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Collapsologie : survivra-t-on à l’effondrement ?

Se préparer aujourd’hui à repenser demain

« Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer… » : une hypothèse que la collapsologie prend très au sérieux. Ce courant de pensée, qui entrevoit la fin de notre société actuelle, convainc de plus en plus de Français. En cause, des crises multifactorielles qui marquent les limites de notre modèle politique, économique et social. Mais plus qu’un constat pessimiste, il s’agit également de chercher de nouvelles solutions pour survivre à ce chaos. Tentons de comprendre les enjeux de cette théorie.

Collapsologie : survivra-t-on à l’effondrement ?

Collapsologie : définition

La collapsologie se définit comme une approche visant à étudier les risques et les impacts de l’effondrement de notre société industrielle, et de notre civilisation telle que nous la connaissons.




Issu du latin collapsus (effondré)  et du grec logos (étude), ce néologisme a été créé par Pablo Servigne et Raphaël Stevens, principaux instigateurs de la pensée collapsologue en France.

Collapsologie : un effondrement écologique ?

La situation semble plus complexe. Bien entendu, les problématiques climatiques et l’altération de la biodiversité dessinent les contours d’une crise écologique sans précédent, qui conduirait notre monde à un point de non-retour : manque de ressources énergétiques, catastrophes naturelles…

Toutefois, les collapsologues ne voient là qu’un possible volet de l’effondrement. Ce serait davantage dans la conjonction de différentes crises (économique, sociale, démocratique, énergétique) que notre civilisation industrielle trouverait le moyen de s’écrouler.

Gardons cependant en tête que toutes ces composantes restent intrinsèquement liées. On pourrait donc aisément imaginer une sorte d’effet « domino », où un seul déséquilibre suffit à tout faire basculer.




L'effet domino
L’effet domino

Collapsologie : du faux dans le vrai ?

Même si les arguments des collapsologues reposent initialement sur des faits scientifiques, aucun modèle mathématique ne permet aujourd’hui de prédire avec exactitude un effondrement. Essentiellement parce qu’il subsiste toujours une part d’inconnu due aux fameux « cygnes noirs » : ces événements extrêmement rares et imprévisibles qui ont une portée considérable sur un système.

Devant l'effondrement: Essai de collapsologie
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Toutefois, il est aujourd’hui possible d’établir des baromètres pour mesurer l’évolution des comportements et des sociétés – à l’instar de ce qui se fait pour le changement climatique. Selon le modèle World3 du Club de Rome, si nous ne changeons rien à nos habitudes, 2030 pourrait marquer le début de l’effondrement. Yves Cochet, mathématicien et ancien ministre de l’Environnement, penche pour un écroulement « possible dès 2020, probable en 2025, certain vers 2030 ».

Collapsologie : à quelle date tout peut s'effondrer ?
Collapsologie : à quelle date tout peut s’effondrer ?

Collapsologie et coronavirus

Les collapsologues convertis le disent : adhérer à la théorie de l’effondrement commence toujours par un électrochoc. Une prise de conscience souvent brutale de la fragilité de nos systèmes qui prend souvent naissance dans un besoin fondamental non assouvi : un sentiment d’insécurité, une méfiance à l’égard des gouvernements, un licenciement subi…

Pour beaucoup, la pandémie de Covid-19 a justement constitué cet événement déclencheur. Un très gros grain de sable qui vient enrayer une machine en apparence bien rodée jusque-là. Tout un chacun a pu éprouver, à son échelle, l’impact considérable de cette tragédie humaine et économique : le manque de moyens hospitaliers, des commerces qui fonctionnent au ralenti, un isolement social, un retentissement psychologique encore inévaluable. Sans prononcer encore le mot « effondrement », voilà comment une crise sanitaire peut mettre à mal une société tout entière. Est-ce là l’argument qui va entériner la thèse de la collapsologie ?

Collapsologie : comment se préparer ?

Face à cette « fin du monde » annoncée, plusieurs états d’esprits se distinguent. Si certains s’arment déjà jusqu’aux dents pour affronter le pire, d’autres acceptent mieux leur sort.

Collapsologie et survivalisme

Même s’ils demeurent encore peu nombreux, les adeptes du survivalisme commencent à acquérir une certaine popularité sur les réseaux sociaux. Ils n’hésitent pas à échanger des astuces pour survivre en milieu hostile : construction d’abris en forêt, chasse à la flèche… Sur Facebook, le groupe Transition 2030 rassemble tout de même à l’heure actuelle une communauté de plus de 30 000 membres.




Pour se prémunir d’un éventuel cataclysme, les survivalistes plus radicaux montent encore d’un cran. Certains se lancent dans des stages de survie urbaine pour vivre comme des « naufragés de la vie ». D’autres embarquent pour des voyages collectifs en plein cœur de l’Himalaya. Leur credo : être toujours prêt, quoi qu’il arrive. Quant aux plus méfiants qui peuvent s’offrir ce luxe, ils ont déjà réservé leur bunker, au cas où une catastrophe nucléaire se produirait. Des craintes que certaines sociétés ont su parfaitement exploiter, en surfant sur la vague déferlante de la collapsologie…

Collapsologie heureuse

Et si, au lieu d’avoir peur de l’effondrement inéluctable, on finissait par l’accepter ? Voilà en quelques mots le principe de la « collapso heureuse » : accueillir la collapsologie comme l’occasion d’un renouveau et s’adapter au changement.

Inutile de préciser que ce sentiment de plénitude ne devient pas accessible en un jour. Une fois passé le choc initial, l’individu amorce une courbe de deuil. Un long processus où le déni, la colère, et l’injustice laissent progressivement place à la résilience et au passage à l’action. Cela passe par des initiatives variées pour apprendre à « s’autonomiser » tout en se reposant sur une solidarité collective : nouveaux modèles agricoles comme la permaculture, éco-villages, indépendance énergétique…

Pour l’anecdote, les collapso heureux déclarent majoritairement avoir « bien vécu » le confinement du printemps 2020. Cette circonstance encore inédite a signé un retour aux besoins essentiels. À la clé, une consommation moins superficielle, un meilleur respect des rythmes biologiques et un affranchissement des obligations sociales. Le début d’une « réaction en chaîne » positive, qui a insufflé une nouvelle dynamique aux plus fervents collapsologues.

Si notre avenir reste effectivement impénétrable, espérons que les présages de la collapsologie feront au moins fleurir de belles initiatives pour demain.

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