La fasciathérapie, vrai confort ou véritable arnaque ?

By Pascale

Fasciathérapie : charlatanisme ou discipline d'avenir ?

Technique de massage des fascias, le tissu conjonctif des organes, la fasciathérapie est mise à l’index par l’Ordre des kinésithérapeutes. Et suspectée de dérive sectaire. Elle ferait pourtant du bien…

Définition et origines de la fasciathérapie

Un peu moins de 40 ans…

Fondée en 1980 par le kinésithérapeute et ostéopathe de formation, le français Danis Bois, professeur des universités non pas en France mais au Portugal (directeur du laboratoire de recherche appliquée en psychopédagogie perceptive (CERAP) à l’université Fernando Pessoa de Porto), la fasciathérapie se présente un peu comme une autre ostéopathie.

Elle se base sur les fascias, ces fines membranes qui enveloppent les muscles et les organes. Ces membranes élastiques enregistreraient en superficie ou en profondeur, les chocs physiques et psychologiques vécus par l’organisme. Délier ces points de tension ainsi mémorisés permettrait de régénérer l’énergie de l’organisme.

La membrane de nos organes, la mémoire de nos traumatismes ?

A l’instar de l’ostéopathie, celle-ci reconnue en France depuis 2002 et à la formation strictement réglementée, la fasciathérapie soulagerait mal de dos, entorse, tendinite, périarthrite scapulo-humérale (douleur de l’épaule), mais aussi troubles circulatoires, gynécologiques, digestifs.

Vrai ou faux, la fasciathérapie n’est pas reconnue scientifiquement. Elle n’est pas non plus reconnue par le Conseil national de l’Ordre des masseurs-Kinésithérapeutes (avis du 22 juin 2012), la profession qui, selon les affirmations des partisans de la fasciathérapie, l’exercerait.

Par chance, cette discipline n’est pas dangereuse pour la santé. A l’issue d’une séance, le « patient » témoigne être très détendu. Sur les forums, certains affirment avoir été soulagés de périarthrite de l’épaule. Et avoir pris conscience de leur corps.

Fasciathérapie : charlatanisme ou discipline d'avenir ?
Fasciathérapie : charlatanisme ou discipline d’avenir ?

Quelle efficacité ?

La face cachée de la fasciathérapie

En 2007, ce fut une première pour le moins insolite : l’hôpital d’Angers finançait un test clinique de fasciathérapie, auprès de patientes en chimiothérapie pour un cancer du sein. Le but avoué, « évaluer l’impact de la fasciathérapie sur la qualité de vie, le sentiment d’existence, et la prescription des autres soins de support ». Et la conclusion : les trois quarts des huit patientes avaient connu une réduction de la douleur.

Or, la même année, la Milivudes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, et l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, mettaient la fasciathérapie à l’index.

Comment se faisait-il que l’hôpital, le saint des saints de la médecine, ouvrit la porte à une pratique suspectée de charlatanisme ? Mieux, en faisant fi de la Milivudes et du COMK.

Vers un diplôme ?

En 2008 encore, au CHU de La Pitié-Salpétrière, un diplôme intitulé « Stress, traumatisme et pathologies », validait le bien fondé de la fasciathérapie, à partir de l’étude clinique d’Angers.

Et en 2010, une seconde étude clinique abondait à nouveau sur le rôle de la fasciathérapie en cas de traitement du cancer du sein : mais une étude menée par un praticien privé, dûment rétribué en honoraires.

Restons tout de même vigilant

De fait, Danis Bois a reconnu avoir, pendant dix ans, été dans la mouvance de la Mission Shri Ram Chandra, classée « mouvement sectaire ».

Fasciathérapie : charlatanisme ou discipline d'avenir ?
Fasciathérapie : charlatanisme ou discipline d’avenir ?

Si la Miviludes a, sur décision de justice, retiré la fasciathérapie de son guide « Santé et dérives sectaires » (arrêt de la Cour d’Appel de Paris, décembre 2017), elle souligne que 40% des dérives sectaires concernent la santé : préférence d’une explication ésotérique à un diagnostic difficile à entendre, les vendeurs de faux-espoirs font leur beurre du désarroi et de la crédulité d’autrui.

La fasciathérapie ne peut donc être considérée que comme un confort, sans aucune garantie de réglementation, ni de personne formée en ce sens. Elle ne peut, en aucun cas, être mise en balance avec un avis médical.

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