratoire, en l’occurrence les laboratoires Boiron(c) ?
50 millions d’euros par an
C’est calculette en mains, que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a évalué l’efficacité de la seule médecine douce remboursée (à 30%) : « On a décidé de la rembourser sans aucune évaluation scientifique. Peut-être pourrait-elle entrer dans le droit commun et être évaluée » (France Inter, le 12 avril 2018). Il fait aussi mal à la sécurité sociale : 50 millions d’euros par an.
Le National Health Service (NHS), l’équivalent britannique de la sécurité sociale, a précédé la France dans le déremboursement de l’homéopathie. Mais la mesure y a été indolore : la France est le plus gros consommateur des petites gélules au monde, après l’Inde, qui doit cette deuxième position à sa tradition de médecines douces… et à sa population.
Un curieux personnage, que le père de l’homéopathie
Étrange médecin et écrivain itinérant, que Samuel Hahnemann (1755-1843) : il fustigea son premier métier qui, tour à tour, le payait seulement d’ingratitude, et était rentable au point de ne plus lui laisser le loisir d’écrire.
C’est lors de la traduction de Lectures de la Matière médicale du britannique William Culler, qu’il testa sur lui-même la quinine issue de la quinquina : elle soignait du paludisme, tout autant qu’elle infligeait des fièvres à celui qui n’en n’avait pas.
Ainsi germa chez lui, l’idée d’administrer à dose infinitésimale et diluée, une substance produisant chez une personne saine les mêmes symptômes que ceux présents chez une personne malade.
Cela déclencha l’ire du corps médical de Leipzig. Et à en migrer à Paris, où il eut certes, pour éminent patient, Paganini : on peut donc être un virtuose des Caprices pour violon, et souffrir de rétention urinaire et de priapisme.
L’homéopathie soigna-t-elle le compositeur ? Madame Hahnemann mit prématurément fin aux consultations, pour de séantes raisons.
C’est encore par le scandale, qu’Hannemahn accéda à la gloire : il sauva, dit-on, la fille perdue pour la médecine, de l’écrivain Ernest Legouvé. Le tout Paris s’en gaussa. Eugène Sue, l’auteur des Mystères de Paris, et Victor Schoelcher à qui l’on doit l’abolition de l’esclavage, recoururent à ses services. Mais rien ne certifia le lien entre l’homéopathie et leurs inspirations respectives.
Quant à son « Traité des maladies chroniques, leur nature spéciale et leur traitement homéopathique », il divisa même entre eux les partisans de l’homéopathie.
Quelle efficacité pour l’homéopathie ?
L’OMS est formelle : contrairement à ce que l’affirmait Hannemahn, cette médecine alternative soigne pas le paludisme. Ni le Sida, ni les maladies chroniques. En 2017, le Conseil national australien pour la santé et la recherche médicale (NHMRC) étudia 225 études ayant trait à l’homéopathie. Résultat, les petits granules ne sont pas “plus efficaces qu’une pilule de sucre”.
En même temps, elle est présente à l’hôpital : l’AP-HP la propose en médecine de confort, aux personnes traitées pour un cancer. Mais évidemment pas en traitement de substitution.
En automédication, les petites gélules ne font pas de mal contre les maux de l’hiver, et même en cure pour les prévenir, ou contre les crampes du sportif. En somme, elles sont un traitement de bien portant.
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