Crime environnemental : commettre l’irréparable ne coûte pas cher et peut rapporter gros

Crime écologique, la 4e forme de criminalité !

By Chloe Violette

Crime contre l’environnement, crime écologique, écocide ou tout simplement crime environnemental, celui-ci est devenu la 4ème forme de criminalité après la drogue, le trafic d’êtres humains et la contre-façon. En effet, les réseaux criminels ont réalisé que les profits liés aux extractions de métaux précieux, aux trafics de bois ou d’animaux rares étaient énormes, et les peines encourues mineures.

Une aubaine pour les professionnels du crime, déjà dotés des connaissances, du matériel et des réseaux de transports. Résultat, ces trafics rapportent entre 70 et 200 milliards de dollars par an aux mafias.

Crime environnemental : la définition

La criminalité environnementale fait référence aux activités illégales portant préjudice à l’environnement et bénéficiant à une ou plusieurs personnes ou même à des entreprises.

Comme l’indique un rapport américain datant de 2000, une activité perçue comme un crime environnemental appartient à l’une de ces catégories :

  • Pêche illégale.
  • Commerce illégal d’animaux et d’espèces en danger.
  • Commerce illégale de matières précieuses.
  • Exploitation illégale des forêts.
  • Pollution par déchet et trafic de déchets.
  • Commerce de matières nocives contre la couche d’ozone.

Les domaines concernés par la notion de crime environnemental sont donc les suivants :

  • Mauvaise gestion des déchets toxiques ou encore des déchets dangereux entraînant un danger pour l’homme et la planète.
  • Diffusion de polluants, une pratique qui affecte les sols, l’air, l’eau, mais également la santé des hommes et des écosystèmes.
  • Destruction ou trafic des habitats des espèces animales menacées, engendrant une mise en danger de ces animaux.
  • Déforestation, surpêche et (sur)exploitation de tout autre ressource.
  • Législation environnementale non respectée, une pratique ayant des conséquences importantes tant pour l’homme que pour la planète.

Crime environnemental : exemples

Le crime environnemental concerne les quatre coins du monde : tous les pays sont touchés par cette forme de criminalité ! Braconnage, surpêche, exploitation illégale du bois… voici quelques exemples d’actes graves.

Braconnage

Les premières cibles sont la faune sauvage. Plus l’espèce est rare, plus les prix s’envolent. Aux États-Unis, 1 kilo de poudre de cornes de rhinocéros (très prisé par la médecine chinoise) se vend 62 000 euros, soit 2,5 fois plus cher qu’un kilo de cocaïne.

Autre exemple, les effectifs de tigres sauvages qui ont sombré, passant de 100 000 au début du XXème siècle à seulement 3200 aujourd’hui.

Pour la médecine chinoise, le tigre soignerait en effet, selon les morceaux, la fièvre, l’insomnie, l’épilepsie, le paludisme et même l’arthrose ! Il est surtout vendu en Chine où sa traque est interdite depuis 1981 mais pas son utilisation.

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Moins connu, le pangolin est pourtant devenu le mammifère le plus braconné au monde.

La corne de rhinocéros se raréfiant, les trafiquants ont tourné leur attention vers ce fourmilier d’Asie et d’Afrique qui a la particularité d’être couvert de kératine, comme les cornes. En dix ans, plus d’un million d’animaux ont été capturés…

Dumping environnemental

Plus subtil, le dumping environnemental consiste à profiter des écarts de législation entre pays.

Rien de plus simple pour un agriculteur français que de traverser la frontière espagnole afin d’acheter des pesticides autorisés là-bas mais interdits chez nous. Selon Greenpeace, un quart des pesticides utilisés en Languedoc-Roussillon vient d’Espagne.

Encore plus problématique : les produits phytosanitaires contrefaits arrivant d’Asie. « C’est beaucoup plus compliqué qu’un trafic de stupéfiants », reconnaît le colonel Jacques Diacono, de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique.

« Les stupéfiants, c’est interdit, point. Alors que pour les produits phytosanitaires, il faut identifier la contrefaçon qui peut, en outre, contenir des produits toxiques dangereux pour la santé de l’agriculteur et des consommateurs. »

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De même, en Europe, il est obligatoire de recycler ses déchets dangereux, comme le matériel électronique, les déchets hospitaliers ou nucléaires. « Mais plus on durcit la réglementation, plus il y a d’intérêt à frauder », souligne le colonel Jacques Diacono.

Récemment, nous avons trouvé une dizaine de tonnes de déchets dans un hangar agricole…» Des tonnes d’appareils électroménagers partent illégalement vers l’Afrique ou l’Asie pour être recyclés à bas prix dans des conditions sanitaires effroyables.

En août 2006, le Probo Koala, un navire pétrolier affrété par la société hollandaise et suisse Trafigura, a déchargé dans le port d’Abidjan 581 tonnes de déchets. Les émanations de gaz ont causé 15 morts et empoisonné plus de 43 000 personnes ! La Côte d’Ivoire, renonçant aux poursuites, a conclu un accord de 152 millions d’euros avec Trafigura. Pas de quoi inquiéter une société dont le chiffre d’affaires a atteint 1 milliard de dollars en 2014…

Autre exemple, en France, un trafiquant d’espèces protégées risque au plus un an de prison et 150 000 € d’amende. En effet, commettre l’irréparable ne coûte pas bien cher.

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Exploitation illégale du bois

En plus de détruire la biodiversité, l’exploitation du bois participe aux changements climatiques et porte atteinte aux populations dépendant des éléments issues des forêts. Conséquences de cette pratique criminelle : les communautés concernées ne peuvent ni accéder à l’alimentation, ni aux combustibles et ni même aux médicaments.

Mais cette infraction n’est pas la seule ! En effet, des essences d’arbres recherchées et menacées sont également exploitées par des malfaiteurs. L’acajou est l’une d’entre elles.

Les crimes liés à la pêche

C’est un triste constat : les stocks de poissons s’épuisent peu à peu. Or, certaines personnes n’hésitent pas à se lancer dans une pêche illégale mettant ainsi en danger la durabilité de nos océans.

Les exemples phares de la surpêche sont la surexploitation de thons albacores ou de la morue de Terre-Neuve. Avant que sa population s’écroule à la fin du XXe siècle, la morue de Terre-Neuve fut pêchée de façon intensive durant plusieurs siècles. Résultats de cette pratique : la population de morues a diminué jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus se reconstituer (les poissons survivants n’ayant pas pu régénérer le stock perdu).

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Outre la pêche illégale, le trafic de drogue est aussi bel et bien présent : les malfaiteurs se tournent vers des bateaux de pêche pour s’adonner à cet acte illégal.

Élimination illégale des déchets

Que ce soit pour l’air, les sols ou notre santé, déverser illégalement les déchets est dangereux et à l’origine de contaminations (les ressources et l’air que nous respirons chaque jour peut être contaminé à cause de cette pratique).

Crime environnemental : que faire ? Comment agir ? 

Pour lutter contre le crime environnemental, plusieurs actions ont été mises en place. Une police de l’environnement ou des polices spécialisées (police des déchets, par exemple) ont notamment été instaurées dans plusieurs pays.

Par ailleurs, INTERPOL a instauré une unité afin de combattre le commerce de bois illégal et en 2013, l’Organisation internationale de police criminelle (abrégée en INTERPOL) a fait savoir qu’une unité a été créée afin de lutter contre la pêche illégale.

Et de notre côté, que pouvons-nous faire ? 

À votre échelle, vous pouvez également agir ! Avant d’acheter un objet particulier par exemple, prenez le temps de vérifier d’où il provient. Achetez-le dans une enseigne connue et jouissant d’une bonne réputation. Pour être sûr de faire le bon choix, optez pour des produits pourvus de la certification FSC (Forest Stewardship Council), par exemple.

Vous pouvez également adopter des habitudes bonnes pour la planète. Si vous voyagez par exemple, essayez de choisir des établissements respectueux de l’environnement. Pour un tourisme vert, voici les écolabels à considérer.

Enfin, si vous souhaitez ramener des souvenirs de vos vacances, soyez également vigilant lors de vos achats. En effet, certains articles peuvent être illicites (ceux issus d’espèces sauvages spécifiquement). Des restrictions peuvent aussi avoir été mises en place. N’hésitez pas à vous rapprocher des autorités pertinentes afin d’en savoir plus. Au cas où vous rapporter un produit illicite de votre séjour, vous risquez une amende importante. Ne prenez donc pas de risque !

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