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École Steiner : des établissements qui divisent

Une éducation anthroposophique ?

Dans le grand boom des pédagogies alternatives, l’école Steiner fait couler beaucoup d’encre. Liens avec l’anthroposophie, approche pseudoscientifique, secte : ses détracteurs avancent nombre d’arguments face à cette approche pour le moins singulière de l’éducation. Essayons d’établir un état des lieux en toute objectivité.

École Steiner : des établissements qui divisent

Aux origines de la pédagogie Steiner-Waldorf

Derrière ces écoles peu ordinaires se cache Rudolf Steiner, philosophe et occultiste autrichien fondateur de l’anthroposophie. Ce courant ésotérique, puisant çà et là des préceptes du bouddhisme et du christianisme, prône essentiellement l’accès de l’être humain à la spiritualité : les notions de karma et de réincarnation y sont fréquemment reprises. Il apparaît ainsi comme une pseudoscience, farouchement opposée à la thèse matérialiste et l’approche scientifique moderne.




En 1919, Steiner est sollicité par l’usine de cigarettes Waldorf Astoria pour dispenser son enseignement aux enfants du personnel ouvrier. C’est donc dans cet entrepôt de Stuttgart que la première « Libre école Waldorf » ouvre ses portes. Malgré une expansion freinée par le régime nazi, cette méthode connaît un regain d’intérêt dès la fin de la guerre. Ce sont désormais plus de 1 000 écoles, du jardin d’enfants au lycée, qui ont posé leurs briques partout dans le monde – tout particulièrement en Allemagne et en Europe du Nord.

École Steiner en France

En France, la percée de l’école Steiner reste très timide : on recense seulement une vingtaine d’établissements pour environ 2 300 élèves.

L'apprentissage des mathématiques
L’apprentissage des mathématiques

École Steiner sous contrat

La majorité des écoles Steiner jouissent d’un statut hors contrat : elles fonctionnent donc sans aide financière de l’État et définissent leur propre ligne éducative.

Cas particuliers, les établissements de Chatou et Verrières-le-Buisson disposent d’un contrat d’association avec l’Éducation nationale. Quant à ceux de Strasbourg, Sorgues, Eourres, Toulouse, Troyes et au jardin d’enfants de Pau, ils sont sous contrat simple.




École Steiner : quel tarif ?

Pour inscrire votre enfant dans une école Steiner, attendez-vous à des frais de scolarité compris entre 1 500 et 3 800 euros par an – le matériel étant fourni.

Pédagogie Steiner : comment ça marche ?

Une organisation en 12 niveaux

Concrètement, le système Steiner intègre 12 classes échelonnées de la maternelle (3 ans) à la fin de la première. Au primaire, un enfant sera encadré généralement par le même instituteur. Toutefois, cette prise en charge unilatérale soulève la problématique de l’objectivité de l’enseignement. Jusqu’où la personnalité de l’éducateur influe-t-elle sur la vision du monde de l’élève ?

Une vision cosmique du développement de l’enfant

Pour Rudolf Steiner, l’enfant traverse une succession de trois corps : « corps physique », « corps éthérique » et « corps astral ». Une conception spirituelle qui inspire un découpage de l’apprentissage par septaines, censé respecter le rythme de l’enfant :



  • 0 à 7 ans : phase d’imitation ;
  • 7 à 14 ans : phase de création artistique ;
  • 15 à 18 ans : phase d’intellectualisation et de conceptualisation.

En ce sens, le corps enseignant reporte l’apprentissage académique aux « grandes classes ». Jusqu’à 7 ans, place à la créativité et à l’imaginaire : contes et jeux libres font partie du quotidien des plus petits. La lecture sera abordée tardivement, autour de 8 ans. Ainsi, les concepts plus abstraits se cantonnent plutôt aux derniers niveaux du secondaire.

Une approche holistique de l’élève

« Accueillir chaque enfant comme une personne unique, établir avec lui une relation de confiance réciproque et lui permettre ainsi de découvrir, de déployer et de mettre en valeur ses capacités et ses potentialités » : voilà le credo du Mouvement international des écoles Steiner-Waldorf.

Pour aider l’enfant à se développer de manière « équilibrée », la méthode Steiner alterne activités intellectuelles, artistiques et manuelles, en s’appuyant essentiellement sur le vécu. Par exemple, peinture, broderie et jardinage s’invitent au programme dès le plus jeune âge. L’eurythmie, sorte de danse théâtrale, se pratique à raison de plusieurs heures par semaines pour favoriser l’expression corporelle.

Outils pédagogiques Steiner-Waldorf : pas de superflu

Exit poupées et petites voitures : les enfants de l’école Steiner se distraient essentiellement avec des matières brutes : coquillages, bouts de bois et tissus. Une dimension naturaliste très prégnante dans la philosophie Steiner, qui a au moins l’avantage de sensibiliser les plus petits aux enjeux écologiques.

Ainsi, l’usage des outils numériques demeure restreint : bannis chez les plus petits, ils sont progressivement instaurés dans le secondaire.




Fait important également, les écoles Steiner ne s’encombrent pas de manuels scolaires. Priorité absolue à l’enseignement oral !

Du matériel simple et naturel
Du matériel simple et naturel

École Steiner : des avis partagés

Si certains voient dans cette pédagogie une source d’épanouissement personnel, ce point de vue est loin d’être unanime.

Bien que ces établissements soient réglementés depuis 2001, la frontière entre la vision anthroposophique et l’éducation Steiner reste floue. Même si l’anthroposophie n’est pas explicitement enseignée aux élèves, elle imprègne indirectement l’organisation de l’école et sa conception de l’individu.

Sous une laïcité affirmée, l’instauration de rituels et cérémonies lors de fêtes à connotation religieuse (Saint-Michel, Noël, Pâques et Saint-Jean) peut surprendre. Retour à la nature, connexion au cosmos ou célébrations initiatiques ? À chacun de se faire sa propre opinion.

Sans forcément tomber dans la secte, l’école Steiner soulève de vraies questions de fond. À quel point l’anthroposophie laisse-t-elle son empreinte dans l’enseignement ? Que doit-on penser des multiples références cosmiques et spirituelles ne reposant sur aucune réalité scientifique ? Comment l’enfant s’appropriera ces savoirs dans sa vie d’adulte ? Des interrogations qui suscitent de vives réactions jusque dans la presse.

Parmi les derniers témoignages marquants, celui de Grégoire Perra, ancien élève de l’école Steiner et ex-membre de l’école anthroposophique : en prononçant sans détour le mot « endoctrinement », il remplace le point final de l’histoire « Steiner » par trois points de suspension.

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