Le faucon pèlerin, une vraie machine à voler
Oiseau de haut vol, le faucon pèlerin fut le prestige de toutes les cours d’Europe avant de frôler la quasi-extinction. Un rapace trop parfait pour laisser indifférent.

Présentation du rapace
La faux, « falx » en latin, a donné son nom au faucon pèlerin (Falco peregrinus), en référence aux ailes étroites et pointues de ce rapace diurne. Ce n’est pas sa taille, de petite à moyenne, qui a fait la réputation du faucon pèlerin : la femelle a les proportions d’un pigeon ramier, le mâle est un tiers plus petit, d’où son nom de tiercelet.
Il a une tête ronde et assez volumineuse au regard de son corps : la femelle a la tête plus petite que le mâle, mais n’en rien déduire svp ! Une calotte noire qui donne l’impression qu’il porte un casque. Et sur ses joues, deux taches également noires en forme de favoris.
Le bec est crochu, et sa mandibule supérieure a pour caractéristique d’être pourvue d’une sorte de dent, qui lui sert à sectionner les cervicales et la moelle épinière de ses proies. Un bec de couleur jaune, de même que ses pattes et son tour d’œil, qui tranchent sur le gris anthracite de son plumage, un peu plus clair chez le mâle.
Faucon pèlerin, vitesse
Le faucon pèlerin est un bel exemple de biomimétisme : sa vitesse de vol est comparée à celle d’un avion de chasse, sauf que le rapace est antérieur à l’aviation qui s’en est inspirée. Ce sont, en tous les cas, ses qualités de vol et sa domestication relativement aisée qui ont fait sa réputation en Europe. Au Moyen-Age, la fauconnerie était un sport très prisé.
Des pointes à quatre cents kilomètres à l’heure : le faucon pèlerin est un oiseau qui se transforme en véritable projectile. Et la chasse n’est pas la seule démonstration de ses aptitudes. En période nuptiale, mâle et femelle s’adonnent à des chasses-poursuites aériennes, avec loopings et piqués à trois cent cinquante kilomètres/heure. Et vive la pesanteur, la femelle va encore plus vite que le mâle, même si l’illusion d’optique donne l’effet inverse.
Faucon pèlerin, piqué
En chasse, le vol du faucon pèlerin comprend trois phases très caractéristiques : le vol de placement à une vitesse atteignant les cent kilomètres/heure, le vol de piqué où il atteint sa vitesse maximale, et le piqué où il fond sur sa proie.
Lors de ce vol de chasse, il parcourt une distance comprise entre une centaine de mètres et plusieurs kilomètres : il repère sa proie de loin ! Il effectue alors une plongée de cinq cents à mille mètres.
Le faucon pèlerin est l’oiseau qui a le meilleur aérodynamisme au monde : il vole « ailes battues » pendant le vol de placement, puis ailes fermées pour fondre sur sa proie. A l’instar de l’avion de chasse, ce rapace peut voler à une vitesse équivalent à deux cents fois sa longueur par seconde. Seul le colibri d’Anna fait mieux, trois cent fois sa longueur par seconde.
Faucon pèlerin, habitat
Avec une telle perfection, il était présent à peu près partout sur la planète : en Europe, de l’Atlantique à l’Oural et de la Méditerranée à la Scandinavie, au Proche et Moyen-Orient, en Amérique, en Afrique, en Australie.
Sauf que l’être humain s’en est mêlé : en attestent les peintures rupestres, l’Homo Sapiens a utilisé à escient les facultés de chasseurs du faucon, avant d’en faire un jeu. Puis la réputation du faucon pèlerin s’est gâtée : il chassait le cheptel que l’Homme se réservait. Sa réputation de nuisible et les pesticides organochlorés nocifs à sa reproduction ont failli avoir raison du faucon pèlerin.
Si bien que le seul et unique oiseau apte à vivre presque partout, s’est retrouvé en quasi-voie d’extinction en Europe. Depuis les années 70, le Fonds d’Intervention pour les Rapaces a oeuvré pour son sauvetage. Et depuis 2018 en France, un programme de baguage permet de compter le nombre de couples, désormais à nouveau en hausse.
En France, le faucon pèlerin niche dans les falaises côtières de la Manche, dans les Alpes jusqu’à deux mille mètres d’altitude, mais aussi à nouveau en Alsace, en Lorraine, dans les Vosges, les Hauts-de-France. En hiver, il aime les plaines le long des fleuves, où se concentrent les autres oiseaux.
Faucon pèlerin, alimentation
Ce faucon se nourrit quasi-exclusivement d’oiseaux (il est ornithophage) qu’il capture en plein vol : corneilles, pies, geais, étourneaux, grives, merles, mouettes, pigeons. Mais il peut aussi se nourrir de chauve-souris et d’hannetons. Ce rapace chasse à l’aube et au crépuscule.
Le faucon pèlerin capture en vol sa proie dans ses serres, ou bien si celle-ci l’a repéré, lui donne un coup de serre sur la tête (on dit alors qu’elle est buffetée). Dans ce cas, il pique à nouveau pour récupérer sa proie en train de tomber. Elle ne lui échappe jamais !
Faucon pèlerin, cri
C’est un oiseau silencieux, sauf « au nid ». Son cri est perçant, et lui sert d’alerte, qui s’exprime sous la forme de « kek-kek-kek ».
Faucon pèlerin, reproduction
Il se reproduit à partir de l’âge de deux ans et jusqu’à la disparition de l’un des deux partenaires. L’espérance de vie du faucon pèlerin est de vingt ans : chaque année, le couple se retrouve pour se reproduire, en février-mars sous nos latitudes.
Comme les autres faucons, le faucon pèlerin ne construit pas de nid : il utilise les cavités et anfractuosités, dont il gratte le sol pour y déposer trois à quatre œufs. Fidèle en couple, il l’est aussi à son aire de reproduction : il revient au même endroit.
Ce rapace n’a pas du tout l’instinct grégaire : un bon kilomètre pour séparer les « nids » les uns et des autres : chacun chez soi !
Des quelques jours précédant la ponte à la maturité des oisillons, le tiercelet nourrit tout le monde, la femelle ayant pour rôle de dépecer la nourriture. Mais l’un et l’autre couvent les œufs. Seulement à partir du deuxième duvet des bébés qui leur tient suffisamment chaud, la femelle repart à son tour chasser.
Le taux de survie des bébés faucons pèlerins est de 50%, très liée à l’abondance ou non de nourriture et aussi aux aléas climatiques des mois de mars et avril.
Faucon pèlerin, nouvelles menaces
Classé en annexe I de la CITES (protection maximale), le faucon pèlerin fait son retour y compris en ville. Mais les falaises, site exclusif de sa reproduction, sont désormais aussi la joie des adeptes de l’escalade ou du vol à voile. Décidément, il n’en n’a pas fini avec l’être humain.
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