Les coronapistes, l’effet vélo de la pandémie
Se déplacer en gardant ses distances et la forme
En ville en France, près de 600 kilomètres de pistes cyclables sanitaires ou « coronapistes » ont été aménagées au lendemain du premier confinement. Temporaires ou pérennes ?

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Coronapistes : définition
Au lendemain du premier confinement, le réseau des transports en commun ne put transporter qu’un quart de ses voyageurs habituels (un siège sur deux). Le vélo est doublement apparu comme une saine alternative : un geste barrière idéal face aux transports en commun à moindre capacité et vécus comme des « bétaillères à virus ».
L’engouement vélo
En ville, du jour au lendemain, la pratique du vélo a ainsi augmenté de 30% au point que les fabricants de vélos ont enregistré une explosion de 117% de leurs ventes de vélos à assistance électrique. Et ont tablé sur une demande durable.
Quant à l’opération « Coup de pouce au vélo », elle a encouragé la réparation de sa bicyclette à hauteur de 50 euros financés par l’État.
Les autorités sanitaires
Les Nations Unies avaient institué le 3 juin « Journée mondiale du vélo ». Depuis la pandémie, l’Organisation Mondiale de la Santé incite à la pratique du vélo : celle-ci a des bienfaits au physique et au mental, comme mode de transport et activité physique, surtout dans un contexte de salles de sport sont fermées.
De surcroît, le vélo est une pratique sportive universelle, également accessible aux pays en voie de développement. C’est aussi un outil de la « récupération verte » post-Covid, bon pour la santé individuelle et celui de l’environnemental urbain.
Coronapistes en villes
Le tout est de pouvoir faire du vélo en toute sécurité, le nez hors des pots d’échappement, avec un tracé de pistes cyclables cohérent : ainsi à Paris, le cycliste peut-il désormais remonter depuis la place de la Madeleine jusqu’à la place de Clichy, puis rallier le nord de la capitale. Une cohérence jusqu’alors réservée à la voiture.
Le nombre de kilomètres
En juillet 2020, les différents gouvernements européens s’étaient engagés à créer plus de 2000 kilomètres de coronapistes, en tête la Grande-Bretagne et la France.
En France au niveau national, il y a d’un côté la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), de l’autre le Club des villes et territoires cyclables de France (qui regroupe les collectivités territoriales).
Selon la FUB, 605,9 kilomètres de coronapistes ont vu le jour : 1000 kilomètres, selon le Club des villes et territoires cyclables de France. La différence ? 400 kilomètres en cours d’aménagement.
Quant au nombre de communes qui ont créé des coronapistes, il est de 266 selon la FUB (toutes tailles de communes confondues), de 105 collectivités (qui ont répondu à son questionnaire en ligne) selon le Club des villes et territoires cyclables de France. En majorité, en tous les cas, des communes de plus de 20 000 habitants.

Les aménagements globaux
Ces 1000 kilomètres de coronapistes sont, bien sûr, à rapprocher des 67.000 km au total d’aménagements cyclables déjà existants en France (pistes cyclables, voies vertes, bandes cyclables, etc). Fait néanmoins notable, ces 1000 kilomètres de coronapistes se situent principalement en ville.
Coronapistes à Paris et Ile-de-France
Avec 69 kilomètres, Paris arrive en tête de villes créatrices de coronapistes. Symboliquement, la rue de Rivoli dédiée au vélo au lendemain du confinement a enregistré un passage de 14 000 vélos par jour, contre 2000 en 2019.
En Ile-de-France, le collectif Vélo Île-de-France (regroupement de 38 associations de cyclistes) a lancé un observatoire des coronapistes. Pour ce collectif, la vraie révolution du vélo n’a pas eu lieu à Paris, mais en banlieue.
Le département du Val-de-Marne a fait figure de pionnier, avec un réseau rapidement aménagé de 40 kilomètres de coronapistes. Les Hauts-de-Seine ont suivi. En revanche, la Seine-Saint-Denis a eu plus de mal a imposer un réseau cyclable, trop souvent utilisé pour le stationnement des voitures.
Les villes friendly vélo
Les villes déjà acquises à la pratique du vélo sont celles qui ont créé le plus de coronapistes : Lyon, Bordeaux (25 kms), Nantes, Grenoble (18 kms) mais aussi et dans une moindre mesure Limoges (4, 8 kms).
A l’étranger, Boston et Londres ont aussi développé cette mesure sanitaire.
Et les villes non friendly vélo
Le vélo en ville n’est pas dans toutes les mœurs urbaines. Ainsi certaines villes ont-elles fait le choix d’effacer les coronapistes : Argenteuil en région parisienne, mais aussi Marseille, Aix-en-Provence, Besançon, Saint-Etienne, Quimper, Clermont-Ferrand.
A Marseille, la coronapiste de la célèbre avenue du Prado a été plus qu’éphémère. A Aix-en-Provence, les 13 kms de coronapistes ont duré 10 jours. Dans la ville de Clermont-Ferrand, les trois petits kilomètres de coronapistes n’ont pas rencontré l’adhésion des habitants.
La bonne surprise
Dans ce panorama, Nice a créé la bonne surprise, avec l’intention d’aménager 65 kilomètres de pistes cyclables.

Coronapistes et détracteurs
Les coronapistes ont un coût d’aménagement : raison pour laquelle Strasbourg, ville acquise au vélo, n’a pas souhaité engager de frais supplémentaires dans ce type d’installation provisoire.
Autre motif mis en avant, l’insuffisante fréquentation des coronapistes : ce fut le cas à Besançon (la Ville estimant le trajet choisi peu concluant) et à Marseille : mais là, après six jours seulement d’expérimentation de la coronapiste de l’avenue du Prado !
Ailleurs (Cagnes-sur-Mer, Amiens), des raisons électoralistes l’ont emporté. A Cagnes, les adversaires du maire sortant avaient lancé une pétition contre les coronapistes.
Mais les deux motifs récurrents invoqués contre les coronapistes sont les embouteillages en centre-ville (ce fut le motif invoqué à Quimper, et dans les Yvelines à propos de la piste cyclable longeant la D186) et le manque de sécurité (dans le Val d’Oise cette fois, la piste de la D14 à Montigny-les-Cormeilles).
Autre motif avancé, la gêne des voitures pour se garer en double file… ce qui est interdit.
Coronapistes : carte et schéma de circulation des villes
Au total, les coronapistes ont tout de même fait changer de braquet la réflexion sur la mobilité en ville. A Marseille, les militants d’ANV-COP21 Marseille ont tracé à nouveau la coronapiste effacée, dans le cadre de leur action « rest in Piste ».
A Paris comme à Marseille, une grande majorité des habitants sont favorables à la pérennisation des coronapistes. Quitte à leur faire changer de nom pour oublier le virus.
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