En grec, galeopsis signifie littéralement « en forme de belette ». Drôle de nom pour une plante ! Mais après examen de sa corolle de fleurs, qui suggère plus ou moins la gueule de ces petits carnivores, on comprend tout le sens de cette métaphore. Quelles surprises nous réserve donc le galéopsis, cette herbe aux faux airs d’ortie ? Quelles sont notamment ses vertus en phytothérapie ? Perçons les mystères de ce genre botanique aux multiples identités.

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Un genre et plusieurs espèces
Derrière le genre Galeopsis se cache en réalité une dizaine de plantes herbacées, appartenant à la grande famille des Lamiacées. Toutes ont vu le jour dans le climat tempéré des contrées eurasiennes. Passons en revue les quelques espèces les plus connues.
Galeopsis segetum ou douteux ou des moissons
Parfois baptisée Galéopside douteuse, Galéopside des champs ou encore Galéopside des moissons, l’espèce Galeopsis segetum se rapproche anatomiquement de la grande ortie. Mais qui s’y frotte… ne s’y pique pas : comme toutes ses amies galéopsis, elle ne présente aucun caractère urticant.
Atteignant aisément 10 à 50 cm de hauteur, elle se distingue par sa tige velue, des feuilles lancéolées profondément nervurées, et des grappes de fleurs blanc-jaune renfermant un calice épineux.
Cette plante se fait de plus en plus discrète sur nos sols européens. Affectionnant les sols silicieux, les rocailles et les graviers, on le croise encore en Allemagne et au Danemark. En France, il se concentre essentiellement dans le Massif Central, au détour du plateau de l’Aubrac par exemple, ou encore dans les Vosges.
Ses parties aériennes, dont les sommités fleuries, s’emploient en phytothérapie pour la confection de tisanes.
Galeopsis ladanum
Cette espèce est une plante annuelle, arborant de juillet à octobre des fleurs purpurines, parfois tachetées de blanc. Elles sont supportées par des tiges peu renflées et très ramifiées. Ses feuilles sont ovales et possèdent des dents bien marquées.
Elle se rencontre partout en Europe, sauf en Grande-Bretagne, Irlande, Islande et dans l’extrême Nord.
Galeopsis angustifolia ou galéopside à feuilles étroites
Cette espèce est considérée comme une sous-espèce du Galeopsis ladanum. Elle s’en différencie cependant par la forme de ses feuilles, bien plus effilée.
Galeopsis tetrahit
Plus connu sous les appellations de Galéopside à tige carrée, d’Ortie épineuse ou d’Ortie royale, il se reconnaît par sa tige hérissée de poils à terminaison rougeâtre, et par ses fleurs rosées réparties en glomérules.
Appréciant les clairières, les lisières des forêts, et les sols riches en éléments nutritifs, il se rencontre partout en France, excepté dans les régions du Midi méditerranéen et en Corse.
Cette espèce est utilisée en homéopathie, sous forme de teinture-mère et de granules.
Propriétés du galéopsis
Avant toute utilisation à visée thérapeutique, nous vous recommandons de prendre conseil auprès de votre médecin, pharmacien ou herboriste. Une préconisation qui s’adresse en particulier aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’aux personnes souffrant d’une maladie chronique ou sous traitement médicamenteux – afin d’éviter toute interaction ou effet indésirable.

Dans les affections respiratoires
Si il a longtemps joui d’une certaine notoriété, c’est en grande partie pour son action antituberculeuse. En effet, des traitements à base de tisanes ont autrefois été administrés aux personnes souffrant de la tuberculose.
Aujourd’hui, on le considère essentiellement pour ses vertus expectorantes. Il s’emploie notamment lors de rhumes, grippes, bronchites ou trachéites pour désencombrer les voies respiratoires. Il soulage également les irritations de la gorge et les quintes de toux, grasse ou sèche, tout en fortifiant les poumons.
Vous pouvez préparer une décoction maison, en employant 4 à 6 g de galéopsis séché pour 50 cl d’eau. Laissez infuser 5 à 10 min, et consommez cette infusion à raison de 3 tasses par jour maximum, jusqu’à amélioration des symptômes. N’hésitez pas à sucrer votre préparation avec une cuillère à café de miel, aux vertus adoucissantes et antiseptiques.
Pour les organismes carencés ou fatigués
Fortement pourvu en silice, il possède un côté reminéralisant particulièrement intéressant pour lutter contre les carences. Il renforce ainsi les individus souffrant d’anémie ou de troubles alimentaires comme l’anorexie, mais aussi les personnes en période de convalescence.
Notons que le galéopsis renfermerait aussi des flavonoïdes, des polyphénols antioxydants présents en grande quantité dans le thé vert, le cacao et le vin rouge. Ces molécules assurent notamment la bonne santé des vaisseaux sanguins.
Pour drainer les tissus
Cette plante médicinale posséderait enfin un pouvoir diurétique léger, qui se révélerait bénéfique pour traiter certaines formes d’œdème.
Galeopsis tetrahit : une plante comestible ?
Tout à fait ! Comme beaucoup de Lamiacées, il fait partie des plantes comestibles. Il aurait jadis été employé comme herbe aromatique pour condimenter les plats. Par ailleurs, il serait également mellifère.
Pour la petite anecdote, l’ethnobotaniste François Couplan rapporte que ses feuilles auraient fait un temps les beaux jours de la gastronomie polonaise : celles-ci étaient alors servies bouillies, accompagnées de pomme de terre, de lait et de farine d’avoine.
Mais force est de constater que la consommation de galéopsis reste peu répandue. Peut-être à cause de son odeur, particulièrement forte voire déplaisante, qui peut rapidement réfréner les ardeurs des cueilleurs…
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