La chouette, parce qu’elle l’est vraiment
Rapace nocturne, la chouette n’embête personne. Mais c’est fou ce que sa vie nocturne lui a créé d’ennuis avec l’Homme, dont elle a nourri l’imaginaire. Aujourd’hui, la dégradation de l’environnement lui crée d’autres ennuis. Décidément !

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Chouette, symbole de mort et de sagesse
Le Cri de la chouette est le titre du roman d’Hervé Bazin, qui fait suite à Vipère au poing, tout aussi éloquent pour décrire Folcoche, sa redoutable mère. Le cri de la chouette, c’est Folcoche le retour, dans la vie enfin paisible de son fils, le pauvre Brasse-Bouillon. Happy end, la vieille chouette finit par mourir : ouf, c’était la seule façon de se débarrasser d’une telle poisse !
La chouette a la peau dure : dès lors qu’elle vit la nuit, elle a longtemps été la hantise de l’Homme. C’est la mort incarnée sous toutes ses formes : messagère du décès d’un proche ou d’un malade, incarnation de l’âme des morts, gardienne des cimetières. En France, pour conjurer le mauvais sort, la pauvre en fut quitte pour être clouée aux portes des granges.
Belle exception à la règle, la chouette est le symbole d’Athènes : avec son regard fixe et son immobilité silencieuse, l’oiseau nocturne de l’Acropole fut frappé sur toutes les de monnaie antérieures à l’euro. Athéna chez les Grecs, Minerve chez les romains, ce rapace symbolise le savoir. Eh oui, elle voit clair dans l’obscurité.
De là dire qu’elle transperce les ténèbres, la chouette a une connexion avec le divin : le soleil est une vision intuitive, tandis que la lune transperce l’au-delà. Et là, ce n’est pas forcément un mal.
L’expression « c’est chouette »
Rabelais fit déclarer à Panurge que Colombe, sa femme, était une belle petite chouette : un compliment ! En ancien français, « choeter » signifiait » faire le coquet « . L’esthétique a sauté le pas pour devenir une bonne nouvelle. Une expression très années 60, un peu passée de mode.
Au Jeu de Paume, « faire la chouette » signifiait jouer seul contre tous. Le tennis s’est un peu modernisé : on joue en simple ou en double, si bien que l’expression a depuis belle lurette disparu des cours.
Il n’en reste pas moins que quelque chose de chouette est une bonne nouvelle, plus rien à voir avec les mauvais présages.
Chouette ou hibou ?
La différence entre une chouette et un hibou tient à un cheveu ou presque : le hibou a deux aigrettes au-dessus de la tête, la chouette n’a pas d’aigrettes. Une absence qui n’a rien à voir avec l’excellente ouïe de la chouette.
D’ailleurs, ces deux touffes de plumes servent seulement au hibou à exprimer ses humeurs. En cas de stress, le hibou a les aigrettes qui se dressent.
Pas de tels indicateurs de son humeur chez la chouette. Mais cette unique différence entre ces deux rapaces est bien plus française que scientifique : les anglophones ne s’en embarrassent pas, qui appellent indistinctement « owl » les deux rapaces.
Point commun entre les deux oiseaux : tous deux sont une espèce protégée, gare à celui qui s’avise à les clouer aux portes d’une grange, l’amende est salée (environ 5 000 euros).
Le cri de la chouette : le ululement
Eh oui, le fameux « hoooouuu ! » de la chouette, un soir de pleine lune. Elle (h)ulule, du latin « ululare», hurler. Ce que signifie ce cri lugubre ? Tout simplement que, la nuit, il est important de se parler. Tous les oiseaux nocturnes le font : à la période des amours, le mâle transforme son « hou-hou » en un long « houououououou », le fameux hululement.
Pendant que les rapaces nocturnes devisent entre eux, ce ululement a eu le don de faire frissonner l’être humain : le ululement annoncerait la mort d’un malade, et même l’âme des morts voletant au-dessus des tombes pour se venger.
Un dessin de chouette
Les espèces représentatives
La chouette effraie, celle de nos clochers
On l’appelle aussi « dame blanche » ou « effraie des clochers ». Avec sa grosse tête et son corps élancé, elle a un vrai look de bande dessinée. En plus, son vol est silencieux, les deux pattes pendantes. L’effraie aime bien habiter chez nous : clochers, vieilles bâtisses, c’est son truc. Une cohabitation d’autant bienvenue, qu’elle se nourrit de tout ce qui ronge les vergers, campagnols et autres nuisibles.
La chouette hulotte, la plus répandue
La hulotte ou « chat-huant » est la plus répandue : nettement plus trapue, un plumage tacheté du gris au roux et deux yeux noirs perçants, c’est celle de nos contrées, forêts et habitations humaines qu’elle ne néglige pas.
Ce qui l’énerve ? Si on la dérange quand elle nidifie. Son point fort : chasser dans l’obscurité la plus complète. Mais comment la voir ? Elle aime se chauffer au soleil. Là, il y a peut-être une chance…
La chouette chevêche, celle d’Athènes
Voici le symbole de la sagesse et de la clairvoyance : contrairement aux autres espèces, sa tête n’est pas un énorme disque facial, elle est même plutôt plate bien qu’arrondie. Son plumage gris-brunes tacheté de blanc, et ses yeux sont jaunes, rehaussés de sourcils bien évidents.
Ce qui crée la différence avec les autres ? La chevêche est à la fois nocturne et diurne. Si elle a eu la chance de ne pas être clouée aux portes des granges, elle souffre aujourd’hui des pesticides, qui empoisonnent ses terrains de nourriture.
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