Le droséra, la plante carnivore au secours de la toux
En France, c’est dans le Jura que vous pouvez encore rencontrer le droséra. Ses sucs gastriques piègent les insectes. Et coupent la chique à vos quintes de toux sèche. Découvrez cette fameuse « goutte de rosée ».

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Le droséra, la plus élaborée des plantes carnivores
Sur la vingtaine de plantes carnivores poussant en France, le droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) en est le specimen le plus élaboré. Pour s’adapter aux sols acides pauvres en azote des tourbières et zones marécageuses, cette plante s’est fait carnivore.
Malin, ce que le sol vous refuse, vous le prenez au ciel ! Les feuilles sont couvertes de petits tentacules collants et de couleur rouge : un piège, pour les mouches et insectes qui les confondent avec de la rosée. La feuille s’enroule alors autour de la proie et le suc des tentacules la digère.
Facile à décrire, mais rares sont les plantes carnivores qui digèrent des insectes : la majorité se font aider, par exemple, par des pucerons, et se nourrissent de leurs déjections. Le droséra se dispense d’auxiliaire : son suc bouche les voies respiratoires de l’insecte et ses enzymes acides (de l’acide butyrique et même de l’acide chlorhydrique) décomposent ses parties molles en molécules qui peuvent alors remonter par la tige, nourrir la plante. Imparable. D’ailleurs, celle-ci n’aime pas trop les pucerons qui le dévorent…
C’est le médecin et botaniste allemand Albrecht Wilhelm Roth (1757-1834), qui découvrira tout ce subtil mécanisme. Quant à Darwin, il montrera que cette plante carnivore ne piège que des proies qui lui fournissent de l’azote. Elle ne se fatigue pas à piéger ce qui ne le nourrit pas. Vraiment très élaboré !
Ses bienfaits, propriétés, remèdes naturels
Ironie apparente de la nature, les mêmes sucs qui étouffent les insectes sont bons pour nos voies respiratoires. Le droséra est un antitussif : il apaise les toux sèches, uniquement. Pas les toux grasses.

De fait, cette plante contient un enzyme appelé drosérine qui, tout comme les sucs gastriques et salivaires humains, permet la fragmentation des protéines en éléments plus petits. La toux est le signal d’alarme d’un intrus dans vos poumons et/ou votre gorge. Le suc de la plante fragmente cet intrus. Vous ne toussez plus !
Attention, ce mécanisme ne fonctionne que pour les toux sèches. Le droséra ne désencombre pas d’une tous grasse. Sachant que des quintes de toux répétées impliquent de consulter, pour savoir exactement ce que vous avez.
Le droséra et l’homéopathie
Le débat ne date pas d’aujourd’hui : au XVIe siècle, le médecin et botaniste flamand Rembert Dodoens constatait que le droséra, trop agressif, était nocif pour les phtisiques, si elle n’était pas administrée à dose homéopathique.
Comment l’utiliser ?
Le droséra, ayez la main légère
Cette plante se trouve sous forme d’infusion, de solution buvable… ou de gélules homéopathiques. Dans tous les cas, respectez impérativement la posologie (nombre de gouttes à diluer dans un verre d’eau) et fréquence.
Ce végétal est agressif : une surdosage aboutirait à l’effet inverse, toux et envie de vomir, par agression de vos muqueuses tel l’insecte des tourbières. Ce scénario d’horreur uniquement pour vous mettre en garde. Si vous respectez les doses vous serez tout simplement soulagé.
Les bonnes associations
Pour obtenir un bon effet antispasmodique, n’hésitez pas à ajouter du thym serpolet à votre droséra. Et si vous avez des troubles rhumatismaux, associez-le avec de la prêle, réputée pour soulager les articulations.
Les contre-indications
Si vous souffrez d’hypertension, cette plante vous est formellement contre-indiquée.
Cultiver un droséra
En France, le droséra à feuilles rondes est désormais une espèce régionalement protégée : il est interdit de la cueillir. Raison pour laquelle la phytothérapie se tourne de plus en plus vers le droséra « ramentacea ».
L’exploitation et l’assainissement des tourbières ont réduit l’espace de vie de ce témoin du Crétacé. Mais si vous en êtes amateur, vous en trouvez désormais facilement en jardineries.
Ne plantez pas votre droséra dans la terre de votre jardin, elle ne s’y épanouira pas. Il vous faut de la terre à plantes carnivores, composée aux deux tiers de tourbe et d’un tiers de sable. Vous avez le choix entre un massif dans votre jardin ou un pot large dans votre intérieur.

Cette plante carnivore supporte mal le gel. Elle aime le soleil, mais pas être brûlée.
Alors, vous aurez une plante originale : ses petites feuilles rondes et charnues figurent une rosette aplatie, en été rehaussées de petites fleurs blanches à graines, au bout d’une hampe d’une vingtaine de centimètres.
Tout un mythe
N’oubliez pas de raconter à vos convives que le droséra est le matagot : un marchandage avec le diable, en échange de l’âme d’un sorcier. Celui-ci était aussi la plante qui vous écartait du droit chemin, si tant est qu’il y en ait un !
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