Animaux sauvages

Le grand tétras, « relique glaciaire »… et écologique

On dirait un petit dindon : pourvu qu’il ne soit pas celui de la mauvaise farce. Symbole d’une nature intacte, le Grand Tétras est de moins en moins présent dans nos massifs montagneux. Et la chasse n’est pas seule en cause.

Le grand tétras, « relique glaciaire »… et écologique

Grand tétras ou grand coq de bruyère

Le Grand Tétras (Tetrao urogallus) ou Grand coq de bruyère est le plus gros gallinacées sauvages européens.




De la famille des tétraonidés (tout comme le tétras lyre, symbole des Alpes), le Grand tétras est originaire des latitudes boréales : arrivé sous les nôtres lors des dernières glaciations, il y est resté, d’où son surnom de « relique glaciaire ».

Sa description

Le Grand tétras a un bec puissant et une excroissance charnue ou « caroncule » rouge vermillon au-dessus de l’œil. Cet oiseau a un beau plumage : le dos noir, les ailes brunes avec chacune une tache blanche et le poitrail vert bleu avec des reflets. Sa queue est formée de grandes plumes tachetées de blanc, qu’il déploie en éventail pour parader.

Cet oiseau se distingue aussi par son format : le mâle pèse entre quatre et six kilos, pour une envergure souvent de plus d’un mètre. Néanmoins, le dimorphisme est important : la femelle est deux fois plus petite et son plumage roux tacheté de blanc.

L’habitat du grand tétras

Au nord de l’Eurasie, de l’Écosse à la Chine en passant par la Sibérie, cet oiseau occupe de vastes territoires. Chez nous, il habite des zones plus resserrées, avec une préférence pour les vieilles forêts de résineux.

Le grand tétras dans les Pyrénées

Deux sous-espèces  y sont représentées, le Tetrao urogallus aquitanicus dans les Pyrénées et le Tetrao urogallus major dans les autres massifs montagneux… sachant que les Pyrénées abritent 90% des Grand tétras que recense encore l’Hexagone.




Au total, cet oiseau est présent sur six départements pyrénéens.

Grand tétras dans les Alpes, les Vosges, le Jura

Cet oiseau est présent dans trois départements de la chaîne du Jura, sept départements du massif vosgien, mais le seul département de la Haute Savoie pour les Alpes.

Dans le massif central, il l’est de façon très symbolique, après sa réintroduction à la fin des années 90 en Lozère.



Son comportement

Cet oiseau est très discret. Il est actif à l’aube et à la tombée de la nuit. Le reste de la journée, il reste blotti dans un buisson, des hautes herbes ou une branche basse. Il sort ponctuellement de sa cachette en quête de nourriture ou pour prendre des bains de poussière qui le débarrassent des parasites.

Son alimentation

Seuls les poussins sont carnivores : pendant les quatre premières de leur vie, ils se nourrissent d’arthropodes à raison de seize heures par jour !

Ils deviennent ensuite herbivores, comme les adultes, avec un rythme moins effréné : aiguilles de conifères en hiver (les bactéries de son tube digestif en digèrent la cellulose), végétaux riches en protéines au printemps (bourgeons de hêtres, sorbier des oiseleurs, myrtille) : un régime alimentaire qui se diversifie avec la belle saison, jusqu’à l’hiver suivant.

Grand tétras, son chant

Le chant du Grand tétras lui sert à faire sa cour : entre avril et mai, une heure avant le lever du soleil. Le mâle s’époumone ainsi entre une à huit heures durant, selon son succès. Et rebelote le soir, moins longtemps.

Sa reproduction

Le mâle est un nostalgique : le territoire de naissance qu’il « choisit » est toujours le plus proche possible de son lieu de naissance. Sur cette « place de chant », la femelle opte pour le mâle dominant.

Sitôt les six à sept œufs couvés pendant trois semaines éclos, les poussins sortent du nid. Seuls un ou deux atteindront le stade adulte. Le mâle a beau être polygame, l’avenir n’est pas tout tracé.




La femelle (notez le dimorphisme important)
La femelle (notez le dimorphisme important)

Un sédentaire

Seule la femelle effectue des migrations régulières : entre le lieu de reproduction (qui est celui de la naissance du mâle) et son site d’hivernage, auquel elle-même est fidèle. Des navettes de trois à cinq kilomètres. Macho, le mâle ?

En tous les cas, son vol n’est pas un long courrier : un puissant battement d’ailes, puis je me laisse glisser et je bats un peu encore des ailes, le tout sur au maximum un kilomètre.

Comment l’observer ?

Ce discret laisse malgré lui des traces de sa présence : ses crottes ont la forme de cigarettes courbes bien caractéristiques, de quatre à cinq centimètre long pour environ dix millimètre de diamètre. Leur teinte et leur consistance dépendent de sa nourriture : sombre en hiver, elles ont plus claires au printemps avec un bout typiquement blanchâtre dû à l’urée, pour tourner au violet avec les myrtilles de l’automne.

Autre trace, celle de son pas, qui laisse un croix sur le sol sablonneux et sur la neige.

Et bien sûr, au printemps, vous pouvez le repérer à ses vocalises matinales.

Grand tétras : espèce protégée et chassée ?

Inféodé aux forêts de résineux, Tetrao urogallus est censé en être un bon indicateur écologique.

Sauf qu’en France, son statut est pour le moins contradictoire : il est à la fois inscrit sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et encore autorisé à la chasse : avec la Suède, où les populations sont nombreuses, la France fait donc figure d’exception à la règle européenne.

Allez savoir combien de spécimens compte encore l’Hexagone : a priori 3700 dans les Pyrénées, son fief. Sauf que les mesures de comptage divergent : les « places de chant » seraient les plus fiables. L’autre méthode est le repérage par les chiens d’arrêt, autrement-dit pas les chasseurs. Ces derniers ne sont pas seuls en cause : la montagne est aussi aménagée de pistes de ski.

Pour en savoir plus

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Pascale

Née en 1960 à Dakar au Sénégal, Pascale est toujours un peu cet enfant qui a grandi au bord de la mer, même si elle vit aujourd’hui à Paris. Les obligations professionnelles de ses parents l’ont amené à voyager à travers le monde et à rejeter le matérialisme pour se concentrer sur l’humain. Quand elle arrive en France pour faire Sciences Po Paris, c’est un grand décalage qui l’attend. Elle conforte alors sa vision de la vie aux autres jeunes gens de son âge. Elle s’habitue à ce nouveau rythme, mais c’est la perpétuelle recherche du « reste du monde » qui la guide et la mène au journalisme. Elle découvre la radio, elle collabore d’ailleurs toujours à Radio Ethic, puis le média web. Ses domaines de prédilection : le sport, pour sa dimension d’échanges et partages, et l’écologie bien sûr. Elle la vit au quotidien en se déplaçant à bicyclette et trouvant toujours une astuce récup’ pour ne pas acheter neuf inutilement. Elle rejoint l’équipe de Toutvert.fr en 2016, dont elle devient rapidement un pilier central !

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