Allez savoir si la grive musicienne, bien présente depuis plusieurs hivers sur tout le sud-ouest de la France, ne le doit pas à l’anticyclone des Açores. Rien à voir avec les effectifs de cet oiseau migrateur, que le chasseur attend de pied un peu trop ferme, sur ses lieux d’hivernage.

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Ce passereau commun d’Europe
Le nom de grive vient de la Grèce (graecus en latin) où l’on pensait que ce petit oiseau migrateur prenait ses quartiers d’hiver. Cela n’était pas si mal observé : c’est l’un des oiseaux nicheurs d’Europe, qui migre au sud avec le solstice d’automne.
Selon où vous habitez, peut-être l’avez-vous déjà observée : elle se reconnaît à son plumage brun tacheté.
C’est même ce qui la différencie du merle, auquel elle ressemble beaucoup. D’ailleurs, quelle que soit la variété de grives, ce plumage brun tacheté est caractéristique.
Comment identifier une grive ?
Comme précisé ci-dessus, la grive se remarque par un plumage brun sur lequel de petites tâches peuvent être perçues. Entre les différentes espèces, il y a quelques distinctions, mais ce plumage brun tacheté reste une particularité phare de la grive. Entre le mâle et la femelle, il n’y a aucune différence.
Il n’est pas rare de confondre la grive avec le merle. Il faut dire qu’il y a une certaine ressemblance entre les deux. Pourtant, certains points permettent de les différencier.
Merle ou grive ?
Le merle et la grive se ressemblent beaucoup. Mais certaines caractéristiques permettent de faire la différence entre ces deux espèces d’oiseaux :
- Côté plumage : la grive a un plumage brun tacheté tandis que le merle a des plumes noires.
- Côté alimentation : le merle apprécie les vers, les fruits ou encore les insectes. L’alimentation de la grive varie quant à elle selon les saisons. Si durant la période hivernale et automnale, elle adopte une alimentation végétale avec de l’aubépine ou du lierre au menu, lorsque la belle saison pointe le bout de son nez, elle se tourne vers un régime plutôt animal (limaces, escargots…).
Jeune grive
Vous avez trouvé une jeune grive tombée de son nid ? Si vous le pouvez, remettez-la dans son nid ou dans un lieu sûr non loin de ses parents. Ceci leur permettra de s’en occuper. En cas de destruction du nid ou si ses parents ont pris leur envol, vous pouvez vous en occupez sur une durée très limitée (la détention d’oiseaux sauvages est en effet interdite).
Si la grive que vous avez trouvée est déshydratée, vous pouvez lui donner une boisson spéciale que vous pouvez acheter. Pour ce qui est de l’alimentation, il est important de lui donner une nourriture adaptée, qu’elle apprécie.
Les différentes espèces de grive
En Europe, plusieurs variétés de grives se rencontrent communément :
Grive musicienne
La Turdus philomelos est la plus répandue, avec entre 25 et 35 millions de couples nicheurs. Réputée pour son chant qui annonce l’arrivée du printemps, la grive musicienne ressemble à la grive draine.
Grive mauvis
La Turdus iliacus compte une vingtaine de millions de couples nicheurs. Son plumage peut varier mais on la reconnaît à son bec long et à ses pattes assez fortes. En hiver, elle s’en donne à cœur joie côté chant. En ce qui concerne son habitation, elle niche dans les pays scandinaves en hiver et arrive chez nous lorsque l’automne approche.
Grive litorne
Dite « chacha », son nom scientifique est Turdus pilaris, elle aussi, regroupe une vingtaine de millions de couples nicheurs. On la reconnaît à sa calotte grise, ainsi qu’à son croupion. Elle est aussi haute sur pattes. Elle niche en colonies. Et lorsqu’elle aperçoit des prédateurs, la colonie de grives litornes peut montrer une certaine agressivité.
Grive draine
La Turdus viscivorus est moins nombreuse, avec une petite dizaine de millions de couples nicheurs (source BirdLife International). C’est l’une des plus grosses grives. Ses pattes sont jaunes pales, le dessus de son corps est terne et des zones d’ombre au niveau du ventre et de la poitrine peuvent être remarquées.
Grive à gorge noire
C’est le mâle qui a ce trait physique distinctif : la gorge noire. Cette couleur noire est également retrouvée au niveau de sa poitrine et de sa gorge. Le bas de son corps est quant à lui blanc gris, tandis que son dos et ses flancs sont plus foncés. La femelle est plus terne.
La grive musicienne, une vraie passion à ses dépens
La plus répandue des grives doit son nom au fait qu’elle est l’amie du chant (Philemos, en grec). D’un plumage nettement plus fauve que celui des autres grives, avec le dessous des ailes jaunâtre, elle est aussi la plus grosse.

Elle est tout juste plus petite que le merle, avec un poids oscillant 65 à 90 gr, pour 23 cm de long et une envergure de trente à un peu moins de 40 cm.
Le chant de la grive
Dès que sonne la sortie de l’hiver, la grive se fait remarquer par son chant si particulier. La grive chante également lorsqu’elle prend son envol et dès lors qu’elle est dérangée. Les notes émises par cet oiseau sont variées, sifflées et puissantes. Elles sont également chantées à plusieurs reprises.
Grive et alimentation
Comme le martinet, le troglodyte mignon et l’étourneau, elle est principalement insectivore. Elle profite de la belle saison pour avoir un régime alimentaire carné (insectes, mais aussi lombrics, araignées, escargots, limaces).
Les frimas venus, elle se tourne alors vers le règne végétal,
- les baies : parmi ceux-ci, l’aubépine, la lierre, le gui, le sureau, les mûres
- les fruits : parmi ceux-ci, le raisin des vendanges !
Grive et habitation
La grive n’a pas une habitation fixe. En réalité, elle élit domicile là où elle peut se nourrir. Vous pouvez en apercevoir dans les forêts, dans les bois, dans les jardins, dans les parcs ou encore dans les haies. Comme indiqué précédemment, son alimentation n’est pas la même selon la saison.
Grive et reproduction
Selon l’espèce de grive, la période de reproduction change. Si pour certaines, elle débute à partir du début du mois de mars, pour d’autres elle commence durant la période estivale, au mois d’août. Les grives construisent leur nid à plusieurs mètres de hauteur, sauf la grive mauvis qui le met en place directement sur le sol.
Une femelle grive peut pondre jusqu’à 6 œufs qu’elle couvre pendant 15 jours environ. Lorsqu’ils éclosent, les juvéniles reçoivent ce qu’on appelle la becquée. Au bout d’un mois, ils sont autonomes et prennent leur envol.
Un oiseau migrateur victime de la chasse
La grive musicienne est aussi la plus chassée : c’est le mauvais sort qui attend les grives, à chaque migration hivernale.
Pas drôle, de fuir la froide Scandinavie, pour être attendue de pied ferme, là où vous comptiez passer la mauvaise saison.
Chaque année, la grive musicienne (la grive mauvis également) empruntent quatre grands couloirs migratoires :
- le couloir Atlantique pour les grives venant de Scandinavie,
- les couloirs rhodaniens et du Massif Central pour les grives venant d’Europe occidentale et d’Europe de l’Est et qui passent par la face Nord des Alpes
- le couloir méditerranéen pour celles d’Europe de l’Est qui passent par le sud des Alpes.

Tout un périple, avec des vols de 300 km parfois, pour finir piégée : à la glu en Provence Alpes Côte d’Azur, cette colle placée sur les branches des arbres à cet effet ; à la penderie dans les Ardennes, collet avec des baies pour appâter l’oiseau, qui y glisse sa tête.
Une tradition toujours bien vivace, même si l’époque est révolue, d’une « chasse de poste » loin de tout, à une heure de Marseille.
Chaque année, les « quotas » de chasse délivrés par le ministère de l’Écologie opposent les protecteurs de la nature aux adeptes de la chasse traditionnelle.
Selon la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) les effectifs d’oiseaux communs en Europe, ont diminué de 25% en trente ans.
Un oiseau qui nidifie au nord et en hauteur
Si elle réchappe de la saison de la chasse, qui s’étend d’octobre à février, cet oiseau remonte vers le nord pour nidifier.
Elle parcourt des milliers de kilomètres, qui tiennent lieu de marche nuptiale. Mâles et femelles se choisissent sur le trajet du retour !

Sur place, le nid est vite fait, bien fait : elle fait son nid en une journée. Hormis la grive mauvis, qui nidifie à hauteur de buisson, les autres grives aiment se percher entre deux mètres cinquante et neuf mètres au-dessus du plancher humain.
De quoi voir la paix : l’oiseau y pond deux à trois couvées par saison, à raison de quatre à six œufs par ponte.
La couvaison des œufs bleus à tâche brune dure une petite quinzaine de jours. Les oisillons sont autonomes en un mois.
Quand les grives arrivent-elles ?
En fonction des espèces de grives, voici quelques indications sur leur période de migration :
- Grive musicienne : c’est celle qui voyage le plus. A partir de la mi-septembre, nous pouvons commencer à l’apercevoir.
- Grive draine : la migration post-nuptiale débute à partir du mois d’octobre et continue jusqu’en novembre. Pour ce qui est de la migration prénuptiale, elle a lieu de février à avril.
Note : la migration post nuptiale équivaut à celle de l’automne tandis que la migration prénuptiale est égale à celle du printemps.
- Grive mauvis : elle commence à migrer dès le milieu du mois d’octobre. Entre fin février et avril, c’est la migration prénuptiale.
- Grive litorne : si la migration post-nuptiale a lieu entre la fin du mois de février et la fin du mois de mars, la migration prénuptiale est quant à elle très variable d’une année à l’autre. Elle peut se tenir entre novembre et janvier.
Où sont les grives ?
Horreur, les grives raffolent du raisin. Mais si les viticulteurs l’apprécient peu, la chair de la grive aurait alors un goût encore plus raffiné.
Les anciens le savaient bien, qui élevaient des grives en volières, pour les nourrir de figues, dans le même dessein.
Ne nous appesantissons pas… les grives indiquent, en tous les cas, des signes indéniablement liés au réchauffement climatique.
A l’automne, elles ont tendance à migrer vers le sud environ trois semaines plus tôt. Or, on a aussi tendance à vendanger plus tôt, au regard de la maturité du raisin. Allez savoir si elles le devinent, au point de rappliquer plus tôt, ou bien si la Terre se réchauffe !
Dans le sud-ouest de la France, l’arrivée des grives serait plutôt liée à l’anticyclone des Açores : avec ses hautes pressions, il favorise les courants d’air ascendants, que prennent les oiseaux. Une observation sur plusieurs années déjà.
Remarquez, ceci n’est pas propre aux grives. Tous les oiseaux cherchent à s’adapter. Mais le fait que la grive est un oiseau migrateur, en fait un excellent témoin du climat.
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